Hóstia

Filii Nigrantium Infernalium

25/05/2018

Osmose Productions

Les bourrins, je n’ai rien contre, mais j’avoue que j’aime particulièrement les bourrins qui de temps à autres oublient de l’être et savent faire preuve d’une certaine finesse. Et d’une certaine musicalité, osons-le terme, ce qui est exactement le cas des lusophones de FILII NIGRANTIUM INFERNALIUM, qui n’ont pas occulté (sic) le fait qu’une musique violente pouvait l’être encore plus lorsqu’elle s’accorde des pauses assez salvatrices. Combo culte ayant émergé des entrailles de Lisbonne un beau jour de 1992, après avoir sévi quelques années sous le patronyme de BACTHERION, les FILII NIGRANTIUM INFERNALIUM peuvent donc s’enorgueillir d’une belle carrière, qui aujourd’hui souffle donc sa vingt-sixième bougie. Un anniversaire un peu particulier qu’il convenait de fêter avec dignité, option que semble partager notre label national Osmose, qui coup sur coup commercialise les trois derniers LP du gang, dont les deux publiés en 2018. C’est donc à un retour en force que nous assistons en ce beau mois de mai, puisque les portugais nous offriront simultanément avec un coup de main de leur label français, Pornokrates: Deo Gratias, dernier en date de 2013, mais aussi leurs deux salves contemporaines, Fellatrix, au nom si subtilement évocateur, et ce Hóstia dont j’ai choisi de vous entretenir cet après-midi. Triple salve de Necro Rock N’Roll comme les auteurs se plaisent à définir leur musique, pour une jouissance triplée et un orgasme auditif pas vraiment simulé. Car autant le dire, les portugais sont passés maîtres dans l’art de nous chatouiller le clito des tympans avec dextérité, en osant des mouvements concentriques tournoyant autour d’un Black Thrash vraiment paillard, et un Heavy mélodique très gaillard.

Si leur nom, leurs titres, et leur dégaine pourraient laisser craindre d’avoir affaire une fois encore à des doublures porn cheap de musiciens débauchés, la musique présentée en ces sillons est d’une toute autre catégorie. Comme leur label se plaît à le rappeler, les lusophones n’ont pas oublié l’époque ou le Black était encore Metal, et où le Metal savait rester extrême, et se situent donc en convergence de la violence outrancière et de la brutalité harmonique, pour une double giclée in the face qui s’essuie d’un revers de manche. Des branleurs donc, mais surtout de très bons musiciens et compositeurs, qui savent doser leurs efforts et rendre le nôtre minime pour les apprécier. Véritable orgie musicale faisant la part belle à l’outrance en vogue dans les années 80 et celle plus modulée de la décennie suivante, Hóstia est une hostie en forme de chibre turgescent, érigé à la gloire d’un Metal franc, pas timoré pour deux sous, mais trépidant comme une conquête gironde avant le sport en chambre. Si le groupe ne s’embarrasse pas de références inutiles, il est toujours facile d’inclure le quintette (Helregni - basse, Mantus - guitare, Belathauzer - chant/guitare, les trois membres originaux, plus Arrno Maalm - batterie, depuis 2002, et Iron Fist - guitare depuis 2017) dans une liste de combos historiques, sur laquelle figurerait les noms d’ARCHGOAT, de ROTTING CHRIST, PANDEMONIUM, MYSTIFIER, MARTELO NEGRO et bien évidemment les IMPALED NAZARENE, auxquels les portugais empruntent pas mal de tics et d’overdose de plans s’entrechoquant comme des testicules pendant l’acte.

Mais ne vous leurrez pas, malgré ce vocabulaire choisi et fleuri, les FILII NIGRANTIUM INFERNALIUM sont bien plus qu’une simple assemblée de gorets au garde à vous dans leur soue les yeux rivés sur les fesses de la fermière. Preuve en est faite des nombreux intermèdes mélodiques de leurs morceaux, qui parfois s’aventurent en terrain subtilement progressif, lorsque l’implacable et malicieux « Autos de Fé » ose des guitares acoustiques, des contretemps, et des mélodies vocales discernables. Album hautement compétitif et séduisant, Hóstia ne se contente pas de choquer de d’entrechoquer les parties, mais séduit, louvoie, minaude parfois, pour mieux vous attirer dans ses filets, qui se refermeront irrémédiablement sur votre corps. Aussi empreint de bestialité en vogue en Amérique du Sud dans les années 80 que d’un certain respect de la NWOBHM, ce quatrième album est d’une valeur incontestable, et réconcilie le Heavy de papa avec le Thrash du fiston, épiçant le tout d’une pincée de Black du tonton, histoire de ne pas vexer la famille. Rythmique performante, vocaux emphatiques et maléfiques, guitares qui prônent le fist-fucking en douceur avec un peu de lubrifiant, pour une ode aux plaisirs collectif. L’ambiance et l’intensité de ce LP restituent parfaitement l’énergie du combo en live, qui jouit d’une réputation immaculée, malgré un bon paquet de draps souillés. Humour sardonique pour trépidation épileptique, Hóstia met en avant des principes de Crossover patents, et après un discours énoncé d’une voix de stentor, c’est la réalité des faits qui nous fouette jusqu’aux sangs, via « Pó » qui de son riff gras comme le rire d’un étalon après la chevauchée nous prend aux tripes et nous entraîne sur la piste joyeuse d’un Thrash N’Roll aux forts relents de Heavy chatoyant, comme si les DESTRUCTION et IMPALED NAZARENE partageait le même rencart en backstage. Pas vraiment le temps de s’appesantir sur la condition humaine puisque « Lactância Pentecostal », de son harangue linguistique portugaise nous fait encore plus sombrer dans les abysses de la cruauté, accélérant le tempo pour se répandre en arrangements bestiaux, avant que « Virtudes da Prostação » ne calme un peu les ardeurs de son mid débordant de bonheur.

