H.E.A.T II

H.e.a.t.

21/02/2020

Ear Music

Tant pis si je passe encore pour un radoteur de clavier, mais oui, j’en ai marre des suédois. Sérieusement, dans les années 80, tomber sur un groupe scandinave tenait déjà du miracle, mais tomber sur un bon groupe suédois était encore plus improbable. Depuis le nouveau siècle, visiblement enthousiasmé par le non-bug de l’an 2000, ce petit peuple isolé dans son nord et sous sa neige est devenu LA référence incontournable de la qualité made in « n’importe quel style de musique », mais plus particulièrement le Hard-Rock. Ce qui fait qu’aujourd’hui, lorsque vous chroniquez un excellent album, il y a de fortes chances qu’il soit…suédois. Ce qui est un peu lassant à force, enfin, qui pourrait l’être si ces sagouins se contentaient de se reposer sur leurs lauriers, ce qui n’est évidemment pas le cas. Celui du jour ne date pas d’hier, mais justement du début du nouveau siècle, puisque les H.E.A.T en sont déjà à leur sixième LP, avec un sacré bagage derrière eux. On le sait aussi, ces originaires d’Upplands Väsby sont depuis très longtemps devenu des mètres étalons du Hard Rock énergique et mélodique, comme seuls les swedes savent le tricoter, néanmoins, nous étions en doit de nous attendre à une petite baisse d’énergie de leur part, puisque selon eux, Into the Great Unknown était leur œuvre la plus complète et la plus symptomatique de leur démarche. Mais on connaît les discours promotionnels, et on connaît aussi la propension de ces cinq-là à se dépasser, alors les variables étaient relativement peu nombreuses. Sans changer de style, mais en continuant de perfectionner le leur, les cinq musiciens se sont donc contenté d’avancer à leur rythme affolant pour nous offrir sur un plateau onze nouveaux morceaux de pur Hard-Rock ciselé mais sauvage, un peu comme si les années 80 n’avaient jamais connu de fin, mais quand même.

Intituler un album II est toujours un risque. LED ZEPPELIN s’y est frotté avec succès, mais l’entreprise n’est pas donnée à tout le monde. D’autant plus lorsque le volume I n’est rien d’autre qu’un début de carrière entamée il y a fort longtemps et reste encore un signal fort pour les fans. Les exemples de grosse gamelle sont encore dans toutes les mémoires, du Operation Mindcrime II de QUEESNRYCHE à Welcome 2 My Nightmare du COOP, et les pincettes sont donc de rigueur au moment de juger de H.E.A.T II. Mais l’avantage incroyable de ces roublards de suédois est qu’ils n’ont pas besoin de s’appuyer sur un album culte pour attirer l’attention du chaland, puisque chacun de leurs travaux est culte ce qui laisse une marge de manœuvre appréciable. En osant ce choix, le groupe s’est découvert, d’autant plus qu’il a assumé pour la première fois de sa carrière la production de l’album, prise en charge par Jona Tee (claviers) et Dave Dalone (guitare). En résulte un son qui correspond à toutes les attentes, notamment celle des trois autres, Jimmy Jay (basse), Don Crash (batterie) et Erik Grönwall (chant). Ce dernier est particulièrement gâté, puisque sa sublime voix est particulièrement bien mise en avant, ce qui permettra à ses fans de le désigner une fois de plus comme l’héritier logique de Jorn Lande et surtout David Coverdale. Mais loin d’être un simple gimmick pour faire plaisir, cette seconde comparaison devient de plus en plus valide avec le temps, H.E.A.T incarnant avec un panache sidérant la doublure fantastique d’un WHITESNAKE de la fin des années 80. Les ressemblances entre ce sixième LP et un panaché de 1987 et Slip of the Tongue sont troublantes, et le parallèle loin d’être anodin.

