La question du renouveau Thrash/Death/Black et consorts se pose à peu près toutes les deux sorties depuis quelques années. Certains se réjouissent de cette tendance rétrograde, retrouvant des émotions ressenties par le passé, d’autres déplorent ce statisme, arguant de la facilité créative de l’astuce éculée : faire du neuf avec du vieux, recopier les manuscrits des anciens, et s’approprier l’héritage sans essayer de le faire fructifier et prospérer. On peut en effet regretter que la majorité des combos vintage se complaisent dans la copie pure et simple, et refourguent les riffs, les idées, les atmosphères, les textes et mélodies. Après tout, même à trente ans d’intervalle, nul n’a besoin d’un nouvel ASPHYX, d’un nouveau DISMEMBER ou d’un Néo-MORBID ANGEL. De fait, à chacun de se faire une opinion, et de traquer la nouveauté qui fera preuve d’un peu plus de culot que ses congénères, en traitant le passé avec le désir d’innovation du présent. Ou, au moins, de présenter une tambouille réchauffée avec suffisamment de flair pour rester appétissante.
Les allemands de TEMPLE OF DREAD ne se prennent pas pour des chefs nouvelle génération, mais leurs plats sont savoureux, et assemblés de plusieurs recettes différentes. Si le fond de sauce est évidemment constitué de Death épais et sans concessions, leurs épices Black et leur accompagnement Thrash permettent de digérer plus facilement des mets bien connus des sauvages de la scène, et leur troisième service est impeccable, rapide, concis, poli, et largement assez sauvage pour satisfaire le palais des plus exigeants.
Admettons que la musique des originaires de Spiekeroog est agréable en oreilles, et qu’elle bénéficie en 2021 d’une expérience acquise devant les fourneaux depuis 2017. Quatre années d’existence, et déjà une troisième étoile, ces trois-là ne traînent pas, et leur savoir-faire est bien connu de l’underground des gourmets. Deux ans après le hors d’œuvre Blood Craving Mantras, un an après le plat de poisson World Sacrifice, Hades Unleashed place la pièce de viande sur la table, dorée, croustillante, bien cuite, salée jusque ce qu’il faut, et saignante en cœur. Markus Bünnemeyer (guitare/basse), Jörg Uken (batterie), et Jens Finger (chant), ont donc attendu le bon moment de cuisson pour éteindre le four et nous exciter les papilles auditives de leur Death sombre, agressif et puissant, mais suffisamment ouvert pour exciter l’appétit des mordus de la pluralité extrême.
Superbement produit, ce nouvel album est non une surprise, mais une confirmation dans le cas des allemands, qui réussissent encore à trouver le juste équilibre entre tous les styles classiques pour affirmer leur identité. Il faut bien sûr avaler l’album en entier pour se rendre compte de cette diversité, puisque chaque titre pris indépendamment est un petit bijou de classicisme qui recycle ses influences avec brio. Et si « Aithon’s Hunger » bouscule de son fill d’intro, et de son riff traditionnel comme un cri de John Tardy, le reste du répertoire n’en est pas moins nuancé, et reposant sur plusieurs options mélangées dans la même marmite. Mais dès le départ, tout est parfaitement équilibré. Le chant rauque qui rappelle la fin de DEATH et les débuts d’OBITUARY, l’ambiance génériquement américaine, la thématique politique et historique européenne, et tous les plans s’enchaînent avec la fluidité d’une chantilly fraichement préparée.
Au premier coup de tympans, rien ne vient vraiment distinguer les TEMPLE OF DREAD de la masse grouillante de chefaillons vintage. Même goût pour les sonorités passéistes, même fascination pour les années 91/94, mais en prêtant attention aux intentions, on note une propension à aller plus loin que ses voisins, pour mixer, hacher, et restituer non une pâte informe, mais un brouet élaboré. « Necromanteion » cite MORGOTH, mais se montre Heavy en diable, tandis que « Wrath of the Gods (Furor Divinus) » affole les compteurs de sa vélocité et les plus sensibles de sa cruauté. Techniquement plus que capables, les trois musiciens affirment aussi un sens de la composition aigu, et un art du plan placé idéalement. Ainsi, l’écrasant « Threefold Agony » privilégie l’optique mid, animé d’un riff à l’âme sombre, en opposition avec le radicalisme de « Empyrean », aux blasts enflammés et à l’ambiance surchauffée.
Et l’intelligence des allemands est de ne pas avoir joué la montre pour laisser l’estomac embourbé. Avec moins de quarante minutes, le repas est raisonnable, et surtout, agencé avec beaucoup de pertinence. Entre le pimenté qui flingue le système digestif (« Crypts of the Gorgon », moitié PESTILENCE, moitié ENTOMBED), et le corsé Crust qui lamine le palais (« Nefarious, I »), tous les sens sont stimulés, et le client ressort satisfait de l’expérience. D’autant que le trio nous a réservé la surprise d’un dessert conséquent, l’épique et délicatement oriental « Procession to Tartarus » nous laissant sur une sensation de plénitude et de voyage exotique.
Tout en restant classique, TEMPLE OF DREAD affine d’année en année et d’album en album sa technique, et approche aujourd’hui d’une perfection que l’on jugera personnelle. Nostalgique oui, mais pas bêtement admirateur. Juste suffisamment intelligent pour comprendre que la nostalgie marche encore, à condition de ne pas être resservie telle quelle.
Titres de l’album:
01. Aithon’s Hunger
02. Necromanteion
03. Wrath of the Gods (Furor Divinus)
04. Threefold Agony
05. Empyrean
06. Crypts of the Gorgon
07. Nefarious, I
08. Whores of Pompeii
09. Procession to Tartarus
Perso, à part leurs deux premiers albums qui sont vraiment géniaux, le reste est quelconque et prétentieux.
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