Harpokrates

Hess

31/10/2019

Sonic Age Records

Petite séance de rattrapage 2019 chers lecteurs, avec un groupe qui mérite largement quelques signes dans ces colonnes. Après tout, 2019 n’a certainement pas encore fini de nous dévoiler ses richesses et surprises, l’année écoulée ayant été l’une des plus denses de cette décade morte en paix. Découverte certes, mais pas pour tout le monde, puisque le groupe du jour existe depuis 2010 et semble très familier au public sud-américain qui le soutient depuis sa première démo publiée en 2012. Blood & Iron fut donc le premier témoignage musical des argentins de HESS, groupe qui porte la marque au fer rouge et le nom de sa vocaliste qui l’a assemblé il y a une bonne dizaine d’années. A ne pas confondre donc avec le HESS de Harry, ex-HAREM SCAREM, ce que la musique gravée sur les sillons de Harpokrates confirme dès ses premiers instants, évitant ainsi la méprise. Dans les faits, HESS est un projet conçu par la mezzo-soprano argentine Melani Hess (ex-ABRASANTIA), rejointe quelques années plus tard par Ariel Schefer (guitare). Après quelques années de mise en place et quelques ajustements de line-up, le groupe a enfin pu décoller et proposer son premier longue-durée, Hagalaz, lâché triomphalement en 2014. S’ensuivit une nouvelle période d’instabilité pour la formation, aujourd’hui consolidée par les arrivées successives d’Eric Knudsen (basse), Diego Schmidhalter (guitare) et Martin Blengino (batterie), pour enfin offrir un successeur à ce premier jet, sous la forme de neuf nouveaux morceaux ayant nécessité cinq années de peaufinage. Mais le résultat en valait largement la peine, et on sait Melani très à cheval sur les détails et la perfection, il n’est donc pas étonnant qu’elle ait attendu tant de temps pour ressortir de son bois.     

Double destin donc pour ce nouvel album, d’abord sorti en totale autoproduction en juillet de l’année dernière. Face au succès rencontré, le label grec Sonic Age Records décida de relayer l’information en version physique, et distribua l’album dès le mois d’octobre, permettant à Harpokrates de connaître une seconde naissance. Sans plus rentrer dans les détails pour le moment, avouons tout de même une chose. Aussi personnelle soit la musique de HESS elle paie son tribut à des influences plus qu’évidentes, ce que « King Aiwass » confirme en quelques secondes. Tierces symptomatiques, percussions définitives, ton lyrique, rythmique syncopée, tous les ingrédients sont en place pour qu’un seul nom émerge du chapeau : celui d’IRON MAIDEN. En effet, ce premier morceau semble sous perfusion, à tel point qu’on a le sentiment d’écouter un leftover de la période Piece of Mind chanté par la sœur de Geoff Tate, accessoirement aussi cousine de Bruce Dickinson. Le mimétisme est à ce point flagrant qu’on en vient à pouvoir anticiper les breaks et autres soli, ce qui est rarement bon signe, mais étrangement, la recette copiée fonctionne, et on se laisse prendre à ce Heavy fort en harmonies et puissant, qui nous évoque le meilleur des années 80 les plus combatives. Mais l’influence de MAIDEN n’est pas la seule, et il semblerait que les argentins n’aient cure d’une quelconque forme de modernisme, puisqu’on retrouve dans leurs morceaux des traces évidentes de DIO, de RAINBOW, de BLACK SABBATH, de MANILLA ROAD, mais aussi de QUEENSRYCHE, en version moins sophistiquée, soit l’avant-garde royale des années 70/80. Une nostalgie qui va donc chercher loin dans le temps son inspiration, mais qui a le mérite d’avoir une foi totale et indéniable. Et c’est justement cette implication - en sus d’un flair de composition certain - qui fait la force de ce second album.

