Vous mettant les éléments en main, je n’ai presque plus rien à faire ni rien à dire. Entre la caution immédiate et tacite du label AOR Heaven, et l’origine finlandaise du groupe, ma tâche est mâchée d’avance, et la plupart d’entre vous sauront immédiatement à quoi ils ont affaire. Mais je peux ajouter aussi quelques autres informations, histoire d’enfoncer encore plus le clou des certitudes dans le cercueil des doutes. Renfort de pointures, dont Sören Kronqvist (Joe Lynn TURNER, ONE DESIRE) et Thomas Wikström (THERION) pour les compositions, coup de pouce d’Erik Martensson (ECLIPSE et W.E.T.) pour le mix, et mastering confié à Ilkka Wirtanen (RECKLESS LOVE), voilà qui complètera certainement un tableau prévisible à l’avance, et aucune mauvaise surprise à l’horizon, puisque ce second LP des finlandais de WAKE THE NATIONS est une réussite totale, dans un style pourtant surchargé en sorties essentielles depuis quelques années. Fondé au départ comme un projet studio, avec une seule performance dans le cadre d’une release party il y a quelques années, WAKE THE NATIONS est devenu une entité à part entière, qui se produit live, avec un line-up solide, et une place de frontman confortée. C’est donc à un quintet que nous avons affaire sur cette suite, avec Krister Stenbom (chant), Risto Tuominen (guitare/choeurs), Jori Tojander (claviers), Janne Grenfors (basse) et Tuomas Pelli (batterie) qui s’en reviennent nous conter des histoires de romantisme, de délicatesse, de puissance et de tendresse, avouant au passage une fascination ouverte pour les années 80, ce qui leur fait un point commun avec une bonne centaine de groupes existant dans leur pays. Oui, c’est un fait, et après avoir traité du cas plus exposé des BEAST IN BLACK, je me retrouve encore aujourd’hui face à un groupe de fins qui mixe les claviers à hauteur des guitares, retrouvant l’impulsion AOR d’il y a trente ans.
Et même si l’approche est aussi connue qu’un gag de tarte à la crème dans un slapstick, elle fonctionne toujours à plein régime, pour peu que les musiciens l’appliquant soient de véritables passionnés. Ce qui est le cas ici, et après nous avoir laissé dans le flou total au début de leur carrière (rupture de ban et formation de HUMAN TEMPLE, changement de nom, problèmes de line-up…), les WAKE THE NATIONS confirment les grands espoirs placés en eux, se la jouant un peu KISS en faisant appel à des compositeurs extérieurs pour décrocher des hits singles et rester dans l’air du temps. Et ce dernier est plutôt ensoleillé, avec quelques pics de température mais aussi quelques zones d’ombre pour se rafraîchir, dans la plus pure tradition d’un Rock radiophonique à tendance Metal, toujours soft, mais jamais niaiseux. Rappelant clairement une bonne dizaine de références du genre, et se situant en convergence d’une démarche conjointe des JOURNEY et d’ECLIPSE, les cinq finlandais jouent sur du velours et nous déroulent le tapis rouge, profitant d’une production impeccable et pas fatalement aseptisée, comme c’est souvent le travers de ce genre de réalisations. Evidemment, les fans de Hard saignant passeront leur chemin, tout comme ceux qu’hier intéresse moins que demain, mais l’un dans l’autre, et après de multiples écoutes, les accros à la subtilité harmonique des eighties se trouveront comblés par cette bordée de chansons qu’on sent plus que peaufinées, mais qui ont su garder la crudité nécessaire pour ne pas fondre en boule de guimauve.
