D’ordinaire, lorsque je reçois un CD directement de Russie, je sais dans quoi je m’embarque. Revival Thrash, Hardcore, Powerviolence, Grind, Black, voire Fastcore ou musique expérimentale, les options sont multiples, mais presque toujours agressives et brutales.
Presque.
En ouvrant mon courrier ce matin, et en y découvrant le premier longue durée des TORNADO KID, un simple coup d’œil à la superbe pochette m’a immédiatement et faussement aiguillé vers la cinquantième sortie Thrash de l’année, avant que je ne colle le CD dans le lecteur. Quelle ne fut pas ma surprise de ne pas tomber sur une batterie de cuisine de riffs saccadés et de vocaux vociférés. Car les TORNADO KID sont à peu près aussi éloignés du Thrash que Vladimir de la gaudriole de fin de banquet, et pratiquent plutôt un genre de Crossover assez ludique et euphorique entre un Hard-Rock burné, un Southern Rock dessaoulé, et un Alternatif moderne un brin décomplexé.
Inutile donc d’espérer admirer les rue de Saint-Pétersbourg du gras et gros plein les oreilles, puisqu’aussi bruyants soient ces cinq-là, ils gardent une prise concrète avec la mélodie et l’énergie, sans viser les sommets d’ultraviolence usuellement gravis.
Et l’un dans l’autre, ça n’est pas plus mal.
Formé en 2013 par cinq vieux amis (Dima the Dog – chant, Nicky Kash et Ivan Magadan – guitares, Euegene – basse et Ross Pazhar – batterie), TORNADO KID se veut image sonore de son nom de baptême, et se décrit volontiers comme une tempête venue de Saint-Pétersbourg, ce que Hateful 10 confirme avec une belle assurance. Si la courte bio du groupe les conseille aux fans avisés des WILSON, MAYLENE AND THE SONS OF DISASTER ou MONSTER TRUCK, la réalité des faits est un peu plus complexe que ça, et surtout, le rendu beaucoup plus diversifié, puisque ces truands des décibels vont parfois très loin dans le mélange des genres.
Inutile donc d’attendre une énième resucée MOTORHEADienne peu ou tout à fait assumée, ou à un délire bourbonné qui rabâche le même riff jusqu’à la nuit tombée. Ces mecs-là sont de sales gosses qui n’ont de respect pour rien et pour personne, et qu’on imagine fort bien déambuler dans la rue le soir en alpaguant les passants pour leur taxer une clope ou un peu de grisant.
Mais l’image est séduisante, et la musique captivante. Haute en énergie, elle ne s’embarrasse pas de principes de finesse, mais sait en faire preuve à l’occasion, et surtout, privilégie le métissage à l’obstination embuée. Certes, l’emphase est mise sur le tonitruant, le bruyant et l’exubérant, mais l’énergie dont font preuve ces pistoleros Rock’n’Core est salement impressionnante, et aussi rauque que Rock. Un trip ultime qui mise sur la sueur qui dégouline et pas forcément les nuances techniques, quoique l’instrument à la main, ces russes ne sont pas forcément gauches.
Tout à tour Stoner, Punk, Hardcore, Blues ou Grungy, Hateful 10 se veut condensé de gentille vilénie, pour peu que cette antinomie ait un sens aujourd’hui. D’ailleurs, les bougres ne traînent pas en route et nous assomment d’entrée d’un « Whiskey Beer Anthem » qui en effet, sent bon le malt et le houblon. Riff énorme et gluant qui colle aux dents, chant enflammé qui va chercher au fond de la salle les apeurés, et rythmique pilonnée, le cocktail est relevé, et la fête commencée sans entrée.
Mais dès « Silver Or Lead » et son folklore east meets west, on pige très vite que la party va être intelligemment animée et placée sous le signe de la diversité. Tempo qui cavale sur un riff piqué à une balalaïka perdue dans le midwest, et farandole à lacets et veste en daim frangée, pour une jolie explosion Pop/Punk/Countrycore, c’est une énorme surprise et un gigantesque défouloir qui nous fait valdinguer la perruque de gauche à droite sans compter les pellicules tombées.
A-t-on le temps de reprendre un peu notre souffle ?
Que nenni, et surtout pas avec un truc du calibre punky de « Killer Song » qui affiche ses intentions comme un blason. De la colère bien sûr, pour un trip dans les alentours, à la recherche du Glam Rock perdu, qui suinte encore de son lipstick une fois l’aube venue. On pense à une version des BACKYARD BABIES à la nitroglycérine, avec ce surplus de hargne de l’est, qui marque le Punk Sleaze de son fer rouge.
Epatant, enivrant, mais surtout, entraînant. Une recette fatale pour une défonce maximale, qui en plus ne colle pas la migraine.
Dis-moi chérie, on baise ce soir ?
Oui, mais vite fait, durement fait. On fricote et tricote nos corps façon « Rough and Tumble », en thrashant les draps pour les froisser à plat, d’un riff gigantesque qui nous mène à l’orgasme collégial de chœurs qui encouragent le va-et-vient.
On commence à avoir le frein qui démange, mais tout ça nous arrange, le temps de calmer le jeu avant d’aller secouer son pneu à la « Whorehouse », histoire de voir si la belle Olga est toujours aussi agile de ses doigts. La belle nous astique d’une basse qui glisse, avant d’accélérer le mouvement par manque de temps. Ses collègues nous encouragent, et hurlent Rock dru pour accouplement impromptu.
Mais tout ça donne faim, faim de Blues malmené, et on se repaît alors de groove burné, pour un « Hungry » qui tire sur la corde de mi pas encore épuisée.
Et soudain, sans prévenir, le gang pointe le bout de ses guns pour avouer une psychopathie un peu effrayante, via un « The Many Faces Of Psychopath » qui une fois encore mutile le Rock d’un Thrash féroce, sans oublier de mélodiser ses refrains pour séduire une victime sur le chemin.
Une fois la pauvre demoiselle capturée, on lui compte fleurette avant de la déflorer, d’un vieux « Old World Blues », lorsqu’on pendait haut et court les traîtres qui avaient le malheur de se faire choper.
Et ce sont justement les loups de la meute « The Wolves » qui viennent la sauver de son destin funeste, d’un pas preste, et d’un Hard Rock punky. Ne reste plus au cow-boy solitaire qu’à prendre sa retraite, avec le sentiment du devoir accompli, en entonnant un « Retired Cowboy » au mid tempo costaud, et au Rock surgonflé que nos BLACKRAIN pourraient envier.
Sous son artwork signé Max Kobzev et sa production briquée par Konstantin Zaslonov, Hateful 10 est un western de l’est incarné gun au poing par des magnificent five, qui sans louer leurs services aux plus offrant, ne sont pas très regardants sur la probité du contrat qu’on leur fait signer.
Un western qui dégaine son Hard-Rock à la face d’un Punk qui tape le duel, et dont l’échange de balles est mélodique, mais cruel. Une façon torride de délocaliser Saint-Pétersbourg du côté du Texas, en laissant les chevaux près de Los Angeles.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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