Il est amusant de constater qu’à l’heure où les profanateurs d’EXHORDER viennent enfin remettre leur couronne en jeu, à la satisfaction de tout le monde eu égard à la qualité (envisagée) de leur comeback, une petite troupe de huns canadiens s’est décidée juste avant à contester leur leadership sur la violence, sans que leur réussite n’éclabousse les colonnes des webzines trop occupés à caresser dans le sens du TOOL ou à éKORNer leurs pages virtuelles. Pourtant, ce petit groupe sorti de nulle part et à peine auteur d’une démo risque fort de s’imposer et de surfer sur la vague old-school actuelle, et ce, pour une raison fort simple. Ce sont les plus intenses de tous, mais aussi les plus rigoureux dans la folie. Vous savez votre serviteur grand défenseur de la cause vintage, et spécialiste historique de la tradition, et donc peu enclin à s’emballer au premier bourrin venu. C’est donc pour cette raison et bien d’autres que vous devriez tendre vos oreilles et affuter votre attention en lisant ces lignes, qui n’ont d’autre but que de vous convaincre du caractère hautement indispensable de cette première réalisation made in Calgary des escogriffes de DETHEROUS. Sur le papier, rien de remarquable, une démo en 2017, une espèce de machin live l’année suivante, mais une caution, celle de Redefining Darkness Records, petit label d’esthètes qui font attention à qui utilise leur paillasson (BLOODSTRIKE, ESCARNIUM, FUNERAL HEARSE, IMPERIAL TRIUMPHANT, IN SHADOWS AND DUST, SENTIENT HORROR, et ça devrait suffire), et une pochette qui fleure bon les sévices et autres exactions des nineties. De quoi voir anguille glissante sous roche violente, et se douter que cette petite anecdote risque fort de devenir un fait d’importance. Et après écoute de la grosse demi-heure dispensée de brutalité, le doute n‘est plus possible et l’ambiguïté levée. Hacked to Death risque fort de se voir intronisé boucherie nostalgique de l’année, pourtant déjà chargée en giclées de sang bien étalées sur une tronche hébétée.
L’autre truc qui prévient de la déflagration à suivre, c’est l’intro sans pitié de « Smouldering Ashes ». Avec des influences avouées allant de DEATH, ASPHYX, OBITUARY, DEMOLITION HAMMER, DESULTORY, SEPULTURA à MORGOTH et SKELETAL REMAINS, les quatre cousins (Damon MacDonald, Dylan Spicer
Dimitri La Rose et Mike Dale) balisent le terrain, et préviennent l’auditeur potentiel qu’ils ne sont pas là pour ramener le pain ou faire des câlins, mais bien pour tout dézinguer et viser dans les coins. Bien sûr certaines de ces références sont prépondérantes, et le spécialiste de vite reconnaître l’importance cruciale de DEATH, DEMOLITION HAMMER, PESTILENCE et surtout INCUBUS et EXHORDER, puisque le Death/Thrash des amis de Calgary est justement l’un des plus fameux en la matière. Dieu sait pourtant à quel point l’équilibre est difficile à trouver entre les deux, pour ne pas trop empester le liquide d’embaumement ou les vieilles baskets qu’aurait dû jeter maman. De fait, ce « Smouldering Ashes » est une sorte de petit bijou dans l’atelier d’orfèvres en bestialité, avec son riff qui virevolte dans la pièce, ses vocaux qui vous mettent en pièces, sa rythmique à l’abattage déraisonnable et ses soli pourtant précis. En quatre minutes, les musiciens assument leur statut de valeur montante, et nous résument quatre décennies de violence musicale avec une facilité qu’on n’avait pas constatée depuis longtemps. Loin de se satisfaire de figures old-school timidement remises au goût d’un jour rance, les DETHEROUS en utilisent les ficelles pour pendre la tendresse à leur manière, et combinent le sens de l’excès des DEMOLITION HAMMER avec la rigueur Gore de DEATH et PESTILENCE, pour nous enivrer de leur sadisme. New old-school ? Redondant, mais pourtant, terriblement factuel.
Mais combien d’entre vous se sont laissés abuser par une entame tonitruante précédant une suite en baisse de régime progressive ? Des centaines certainement, et la méfiance est donc de mise, la perfection dans la débauche n’étant pas l’apanage du premier quidam venu. Mais les DETHEROUS sont tout sauf des fumistes profitant d’un petit moment de faiblesse, et le solo diabolique du terriblement dense « Practitioners of Pain » nous confirme que la bonne impression initiale n’avait rien d’un heureux accident de la route. Les canadiens sont donc de véritables tarés qui assument totalement leurs déviances, profitant d’une cadence d’abattage au-delà de la normale pour imposer des riffs à la SLAYER, catapultés par un chant totalement Death et sournois dans la gravité. Malgré une ambiance globale de massacre sanglant, la précision est de mise, et les breaks millimétrés et peaufinés, ce qui a le don de conférer à l’ensemble une sensation de guerre éclair et totale ne pouvant découler que sur une mort globale et exhaustive. N’utilisant la mélodie qu’à des fins veules, Hacked to Death manie le hachoir avec la dextérité de l’INCUBUS de Beyond The Unknown ou du DEMOLITION HAMMER d’Epidemic of Violence, tout en faisant constamment référence à la manipulation du scalpel du DEATH des trois premiers albums. Aussi intense soit ce premier LP, il n’hésite pas à faire monter la pression en nous écrasant d’un « NIRC » parfaitement épiphanique, sorte de symphonie de cruauté à l’usage des maniaques du Death Thrash old-school le plus fameux. Et les minutes passent, dans la cacophonie la plus totale, laissant parfois un peu de place au Heavy le plus aplatissant (« Hacked to Death »), pour mieux nous charcler l’instant suivant d’une séance de gymkhana éprouvante, mais cathartique (« Monstrosity »).
Et plus l’album avance, plus on constate avec quelle maîtrise DETHEROUS cite les grands auteurs dans le texte, se rapprochant de SLAYER pour mieux convaincre les thrasheurs du bien-fondé de sa démarche (« From Hell They Rise »). Le tout se terminant sur un petit chef d’œuvre (« Brain Death », SLAYER encore, dont ils piquent les harmonies amères avec brio, mais ASPHYX aussi), nous évitant la moindre faute de goût et le moindre faux-pas, et achevant de transformer ce premier essai en réussite totale. D’ailleurs, pour être sûr de ne pas me laisser emporter par ma propre euphorie, j’ai questionné un amateur lambda de violence à la sortie d’un concert typique, sur la qualité intrinsèque de ce produit. Sa réponse ne se fit pas attendre.
« Putain, v’la comme c’est bourrin !!! Mais ça joue bien !!! »
Tu l’as dit bouffi.
Titres de l’album :
1. Smouldering Ashes
2. Practitioners of Pain
3. Ridden
4. NIRC
5. Hacked to Death
6. Monstrosity
7. From Hell They Rise
8. Brain Death
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