Ne suis-je étourdi. Alors que tout le monde parle de tops de fin d’année, me voilà face à un oubli de taille. J’ai en effet réalisé que j’avais passé sous silence le deuxième album des américains de CANDY, faute impardonnable au vu de la qualité de l’album en question qui justement, risque de se retrouver dans ces fameux tops dont les webzines sont friands. Faute avouée étant à moitié pardonnée, je mets les bouchées doubles pour chroniquer cet album simple, mais au demeurant aussi bruyant qu’une explosion près d’une citerne de nitroglycérine.
CANDY, c’est une certaine vision d’un Hardcore tout sauf linéaire et puriste. Depuis leurs débits/débuts, entre première démo, EP et ce fabuleux premier album qu’était Good to Feel (vous apprécierez toute l’ironie du titre), les originaires de Richmond n’ont eu de cesse d’aller plus loin, plus profond et plus sale, histoire de nous souiller les tympans de leur barouf unique en son genre.
Lorsqu’on parle de Hardcore vilain et chaotique, viennent des noms à l’esprit. Celui de CONVERGE évidemment, de METZ, de THE ARMED, mais les comparaisons s’arrêtent là. Car les CANDY ne vivent pas dans le pays merveilleux où tout est logique, mais bien sur les terres désolées des accros au libre arbitre de la violence la plus métissée. Et quelques années après, nous étions nombreux à nous demander quelle intensité allait atteindre le successeur du bordélique Good to Feel. La réponse est depuis quelques mois sous nos oreilles, et irréfutable : Heaven Is Here est une carte de l’enfer qui nous guide dans les méandres d’un univers entièrement dévoué au malaise, à la violence, et à la redondance.
Réservé aux oreilles averties, Heaven Is Here et sa pochette moins moche que celle de son aîné nous brise, nous martèle, nous assène coup sur coup, et nous malmène de toutes ses forces. Et même si le champ d’action des virginiens reste le Hardcore métallique et traumatique, leur démarche s’apparente plus parfois à un Power Electronics traduit dans un langage plus musical. Et pas uniquement parce que certaines pistes se mettent sérieusement à la colle avec le Noise le plus strident.
Le principe est simple : des titres toujours aussi courts, portés par un riff simple et souvent unique, et des lignes de chant hurlées au-delà de toute humanité. Le principe est connu, mais le pire est que CANDY parvient à le rendre accrocheur et groovy. Ainsi, « Fantasy/Greed », absolument immonde dans le fond n’en est pas moins catchy dans la forme, même si sa décélération nous écrase le crane en mode Mach 4 inversé.
Entre Rock vraiment sale et Hardcore pourri jusqu’à la moelle, CANDY n’a toujours pas choisi. Et plus l’album avance, plus on constate que les cauchemars de ces gros malins sont les rêves de tous les masochistes du monde souterrain. Et lorsque le combo se frotte à un Indus plus bruyant, on pense à un KMFDM qui se frotte et se pique aux SWANS, et on a tendance à baisser le volume de quelques crans histoire de ne pas finir avec un sonotone. Sur ce second album, tout est multiplié. Le malaise, la violence, l’efficacité, et la méchanceté. Impossible de qualifier autrement ces morceaux qui n’utilisent que les éléments les plus néfastes des styles qu’il aborde, au point de terminer sur une orgie vomitive de plus de dix minutes qui n’est pas sans rappeler les pires exactions de DEATHPILE.
Que tout ceci est laid…Et terriblement ironique quand on ose se baptiser d’une sucrerie qui peut être au choix :
Alors, inutile de revenir sur le côté vénéneux de ce groupe qui fait tout pour rendre la vie encore moins supportable qu’elle n’est. Mais ce qui est admirable, c’est ce panache dans l’indécence et cette musicalité dans la violence. Car malgré des pics d’intensité difficiles à supporter, Heaven Is Here est une sorte de paradis fictif qui ressemble à s’y méprendre à notre bonne vieille terre ruinée par ses propres parasites.
Les arguments ne manquent pas au moment de décerner la palme de l’album le plus difficilement supportable de l’année. Et donc par extension, l’un des plus recommandables. Alors que l’extrême semble bien décidé à aller de plus en plus loin, les CANDY devancent toujours la concurrence de quelques pas, histoire de voir si l’avenir est aussi noir qu’ils l’espèrent. Et avec un deuxième album de cette trempe, le gang de Richmond parvient à faire la nique à Boston et Portland, terres brulées et désolées qui hébergent certains des flingués les plus flippants de la création.
Mais faites-vous un avis par vous-même. Et si d’aventure, vous trouviez plus construit et plus maladif à la fois, je veux bien faire une place dans mon top de fin d’année à votre découverte surprise.
La laideur et l’esprit de Noël ne sont pas incompatibles lorsqu’on a le sens moral d’un psychopathe pervers et narcissique.
Titres de l’album :
01. Human Condition Above Human Opinion
02. Mutilation
03. Heaven is Here
04. Price of Utopia
05. Transcend to Wet
06. Hysteric Bliss
07. World of Shit
08. Fantasy/Greed
09. Kinesthesia
10. Perverse
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49