Petites sifflantes, pour une ambiance sautillante, basse proéminente pour batterie impatiente, et toujours ce chant vicelard et roublard qui unit le tout d’une crise de priapisme blasphématoire mais néanmoins lyrique. Les morceaux de bravoure se succèdent, ne sombrant jamais dans la redite ou le radotage, et l’ensemble à des allures de célébration à la gloire d’un Metal torride. On se prend méchamment au jeu, en écoutant tout ça de la main gauche, headbanguant au doux son d’un hymne aussi puissant que « Hostia », catchy en diable, et révélateur d’une admiration pour les légendes JUDAS PRIEST et ACCEPT. Heavy, Thrash, Black, Black Thrash, Speed Heavy, ce troisième LP est tout à la fois, et surtout doté d’un son gigantesque, mettant admirablement bien les qualités des musiciens en avant. On se demande même où les lascars vont pécher autant d’idées, puisque « Cadela Cristã » ose le phrasé rap incantatoire, et « Raze The Dead Of Death » nique la maman de bien des groupes fondus de Old-School. Il faut dire que les FILII NIGRANTIUM INFERNALIUM étaient là bien avant eux, et qu’ils n’ont de leçon à recevoir de personne, puisqu’ils manient l’art du contrepied authentique depuis la fin des années 80…On ressort donc de l’écoute de ce LP exténué, mais grandi, de quelques centimètres évidemment. Une belle partouze des sens qui ne manque pas d’essence, et qui carbure aux liquides séminaux pour réunir les vecteurs Metal les plus chauds. Bravo, et merci à Osmose pour cette triple livraison qui arrive en colissimo.


Titres de l'album:

  1. Prece
  2. Lactância Pentecostal
  3. Virtudes da Prostação
  4. Santa Misericórdia
  5. Smrt
  6. Autos de Fé
  7. A Morte é Real para Já
  8. Hóstia
  9. Cadela Cristã
  10. Raze the Dead of Death

Facebook officiel


par mortne2001 le 25/05/2018 à 17:53
85 %    1444

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos

Corentin Charbonnier : l'anthropologue du Metal

mortne2001 09/12/2024

Interview

CARCARIASS + Guests

Simony 06/12/2024

Live Report

FALLING IN REVERSE + HOLLYWOOD UNDEAD

Chief Rebel Angel 06/12/2024

Live Report

Lezard'Os Metal Fest 2024

Simony 02/12/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : STILLE VOLK

Jus de cadavre 01/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Chazz

Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)

17/01/2025, 22:44

Bill BAroud

Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !

17/01/2025, 17:03

Humungus

Le coup de la goutte de résine, ça va me faire la soirée...

17/01/2025, 16:52

senior canardo

2 sisters 1 cup ! haha joli pochette

17/01/2025, 10:02

Seb

J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.

16/01/2025, 18:21

MorbidOM

Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène. 

16/01/2025, 12:15

Jus de cadavre

Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.

16/01/2025, 10:22

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Simony

Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

15/01/2025, 15:53

Styx

Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)

15/01/2025, 12:58

Incroyable album

Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)

14/01/2025, 09:27

Humungus

Qui a dit que l'on n'était jamais content ?!

13/01/2025, 08:36

Humungus

Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.

13/01/2025, 08:36

Capsf1team

Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

13/01/2025, 07:59

Simony

Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)

12/01/2025, 17:38

Humungus

Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)

12/01/2025, 14:27

Benstard

Litany la claque a l'époque. Ce son de grosse caisse du futur.

11/01/2025, 13:35

Buck Dancer

Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.

11/01/2025, 12:16

Capsf1team

Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)

10/01/2025, 09:12

RBD

J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)

09/01/2025, 19:49