Hardcore

Peropero

02/03/2023

Autoproduction

Celui-là, je peux vous dire que je l’attendais d’oreilles fermes. Depuis six ans exactement, ce qui fait que la notion de temps est vraiment relative, cette absence ayant dans mon cœur un écho d’une bonne décennie. Mais alors, pourquoi cet enthousiasme et cette joie qui me sont peu coutumières ? Tout simplement parce qu’un de mes groupes fétiches à enfin remis le couvert.

Les PEROPERO et leur nom improbable sont deux autrichiens délocalisés à Berlin en Allemagne, et leur musique est l’une des plus fertiles de ces dix dernières années. Je le reconnais et l’admets, Lizards sorti en 2017 a longtemps squatté ma playlist personnelle, et j’avais vu dans cet album le prolongement des travaux de NOMEANSNO, mais aussi de ZEUS et d’une certaine frange de l’écurie Ipecac. A base d’à-coups rythmiques et de riffs d’enfer, le tandem m’avait séduit de sa décomplexion totale et de son refus de s’enfermer dans une catégorie précise, portant la Fusion et le Crossover à ébullition pour nous faire tourner la tête en mode « mon manège à moi, c’est vous ».

Progressive Metal from outer space.

Entre Ed Wood, Zappa et IGORRR, PEROPERO prône le dadaïsme musical en peaufinage ultime, et bricole de petites chansons très bien troussées, sorte de mini-opéras italiens chantés d’une voix de stentor trafiquée. Massive Tales of Doom, malgré son nom n’a pas grand-chose à voir avec le Doom, mais garde pour maîtresse cet espèce de Mathcore Progressif qui les rend si différents et attachants. Mais cette fois-ci, et puisqu’il faut bien faire honneur au troisième album, les deux allemands d’adoption ont injecté pas mal de mélodie dans leur chaos organisé.

Erreur ? Non, au contraire. Alors que leurs deux premiers albums avaient de faux airs d’exercice rythmique élastique sur fond de lignes de chant scandées, Massive Tales of Doom ose un peu plus de classicisme sans que l’originalité de l’ensemble n’en pâtisse. Exemple frappant et probant, « Vermin », entame thrashy et franche, qui affranchit immédiatement l’esprit, et pas en lettre verte non prioritaire. Immédiatement, l’axe basse/batterie se veut alambiqué, de traviole, et les riffs en rajoutent une couche, pour que l’ensemble tangue et roule sur la houle laissée par le chalutier MR BUNGLE.

Mais au-delà des comparaisons - certes inévitables - PEROPERO met en avant sa propre identité, et nous sert encore chaudes des idées performantes et bluffantes. Massive Tales of Doom compte plus de déviations que le mois de septembre le plus chargé de la DDE, et s’embarque dans un voyage au long cours, un peu psychédélique, terriblement baroque, mais décidément très lucide au moment de faire les comptes. Entre faux Djent travesti en Hardcore souple et Progressif moderne qui refuse les figures de style trop évidentes, PEROPERO louvoie avec beaucoup de pertinence, et réussit le pari de faire aussi bien qu’il y a six ans, et même mieux : plus homogène.

On se délecte toujours autant de ces parties en solo qui semblent se faire l’écho de civilisations extraterrestres, de cette irrégularité rythmique qui nous oblige à faire glisser nos fesses sur les chaises non-musicales, et plus simplement, de cette liberté de ton qui ne doit rien à personne, et qui parvient à sonner aussi étrange qu’accrocheuse. Avec l’adjonction de synthés ludiques et frappés du sceau 80’s, le duo repousse ses propres limites, et ne joue pas la montre pour rien. Les morceaux les plus longs sont tous truffés de petites trouvailles malines, comme le démontre avec beaucoup de majesté « Luminosities », entre Heavy Metal vraiment lourd et NOLA déformée.

Les gus piochent donc dans toutes les décennies les ingrédients indispensables à leur soupe relevée, et nous somment d’oublier pour quelques dizaines de minutes notre monde bien balisé. Ce qui en soi n’est pas très difficile, puisque une piste comme « The Rig » fait la nique à tous les groupes de Mathcore Progressif de la création, entre un MESHUGGAH du dimanche et un Paul CHAIN de très bonne humeur.

Fascinant et hypnotisant de bout en bout, ce troisième tome est assurément l’un des meilleurs albums de ce premier trimestre 2023. La folie est toujours palpable, et « Moira » de combiner la force du Néo-Thrash et la précision du Mathcore traité Djent, sans que les orteils ne se laissent emporter par la marée.

Plus logique mais pas moins lubrique, PEROPERO progresse à son rythme en quantité, mais évolue très rapidement en qualité. En restant sur l’épilogue diabolique « Kensor », on pense même à un FAITH NO MORE de l’espace, perdu près de Vega, et devisant par télépathie avec les populations locales.

Cette rhétorique musicale est donc toujours aussi complexe et relevée, et pourtant, en écoutant ce disque, on a clairement l’impression de faire partie d’un club populaire pas si fermé qu’il n’en a l’air. 

Ouaf ?

                        

  

Titres de l’album:

01. Vermin

02. Luminosities

03. Event Horizon

04. The Rip

05. Moira Intro

06. Moira

07. Kensor



par mortne2001 le 08/03/2023 à 17:37
90 %    461

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Tourista

Quelqu'un sait s'ils sont confirmés au Anthems Of Steel ?

21/11/2024, 17:17

Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15