"A-wop-bop-a-loo-bop-a-wop-bam-boom!"
Quand on demandait à John Lennon ce qu’était l’essence du Rock N’Roll pour lui, voilà ce qu’il répondait. En citant LITTLE RICHARDS, il revenait à l’essence même de cette musique qui dans l’Amérique des fifties, symbolisait la reprise de pouvoir de la jeunesse et le balayage des conventions. Les adolescents voulaient vivre, n’en avaient rien à foutre des restrictions, et dans l’Angleterre post seconde guerre mondiale, les disques arrivaient par bateau des States, mais la réaction et les envies étaient les mêmes. Vivre enfin, sans ces obligations d’étiquette victoriennes, danser, assumer son exubérance, espérer pour l’avenir, mais surtout, savourer l’instant présent sans avoir à se préoccuper du passé ou s’inquiéter de l’avenir. Depuis, les choses ont changé, le Rock est devenu une industrie rapportant des millions en studio comme en live, a incarné l’apogée d’un système d’offre et de demande, avant de retomber dans l’oubli des têtes de gondole de supermarché. Mais le Rock ne mourra jamais, parce que quelque part, comme le Rap (le vrai, pas la daube qu’on entend sur les stations de d’jeunz), il incarne toujours cette envie d’ailleurs, cette envie de pouvoir faire n’importe quoi sous couvert d’une jeunesse qui passe trop vite face aux désillusions d’un monde adulte et d’une classe dirigeante qui a perdu depuis très longtemps le contact avec la réalité. Et dans une époque rongée par le marasme des pandémies créées ou non de toute pièce, d’une planète qui agonise et qui va nous emporter avec elle dans sa tombe, nous avons plus que jamais besoin de ce putain de Rock qui nous fait oublier notre triste quotidien et les perspectives pauvres et déprimantes qui l’accompagnent. Alors, oui, nous avons besoin de musiciens qui ne se prennent ni leur tête, ni la nôtre, et qui balancent le jus sans prétendre révolutionner quoi que ce soit. Et de fait, nous avons méchamment besoin des THUNDERMOTHER.
Malgré des problèmes de line-up récurrents qui font qu’aujourd’hui, seule Filippa Nässil se porte garante de l’esprit du groupe, ce dernier n’en incarne pas moins la face la plus instantanée de la musique suédoise la plus efficace, et la moins portée sur une nostalgie facile. Pensez-donc, qui serait capable d’ancrer le Rock dans les années 80 ou même 70 sans avoir l’air d’un con, et c’est avec beaucoup d’intelligence que la musicienne se place dans un créneau simple et direct en citant des influences appartenant à toutes les générations. Après tout, on ne singe pas une Joan Jett déchaînée en lui piquant le thème de « I Love Rock N’Roll », lui-même piqué aux ARROWS sur « Back in ‘76 » quand on n’a pas d‘intentions claires et une ligne de conduite bien établie. Reprendre à son compte des recettes largement éprouvées, et continuer le chemin déjà bien tracé. Et après quelques albums au compteur (trois pour être plus précis), Filippa Nässil sait exactement ce qu’elle veut depuis longtemps, et l’affirme encore plus fermement sur ce Heat Wave qui en pleine canicule fait encore plus monter la température. Rien de neuf que ce quatrième LP, mais de la fermeté, du délire, de l’énergie débridée évidemment, et toujours ces tripes qui ressortent des guitares et de la rythmique, et qui s’amusent à se nouer autour du souvenir du « Ballroom Blitz » des SWEET et de la tornade comics des Josie & The Pussycats. Car les THUNDERMOTHER, c’est la version comics du Rock de papa, sans aucune connotation péjorative. On imagine fort bien les aventures de ces musiciennes en version dessinée, avec pour unique mission celle de sauver le monde perdu dans une déprime insondable, à grands coups de riffs assassins et de refrains teen à reprendre en cœur une fois le grand méchant terrassé. Comme dans le cas d’AC/DC, de MOTORHEAD, des RAMONES, les suédoises essuient à chaque fois une bordée de reproches, le public réfractaire les accusant de refourguer systématiquement les mêmes plans éculés depuis les premiers cris des frères Young, mais en écoutant le très D.A.D « Heat Wave », on se rend compte qu’on se fout des répétitions et des chansons faciles réarrangées à la sauce de la bonne année, puisque le tout fonctionne comme un rendez-vous musical/amoureux planifié d’avance et qui entre la bière et les bisous enivre sans laisser la tête à l’envers.
Si vous avez aimé Thundermother il y a deux ans, alors vous allez adorer Heat Wave qui n’en est qu’un décalque futé, mais toujours aussi immédiat dans le plaisir. Et dès les premières notes de « Loud And Alive », vous serez évidemment conquis, parce que vous retrouverez les musiciennes (Guernica Mancini - chant, Filippa Nässil - guitare, Majsan Lindberg - basse et Emlee Johansson - batterie) en pleine forme, et toujours capables de mélanger KIX, KISS et AC/DC avec le même panache que leurs grands frères australiens d’AIRBOURNE. Et finalement, c’est comme ça que j’aime voir les choses, en imaginant les THUNDERMOTHER comme les cousines suédoises de la fratrie O'Keeffe, des instrumentistes et compositrices honnêtes, sincères dans leur amour du Rock, et qui ne le supportent pas engoncé dans les artifices ou les prétentions arty et/ou humanistes. Juste une bonne décharge d’électricité, des watts à en devenir sourd, et une unité qui malgré l’instabilité des années reste solide, et convaincante. De toute façon, les suédoises ont toujours le pouvoir de vous engluer dans leur enthousiasme en deux ou trois morceaux, et Heat Wave ne déroge pas à cette règle d’addiction. Sans être leur meilleur album à ce jour (un peu long et un peu trop de chansons), il incarne quand même l’esprit qui a toujours animé le groupe depuis ses débuts, avec ces burners qui donnent envie d’enlever les sacoches de la mobylette et de lui coller un kit 75 pour aller plus vite en ville (« Driving In Style »), et ces trucs plus plaqués et anthémiques qui nous plongent dans un stade rempli à ras bord de greasers en manque de gasoil musical (« Free Ourselves »). Les filles s’autorisent même un court moment d’émotion, mais pas d’inquiétude BANGLES à avoir, « Sleep » sonne authentique aussi et permet à Guernica Mancini de faire preuve de sensibilité au chant et de nous caresser de son timbre puissant.
Dès lors, que dire de plus, à part signaler les emprunts qui trainent de çà et là, de souligner que le boogie à la ZZ TOP est toujours aussi appréciable (« Mexico »), que certains morceaux auraient pu être mis de côté parce que pas forcément notables, mais que l’album dans sa globalité file un pèche à aller en poser une avant de foutre le bordel dans la rue. THUNDERMOTHER sera toujours THUNDERMOTHER, ne déplaise à ses détracteurs que je plains d’être aussi chafouins, et Heat Wave est un genre de radiateur géant musical qui fait passer les températures estivales brûlantes pour des daïquiris frais dégustés dans une piscine grand luxe. Rock n’Roll ? Mais bordel, one, two, three, four !!!!!
Titres de l’album:
01. Loud And Alive
02. Dog From Hell
03. Back in ‘76
04. Into The Mud
05. Heat Wave
06. Sleep
07. Driving In Style
08. Free Ourselves
09. Mexico
10. Purple Sky
11. Ghosts
12. Somebody Love Me
13. Bad Habits
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