Très à leur place au sein de l’écurie AOR HEAVEN, le quintet évoque parfois une version nostalgique des HAREM SCAREM, lorsque l’intensité augmente et que le tempo trépide, à l’image de cet endiablé « Higher », qui incarne à n’en point douter le sommet de puissance de Heartrock. Cœur de rockeur ou rockeur au grand cœur ? Cet album peut parfaitement incarner les deux concepts, et se délecte d’un clavier omniprésent qui souligne de son synthétisme une poignée de riffs moins timides que la moyenne, trouvant le parfait équilibre entre la radiophonie du Billboard et la hargne du Hard Rock nordique, ce qui est plus que frappant dès l’entame de « No Mercy ». Intro en volutes de synthé, voix pures qui s’envolent vers le ciel, arrangements léchés, tout y est, et on s’y croirait, revenu aux alentours de 85/86, roulant à vive allure sur une highway. Et si l’action se déroule en Finlande, il n’est pas difficile de s’imaginer en Amérique, tant ce second chapitre reprend tous les codes de l’AOR d’outre-Atlantique. Sauf qu’il y ajoute quelques gimmicks plus contemporains, comme ces samples sexy sur « Tattoed Girl », illustré d’un clip, et qui dénote dans le rendu global. Up tempo martelé, chant aiguisé, basse qui ne s’en laisse pas compter pour s’imposer, couplets smooth pour refrain qui étouffe, et on se laisse avoir une fois encore tant le travail est bien fait. On se dit que le mélange entre ONE DESIRE et BALANCE est décidément très pertinent, et les mélodies nous tournent autour de la tête pour mieux s’immiscer dans notre cœur, finalement assez sensible à ce genre d’opération séduction. Et si les ballades sont bien sûr cajolées, les intermèdes plus tendres ne s’avèrent pas lénifiants de niaiserie pour autant, puisqu’ils s’arrangent toujours pour garder un côté plus viril (« Fallen Angel »).
Ça défile, sans temps mort, et inutile d’attendre le moindre faux pas, puisque les artistes sont doués, et bien épaulés. Et les chart toppers s’accumulent avec frénésie, du bondissant « Midnight Lovers » au syncopé « New Day » et sa basse slappée qui donne clairement envie de bondir et danser. On pense à une version dynamitée et rajeunie des HAYWIRE, les premiers à avoir osé poppiser leur son distordu, mais à vrai dire, on pense très vite à WAKE THE NATIONS tant l’identité du groupe s’affirme sur ce Heartwork, un peu comme si le BAD ENGLISH de Backlash n’avait pas dû bâcler sa copie pour séduire sa maison de disques. La voix de Krister Stenbom, toujours aussi pertinente possède le ton juste des chanteurs qui n’en font pas trop et servent les mélodies, la guitare de Risto Tuominen, souvent discrète dans les riffs se rattrape sur les soli, tandis que les claviers ludiques et joyeux de Jori Tojander nous évitent les poncifs pénibles et pompiers de leur équivalent 80’s. Ici, malgré l’hédonisme affiché, c’est la modération qui frappe, car le groupe n’en fait jamais trop pour se faire remarquer, préférant travailler des motifs mémorisables pour mieux nous persuader. Et c’est ainsi que « Flames » se pose en tube fatal, et que le magique « Something in Your Eyes » semble parvenir à résumer toute une décennie en un peu plus de quatre minutes. Les finlandais ne se sont donc pas trompés au moment de choisir leurs partenaires, et pendant quarante-trois minutes, les harmonies subtiles se succèdent, dans un esprit collectif qui ne sacrifie jamais les individualités. Et le travail admirable accompli par Janne Grenfors à la basse n’en est que plus louable, lui qui tente toujours d’imposer une ligne serpentine au déroulé animal (« This Is Over », c’est clairement lui qui donne l’impulsion…), tandis que son compère Tuomas Pelli cadre quelques percussions dynamiques que les chœurs angéliques transcendent de leur légèreté.
Heartrock pourrait donc être l’album qui propulsera les WAKE THE NATIONS dans la stratosphère des groupes d’AOR, ce qui ne serait que mérité au vu de sa qualité. Un disque enregistré avec le cœur, qui fera vibrer le vôtre, à une cadence soutenue mais sans provoquer d’effort superflu.
Titres de l'album :
1. No Mercy
2. Tattooed Girl
3. Midnight Lovers
4. All my Life
5. Fallen Angel
6. Now You’re Gone
7. New Day
8. Flames
9. Something in Your Eyes
10. Higher
11. This is Over
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30