Black Metal et Crust sont loin d’être incompatibles. Beaucoup de points communs les relient, notamment au niveau de la vitesse d’exécution et de la violence globale, et pourtant, quelque chose ne tourne pas rond dans la majorité des cas. Certainement parce que le BM, comme son nom l’indique, découle du Metal, celui inventé par BATHORY, HELLHAMMER et une poignée d’autres, tandis que le Crust est une déviance Punk et Hardcore. Vous me direz à juste titre que le Thrash Metal lui-même est né de la collision entre le Heavy et le Punk/Hardcore, et que le mélange est parfaitement viable. Mais il a quelque chose de politique dans le Crust qui empêche toute connexion avec la poétique macabre du Black Metal qui souvent, laisse les artistes entre deux chaises. La grandiloquence du Black Metal est souvent bridée par le réalisme du Crust, comme il l’est par la simplicité du Rock N’Roll, ce qui a souvent rendu le Black N’Roll un peu risible sur les bords. Pourtant, certains groupes parviennent à trouver le bon équilibre, justement parce qu’ils le refusent. Ce qui est le cas des canadiens de WORMWITCH, qui sont parvenus depuis leurs débuts à intégrer les composantes Crust à des structures purement BM, au point de presque dénaturer le genre de base. C’est sans doute cela qui a poussé certains webzines à intégrer Strike Mortal Soil à leur liste des « meilleurs albums » de fin d’année, puisque ce premier long réussissait la gageure de rester aussi emphatique que concret et cruel. C’était donc avec une certaine impatience que nous attendions la suite des évènements, qui depuis le mois d’avril s’est formalisée autour de Heaven That Dwells Within, à la pochette plus que trompeuse. Un simple coup d’œil à ce sublime artwork pouvait faussement laisser l’esprit dériver le long des voies du Stoner ou du Doom, voire du Psychedelic Rock, et pourtant, ce deuxième LP n’est rien de plus qu’une extension maléfique de son prédécesseur, le professionnalisme en plus, et la qualité poussée dans ses derniers retranchements.
WORMWITCH, pour ceux en ignorant l’existence, est un trio (Robin Harris - basse/chant, Colby Hink - guitare et Israel Langlais - batterie), de Vancouver, en Colombie Britannique, né en 2015, et qui depuis quatre ans agite l’underground de son Crossover implacable. Après une première démo l’année de leur émergence (The Long Defeat), les trois musiciens ont pris deux ans pour élaborer leur premier projet en longue durée, via ce fameux Strike Mortal Soil qui avait suffisamment agité l’underground pour les transformer en next big thing, ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. C’est donc très logiquement que Prosthetic Records a renouvelé sa confiance à leur égard, leur laissant carte blanche pour continuer d’explorer leur son, devenu énorme aujourd’hui, et quasiment référentiel. Peu de changements pourtant dans cette suite presque logique, qui ne fait que reprendre des recettes déjà exploitées il y a deux ans, mais les poussant à un paroxysme d’efficience. On y retrouve donc cette majesté dans la lourdeur, cette poétique héritée des légendes anciennes, ce sens de la tragédie que la véhémence du Crust contrebalance de sa brutalité impitoyable, mais aussi cette répugnance à se laisser aller à la facilité qui rapproche de plus en plus les canadiens du modèle de DISSECTION. Sans pour autant copier cette influence de toute façon inimitable, Heaven That Dwells Within prône le même esprit évolutif et progressif dans un contexte de chaos maîtrisé, et nous livre les meilleures compositions du genre sans avoir à forcer son talent.
