A force de parler de groupes évoluant dans la même sphère d’influences, les métaphores commencent à manquer. La prose est comme une fontaine, à force d’y puiser, d’y boire, elle finit par avoir un débit bien plus faible qu’à l’origine, voire se tarir un beau jour. Et Dieu sait si j’ai de nombreuses fois abordé le cas évident du Death old-school, tout comme celui du Thrash old-school puisque visiblement de nos jours, c’est cool d’être old-school. Entre les groupes pompant sans vergogne les grandes références, ceux piquant à droite à gauche de quoi alimenter leur bestiaire, ceux décalquant complètement une œuvre sans honte, et les rares tentant d’échapper à d’évidentes filiations, les mots finissent par manquer, et la motivation aussi. Ce qui ne veut pas dire que les albums que j’accepte de chroniquer sont dénués de qualités, loin de là, mais parfois, ils me font penser à un énième film policier avec flic ripou et mafiosi tatoués. Agréables, laissant un bon mais bref souvenir, mais difficile à décrire sans verser dans la redondance ou la retape. C’est un peu ce que j’ai ressenti ce matin en écoutant le second album de WAYWARD DAWN, Haven of Lies. Un excellent album au demeurant, solide, joué avec les tripes, nostalgique mais enrobé dans une production contemporaine, sauf qu’au moment de coucher mes impressions sur clavier, le vide…Alors, jouons-la scolaire, et contentons-nous de décrire des faits. Haven of Lies est donc le second LP de ce quatuor de Skanderborg (Rasmus Johansen - guitare/chant, Kasper Szupienko Petersen - basse/chant, Jakob Kristensen - guitare et Lukas Nysted - batterie), après Soil Organic Matter paru il y a deux ans, alors que le groupe était encore un quintet. Depuis, leur ancien chanteur solo Niklas Lykke a quitté le navire, remplacé non par un nouveau vocaliste de l’extérieur, mais deux de l’intérieur, le guitariste Rasmus Johansen et le bassiste Szupienko Petersen se chargeant de concert des grognements sourds.
Archétype du solide combo Death versé dans la nostalgie, WAYWARD DAWN est irréprochable dans la forme, et terriblement pro dans le fond. S’il est plus ou moins étonnant de le retrouver au catalogue d’un label comme Mighty Music, plus nuancé d’ordinaire, il n’est guère surprenant de le voir soutenu par une grosse structure. En effet, sa musique, très carrée et efficace rappelle méchamment les premières années de professionnalisation du Death Metal, alors que DEATH, MORBID ANGEL, OBITUARY commençaient à acquérir un statut respectable. On pense aussi aux débuts de la vague de froid suédoise, avec GRAVE, ENTOMBED, mais aussi aux exactions plus morbides d’AUTOPSY, aux accélérations brutales de SUFFOCATION, en gros, à la quintessence des divas de la mort. L’approche est donc plus que classique, ce qui l’est beaucoup moins, c’est le traitement. Car sous l’épaisse couche de puissance se cache une fine épaisseur de nuance, que l’on remarque assez vite. Premier symptôme de cette optique, cette énorme basse qui claque aux avant-postes et qui surprend de son efficience. Le second, plus discret se cache dans la dualité de chant, qui loin d’un gimmick, renforce de sa variété l’éventail de riffs putrides qui impressionne aussi. Ensuite, ces petites trouvailles techniques et d’arrangements qui font respirer des morceaux sombres, brutaux et sans concessions. L’un dans l’autre, WAYWARD DAWN prône donc le formalisme tout en essayant de s’en extirper avec beaucoup d’intelligence et de flair. Et pour cause, puisque les instrumentistes danois sont bons, et pas dupes pour autant. Ils savent que leurs compositions ne révolutionneront pas le petit monde de la passion old-school, et préfèrent se démarquer par des morceaux profonds et futés, plutôt que par de grossières méthodes qui tiennent plus de l’enrobage la plupart du temps. De fait, l’écoute de Haven of Lies est très agréable, et révèle un potentiel certain.
Enregistré et produit par Jacob Bredahl au Dead Rat Studio, masterisé par le marathonien Brad Boatright à l’Audiosiege (OBITUARY, NAILS, FULL OF HELL, pour n’en citer qu’une poignée), Haven of Lies a aussi laissé un très bon souvenir à Jacob Bredahl qui a salué l’application et l’implication de ces jeunes musiciens, qui ont couché sur bande leur album en seulement trois jours et demi. Le répertoire devait donc être méchamment rodé, et le producteur a su le mettre en valeur par un son énorme, faisant ressortir la guitare pour mieux enterrer le chant légèrement dans le mix, sans rompre l’équilibre. Avec une rythmique inventive, des idées de licks diaboliques, les danois ont donc revisité le répertoire US/Européen avec beaucoup de bonheur, et certains morceaux risquent même de devenir des classiques de la vague Néo-old-School Death de notre siècle. Et c’est après une courte intro que le terrifiant « Upheaval of Earth » déverse sa bile sur nos tympans avec ses blasts impitoyables, avant de se caler sur la ligne la plus classique du parti Classic Death. Alternant les séquences d’ultra-brutalité et les passages lourds comme une enclume du destin, les WAYWARD DAWN démontrent leur connaissance du sujet et se montrent à l’aise, mais c’est en laissant l’album s’écouler que l’on prend mesure de leur vrai talent, avec de grosses pépites dissimulées à mi-parcours. J’ai ainsi été durablement marqué par le malicieux et accrocheur « Rotten Sphere », qui avec sa basse roulante et ses sifflantes à la MORBID ANGEL s’avère l’un des tubes de ce LP, ainsi que par « Abhorrent Ignorance », efficace comme une mort violente laissant quelques traces sanglantes au sol. En réfléchissant pour offrir à leur public des riffs plus catchy que la moyenne, les danois marquent des points, mettant en exergue ce talent inné par des constructions à tiroirs, pas forcément ambitieuses, mais montrant un panache dans l’admiration vouée aux GORGUTS et autres chantres de la complexité décomplexée.
En trente-cinq minutes, le groupe ne se permet pas l’itération marquée ni la répétition forcée. Bien sûr, quelques segments se ressemblent encore, notamment lorsque la mélodie s’incruste, mais la force de persuasion dont fait preuve le quatuor laisse admiratif, en version longue (l’alambiqué mais sévère « Ridicule », sorte de concession Thrash dans un univers purement Death), tout comme en version courte (« Apathy », brutal, mais cathartique dans sa simplicité). Le tout s’achevant sur la plus longue intervention, « Slaves of the Self » et ses ambiances prenantes le résultat est en tout point remarquable. En se laissant guider par la musique, on finit par trouver les bons mots, même si peu de choses permettent de distinguer les WAYWARD DAWN du reste des adorateurs du culte nostalgique. Un album solide, inventif juste ce qu’il faut, efficace, mais finaud. Je resterai donc sur cette formule idoine au moment de juger Haven of Lies, qui ne vend aucun mensonge.
Titres de l’album :
01. Misery
02. Upheaval of Earth
03. Sophomania
04. Rotten Sphere
05. Bliss
06. Abhorrent Ignorance
07. Ridicule
08. Apathy
09. Slaves of the Self
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