Produit proprement, avec humilité mais bon sens, Harpokrates fait la part belle aux ambiances héroïques et au dramatisme Heavy le plus prononcé. La voix de Melani, toujours aussi belle et puissante domine les débats, mais heureusement pour elle, elle est aussi soutenue par une paire de guitaristes qui n’ont pas le médiator dans leur poche, et par une section rythmique sinon inventive, du moins efficace. C’est le constat qu’on tire rapidement de « God of Silence » qui accélère le tempo et allège l’atmosphère sans jouer le compromis, alors que « Thoth » convie aux agapes sombres les spectres du SAB et de DIO. Beaucoup d’envolées donc, une majesté vocale à l’empreinte forte, pour une musique traditionnelle, mais jouée avec goût et panache. On se prend à rêver à un retour du Heavy tel qu’on l’a connu dans nos jeunes années, impression accentuée par des chœurs désincarnés et spectraux du plus bel effet. Si musicalement, les argentins ne révolutionneront rien, ils pérennisent un héritage traditionnel avec une belle conviction. Evidemment, loin de moi l’idée de jouer le dithyrambe, puisque le travail de HESS n’est pas non plus irréprochable, plus dans la forme que dans le fond. Le quintet n’est pas toujours inspiré, et la voix de sa chanteuse ne parvient pas toujours à tirer l’instrumental vers le haut. Mais plus que des morceaux entiers, ce sont des passages précis qui sont à incriminer, comme ceux les plus formels et ACCEPTiens de « The Outsider », pas le plus convaincant du lot avec son riff saccadé bateau et pataud. D’autant plus que les argentins sont friands des morceaux longs aux développements multiples, ce qui a pour effet malheureux de laisser les titres dériver au long d’un cours pas vraiment vif. De plus, de temps à autres, la patte MAIDEN est vraiment trop présente, au point qu’on a le sentiment d’avoir affaire à un groupe de covers, comme le prouve « Heroes », qui sonne plus acier qu’un déroulé d’index de Steve Harris.

C’est donc vers les morceaux les plus nuancés que l’auditeur va se tourner pour avoir sa dose d’inédit, à l’image du très beau « Battle of Maldon », plus acoustique et aux harmonies plus prononcées. Ce qui permet à Melani de plus moduler sa voix et d’en montrer une autre facette, rapprochant son groupe d’un NIGHTWISH bucolique. Ajoutons à ce point positif une aisance à doper l’énergie par une rythmique plus véloce (« Chaos at Uruk », du très bon Power Metal, comme du RAINBOW repris par RIOT, « Hagalaz » plus ou moins bâti sur le même moule et conclusion parfaite), et le ressenti est finalement positif. Restera au groupe de vraiment se dégager de ses influences par trop marquantes pour proposer une musique moins connotée. Car même en 2020, nul n’a besoin d’une version féminisée d’IRON MAIDEN. Enfin pas tant qu’ils n’ont pas pris leur retraite en tout cas.     


Titres de l’album :

                          01. King Aiwass

                          02. God of Silence

                          03. Thoth

                          04. The Outsider

                          05. Heroes

                          06. Battle of Maldon

                          07. Chaos at Uruk

                          08. Atlantean Dreams

                          09. Hagalaz

Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 28/05/2022 à 15:24
75 %    432

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos

Corentin Charbonnier : l'anthropologue du Metal

mortne2001 09/12/2024

Interview

CARCARIASS + Guests

Simony 06/12/2024

Live Report

FALLING IN REVERSE + HOLLYWOOD UNDEAD

Chief Rebel Angel 06/12/2024

Live Report

Lezard'Os Metal Fest 2024

Simony 02/12/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : STILLE VOLK

Jus de cadavre 01/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Chazz

Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)

17/01/2025, 22:44

Bill BAroud

Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !

17/01/2025, 17:03

Humungus

Le coup de la goutte de résine, ça va me faire la soirée...

17/01/2025, 16:52

senior canardo

2 sisters 1 cup ! haha joli pochette

17/01/2025, 10:02

Seb

J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.

16/01/2025, 18:21

MorbidOM

Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène. 

16/01/2025, 12:15

Jus de cadavre

Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.

16/01/2025, 10:22

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Styx

Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)

15/01/2025, 12:58

Incroyable album

Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)

14/01/2025, 09:27

Humungus

Qui a dit que l'on n'était jamais content ?!

13/01/2025, 08:36

Humungus

Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.

13/01/2025, 08:36

Capsf1team

Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

13/01/2025, 07:59

Simony

Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)

12/01/2025, 17:38

Humungus

Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)

12/01/2025, 14:27

Benstard

Litany la claque a l'époque. Ce son de grosse caisse du futur.

11/01/2025, 13:35

Buck Dancer

Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.

11/01/2025, 12:16

Capsf1team

Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)

10/01/2025, 09:12

RBD

J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)

09/01/2025, 19:49