C’est évidemment notable et patent sur tous les morceaux, puisque ce second long exècre les fillers et autres facilités d’usage, mais c’est encore plus éclatant sur les meilleurs segments de cette réalisation, au dramatisme rappelant la période viking de BATHORY tout comme les saillies les plus guerrières de WATAIN. Mais c’est pourtant le nom seul de WORMWITCH que l’on retient au final, eut égard à cette facilité à incorporer des éléments mélodiques à des textures abrasives. Sur la toile, l’album a déjà fait son petit effet, devenu grand. Tous les sites de référence s’accordent à dire que les canadiens ont trouvé une formule imperfectible, et citent avec certitude « Dancing in the Ashes » comme pinacle de créativité pour appuyer leurs dires. Mais comment les contredire en découvrant cette longue intro Folk aux harmonies subtiles, se transformant soudain en attaque frontale Heavy Black, reléguant la concurrence au fin fond d’une forêt d’indifférence ? Certes, ce morceau n’occulte pas les réussites exceptionnelles accomplies sur le reste du répertoire, mais il est impossible de ne pas y voir une adaptation des standards Néo-Death et Néo-Black de l’orée des années 2000 dans une mise en situation plus personnelle et contemporaine, avec cette juxtaposition permanente de bourrasques Heavy et de mélodies accrocheuses. Le son global, d’une rare précision qui ne sacrifie pas la sauvagerie, déroule une production sans heurts, parfaitement équilibrée entre rugosité des guitares et du chant, et fluidité de la rythmique. On s’en rend aisément compte dès l’ouverture énorme de « Disciple of the Serpent Star », qui en cinq minutes s’évertue à synthétiser bon nombre de courants extrêmes de ces vingt dernières années. C’est implacable et pourtant évident, accrocheur comme un single de CARCASS repris par les TRIBULATION, et ça fonctionne sur plusieurs niveaux, susceptibles de séduire les fans de Heavy Metal, les accros au Death mélodique, et les puristes du Black de ce nouveau siècle qui ont accepté le legs du précédent.
Et en faisant preuve d’un esprit critique imperméable, impossible de ne pas se rendre compte de la quasi perfection de Heaven That Dwells Within qui me commet miraculeusement aucune erreur de son entame à son terme. Certes, quelques plans par ci par là laissent penser à un pilotage automatique encore un peu encombrant, mais ces griefs ne concernent que quelques secondes isolées. Si la première partie de l’album nous enthousiasme de son énergie, c’est indéniablement le triptyque final qui finit par lever les derniers doutes, avec ce « Iron Woman », au titre en écho féminin à BLACK SABBATH, et qui finalement, contient tout l’ADN d’un groupe fascinant dans l’exécution, et intuitif dans la conception. Se sevrant d’un mid tempo glouton qu’un riff redondant met encore plus en valeur, ce morceau passe en revue toutes les possibilités, et ouvre grand les portes d’un avenir qu’on pressent libre et affranchi de toute obligation. Des samples intelligents, des chœurs massifs, et des arrangements harmoniques ridiculisant la vague de Swedish Melodeath des nineties, pour une ode en tragédie majeure, qui n’oublie pas qu’avant de séduire, on doit attirer l’attention. Et l’épilogue « Alone Before the Doors of the Silent House » de conclure sur une note amère, nous renvoyant au début d’un LP qui finalement, peut tourner en boucle pendant des heures sans se répéter. Evidemment, les plus précis argueront du caractère farouchement Black d’un groupe qui a tellement modelé ses composantes Crust qu’il a fini par les intégrer de force, alors que d’autres se moqueront bien de la tendance globale pour accepter cette musique telle quelle. Format court et percutant (« Two Wolves », ARCH ENEMY aurait pu s’en servir avant de devenir un derviche tourneur sur lui-même), accès de rage contrôlés pour harmonies viciées (« Benighted Blade »), modulations en trompe-l’œil pour faux-Folk en réel insert BM (« Vernal Womb »), et la sentence tombe, logique, inévitable. WORMWITCH est aujourd’hui une référence au même titre que ses illustres modèles, et a parfaitement réussi son hybridation de Black et de Crust. En nous faisant justement oublier que les deux styles cohabitent en une seule mouvance pour en créer une troisième, sans autre nom que celui de ses concepteurs.
Titres de l'album :
1. Disciple of the Serpent Star
2. Vernal Womb
3. Two Wolves
4. Spirit Braid
5. Benighted Blade
6. Midnight Sun
7. Dancing in the Ashes
8. Lord of Chains
9. Iron Women
10. Alone Before the Doors of the Silent House
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