Dystopian Death Metal.
C’est ainsi que ces américains définissent leur art, sans autre explication. Et sans avoir écouté une seule note de leur musique, il est difficile de savoir à quoi ils font référence. En même temps, les univers dystopiens sont devenus une obsession quasi obligatoire pour les groupes concernés par leur avenir, et la thématique n’a rien d’étrange dans l’extrême. Mais dans les faits, comment cela se traduit-il ? Dns ce cas précis, par une approche très sourde et diffuse du Death Metal, qui propose une combinaison habile et oppressante de Death anglais des origines (BENEDICTION et BOLT THROWER), et de Death américain moderne, lourd, glauque, concentré, légèrement déprimant sur les bords, mais artistiquement enthousiasmant en termes de gravité. Fondé en 2014, ce collectif plus ou moins nihiliste regroupe quelques figures connues de l’underground le plus underground, et compte dans ses rangs trois musiciens habitués à la violence, sous des formes diverses. On retrouve donc au poste clé de leader James Pligge, des HARM’S WAY, à la guitare et au chant, accompagné de Drew Brown (WEEKEND NACHOS, LIKE RATS) à la batterie/guitare et basse, et Todd Nief (LIKE RATS) à la guitare et basse, soit une belle brochette de musiciens rodés à l’exercice de la brutalité et de la vélocité, qui ont donc uni leurs forces pour donner corps à une version putride d’un Metal sans concessions, basé sur la pesanteur, la répétitivité, et le melting-pot de brutalité. Il n’est en effet pas rare de constater que certains morceaux proposent un survol de l’histoire extrême mondiale de ces trente dernières années, sans pour autant que le groupe ne surfe sur la vague de la nostalgie. Trois membres actifs de la scène Hardcore ricaine donc, se retrouvant autour d’un concept un peu plus épais et sombre, pour une visite des bas-fonds de l’humanité, sans espoir, sans lumière, mais qui parvient quand même à échapper à la négation absolue par sa capacité à changer de cap quand il le faut et à oser des inserts un peu plus mélodiques que la moyenne. Raisonnablement s’entend.
Neuf titres, trente-sept minutes d’agression sonore, HATE FORCE ne fait ni dans la dentelle ni dans la logorrhée verbale, mais prend quand même le temps de vomir sa bile en abordant des thèmes de circonstance. Et dès « Death Sentence », on sent que le trio n’est pas là pour faire de la figuration, mais bien pour occuper les premiers plans avec ses convictions, toutes aussi noires les unes que les autres. Pour schématiser un peu l’opération, imaginez le BENEDICTION de Subconscious Terror et le BOLT THROWER de The IVth Crusade, le tout chapeauté derrière la console par le GRAVE d’Into The Grave, et vous aurez un aperçu plus ou moins exhaustif des philosophies musicales de ces trois originaires de Chicago, qui ont visiblement bien retenu les leçons des grands maîtres de la froideur. Mais le mimétisme en est à ce point troublant qu’il est difficile de croire que les trois instrumentistes viennent du milieu Hardcore, leur attitude semblant naturellement Death, au moins autant que celle des pionniers du genre. Certes, rien ne viendra bousculer l’ordre établi, certes, les fondations du mausolée ne trembleront pas sur leurs bases, mais le tout est d’une telle rigidité et aussi implacable que le destin d’une société globale condamné à l’extinction qu’on se prend au jeu, terrassé par tant de gravité et de puissance. Et en termes de puissance, les HATE FORCE n’ont de leçon à recevoir de personne, puisque chacun de leurs titres semble repousser les limites de la lourdeur, l’utilisant comme une arme d’aplatissement massive, mais avec suffisamment d’intelligence pour ne pas tomber dans le piège d’un Doom/Death prévisible et rebutant. En multipliant les cassures, et en acceptant la vitesse d’un style qui a souvent frisé le chaos, Hate Force, l’album, est une mine de plans se télescopant, de riffs en pleine transcendance post-mortem, et de vocaux dégueulés comme autant de psaumes désabusés, le tout prenant parfois des allures de cérémonie funèbre et d’enterrement de dernière clase d’une humanité n’ayant pas eu la force d’échapper à son avenir en forme d’impasse.
Plus concrètement, les structures se basent sur une mouvance de ton, hésitant entre le plombé made in UK de l’orée des années 90, et le gros grain américain du nouveau siècle, celui-là même qui acceptait de remettre en cause son leadership pour accepter d’avoir cofondé un genre et non pas inventé à lui seul. Et si évidemment, le tout est parfois un peu redondant dans l’agression, certaines inclinaisons Blackened Core, D-Beat et Crust permettent d’aérer la moisissure ambiante, comme le démontre avec méchanceté le morceau d’ouverture « Death Sentence ». Mais ne vous y trompez pas, ce désir d’insérer des éléments extérieurs ne doit pas souiller la caution purement Death de l’entreprise, aussi vintage qu’elle n’est contemporaine. Le souci, en dehors de quelques précisions concernant cette production aussi énorme qu’elle ne laisse respirer tous les instruments, est qu’il n’y a pas grand-chose à raconter à propos d’un album qui se contente d’alterner les figures imposées pour imposer son point de vue. Sans me montrer condescendant ou méprisant, je dois avouer que Hate Force est le genre de LP qui s’écoute et se ressent, mais qui reste terriblement difficile à décrire, autrement qu’en s’attachant à de petits détails. Ainsi, les accélérations fumeuses de « Stolen Valor » permettent de s’isoler dans un exutoire de véhémence, tout comme les blasts introduisant le morceau suivant, « Bleeding Tears ». Notons aussi une efficacité prouvée dans les saccades de guitares qui soudain se prennent de passion pour les riffs poisseux et plombés, et soulignons aussi la pertinence de ce chant qui ne dévie jamais de sa ligne de conduite grognée, se calant parfaitement au creux des thèmes musicaux proposés. Mais en dehors de ces quelques annotations de bas de page, pas grand-chose à souligner, cette mise en jambes faisant suite à deux démos se montrant très formelle, efficace dans le fond, et convaincante dans la forme. Une récréation en aparté de carrières bien remplies, et un bel hommage au Death des années 90.
Titres de l'album :
1.Intro
2.Death Sentence
3.Stolen Valor
4.Bleeding Tears
5.Coward
6.War Machine
7.Traitors
8.Into the Sea
9.Moab
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20