Sauf qu’au lieu de loucher comme des marsouins sur le marché américain, les suédois préfèrent le mettre à leurs pieds en se la jouant as usual, utilisant des recettes maison pour combiner la puissance des guitares et la douceur des mélodies héritées de l’AOR. C’est donc une fois encore à ce génialissime crossover auquel nous avons droit, un peu comme si David et Adrian reprenaient à leur compte les astuces de FOREIGNER et JOURNEY, sans lâcher le pied de l’accélérateur. Nous avons donc droit à un festival de riffs saignants, de ceux qu’on trouvait sur les plus hautes marches du Billboard en 1988, assouplis de claviers west-coast et de chœurs sucrés typiquement scandinave. La quintessence de l’art suédois pour faire du neuf avec du vieux ou l’inverse, sauf que les H.E.A.T ont porté cet art à son paroxysme avec ce nouvel épitre. Onze morceaux, autant de tubes potentiels, qui revisitent les 80’s sans oublier qu’on est en 2020, et que depuis la saucée Hard/Glam de l’époque, les W.E.T, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA et ECLIPSE sont passés par là pour tout rafler. On sent l’énergie palpable dès le burner d’entrée « Rock Your Body », qui diabolise le Heavy sous couvert d’une intro pomp, mais fameuse. Tout est en place, classique mais sur du velours, de ces couplets aux percussions habiles jusqu’à ce chant qui suinte le stupre en passant par ces chœurs fédérateurs qui exhalent la Californie délocalisée près de Stockholm. Mais avoir un hit en intro ne fait pas de vous des costauds, et c’est certainement pour ça que la bande insiste d’un tonitruant « Dangerous Ground », mixant WINGER, W.E.T, WARRANT et beaucoup d’autres groupes en W, même si « Come Clean » se rapproche plus de la bande-son FM ricaine des années 85/86.

Toujours aussi habiles pour injecter du sang mélodique à leurs veines de hard-rockeurs, les H.E.A.T sont les nouveaux Dieux du Metal souple qui passe de la séduction (« Come Clean »), à la confirmation (« Victory »). Ils assument d’ailleurs pleinement leur statut via « We Are Gods », dominant de leur morgue toute une génération traumatisée par WHITESNAKE, lui-même marqué à jamais par LED ZEP. C’est à ce point parfait qu’on est prêt à déposer une réclamation en imperfection, mais rien à faire, la méthode fonctionne toujours à plein régime, et on finit par réécouter, réécouter encore, chantonnant avec les musiciens ces nouveaux tubes venus du froid.

H.E.A.T II est donc encore un album rond exhumé des années 80 mais produit comme un disque de 2020, et avec un chanteur de la trempe de Grönwall pour défendre des compos de la qualité de « Adrenaline », tout est joué d’avance, et tous les reproches rangés entre les vieux patchs dans les placards. Rien ne dépasse certes, tout est calibré, mais on adore ces guitares au son proche du JUDAS de British Steel (« One By One »), domestiquées par un clavier ludique, mais pas parodique. Du Heavy qui peut être du Hard Rock, du Hard Rock qui se love dans les bras de la tendresse (« Nothing To Say » EUROPE n’est pas loin), une tendresse qui se souvient des héros harmoniques de notre jeunesse (« Heaven Must Have Won An Angel » FOREIGNER en diable), pour une réussite flagrante qui relègue Into the Great Unknown au rang des souvenirs. Avec une telle perfection, les H.E.A.T ont de quoi se faire du mouron pour leur avenir, mais laissons-les savourer leur présent, puisqu’ils rendent le nôtre plus enthousiasmant.    

                                 

Titres de l’album :

                         01. Rock Your Body

                         02. Dangerous Ground

                         03. Come Clean

                         04. Victory

                         05. We Are Gods

                         06. Adrenaline

                         07. One By One

                         08. Nothing To Say

                         09. Heaven Must Have Won An Angel

                         10. Under The Gun

                         11. Rise

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 06/03/2020 à 17:25
90 %    1374
Derniers articles

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report

Wishbone Ash

mortne2001 18/03/2025

Live Report

Peter Hook and the Light

RBD 14/03/2025

Live Report

Fanzinat - Projection du Documentaire

mortne2001 23/02/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : HOLY RECORDS

Jus de cadavre 23/02/2025

Vidéos

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
NecroKosmos

Concert complet à Nantes. Pas pu y aller. Crotte...

30/03/2025, 07:45

Simony

        

29/03/2025, 07:56

Simony

Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !

29/03/2025, 07:54

Simony

On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)

28/03/2025, 17:07

Zoubida

28/03/2025, 09:03

Humungus

Metalnews = RMC "Les grandes gueules"... ... ...

28/03/2025, 07:04

Zgueg

"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix. 

27/03/2025, 20:46

Jus de cadavre

"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)

27/03/2025, 20:18

MorbidPSG

Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)

27/03/2025, 19:36

Jus de cadavre

Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)

27/03/2025, 16:49

CHUCK MAURICE

Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live.  La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?

27/03/2025, 15:53

DL100

Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...

27/03/2025, 10:22

MorbidPSG

27/03/2025, 06:02

MorbidOM

Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)

26/03/2025, 20:47

Invité

La milf est de retour !

26/03/2025, 19:16

Satan

J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)

26/03/2025, 16:53

DL100

MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!

26/03/2025, 14:33

Ivan Grozny

La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.

26/03/2025, 13:42

Ivan Grozny

Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.

26/03/2025, 13:37

MorbidOM

Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)

26/03/2025, 11:24