« Le confinement, c’est chiant ! » (Slogan).
Oui, certes, mais visiblement, ça stimule la créativité. J’en veux pour preuve la production discographique depuis les premières mesures protectionnistes de l’année 2020. Les mesures sanitaires empêchant les musiciens de partir en tournée et de participer à des festivals, les voilà bien obligés de se creuser le ciboulot pour meubler leurs longues journées, et quoi de plus créatif que la composition de nouveaux morceaux et l’élaboration de nouveaux projets ? C’est exactement ce que se sont dit Michael Vetter (guitares et basse, ex-PUMP) et Roland "Bobbes" Seidel (chant, ITS SAME), qui coincés dans leur solitude individuelle ont préféré la partager pour mettre sur pied un nouveau projet, BLACK & DAMNED. Le but avoué ? Proposer au public un Heavy allemand aux forts relents de Power Metal, et l’oisiveté forcée aidant, ce ne sont pas moins de douze morceaux qui ont vu le jour sous la forme d’une démo très aboutie, qu’un label reconnu n’allait pas tarder à apprécier à sa juste valeur. C’est ainsi que les deux compères ont trouvé asile chez les grecs de Rock Of Angels Records, et qu’ils se sont attelé à l’enregistrement de ces morceaux, aidés en cela par d’autres musiciens aussi ennuyés qu’eux. Nous retrouvons donc à la batterie Axel Winkler, Axel Mackenrott (MASTERPLAN) aux claviers, et Tommy Laasch venu poser quelques chœurs. La formation a rapidement été complétée de l’adjonction d’Ali Gözübüyük (basse, BIONIC ANGELS) et Aki Reissmann (guitare, Ex-PUMP), pour donner à l’entité un corps plus homogène. Et nous voici donc face au premier album de cette nouvelle formation, écoutant les pistes de cet Heavenly Creatures avec intrigue et appétit.
Pas de tromperie sur la marchandise, Heavenly Creatures est bien un pur album de Heavy Metal allemand, avec riffs d’acier, chœurs forcés et rythme appuyé. Rien d’original là-dedans, mais de l’efficacité, de la hargne et de la puissance, d’autant que l’album a été confié aux bons soins d’Achim Köhler (PRIMAL FEAR, SODOM, BRAINSTORM), qui a procuré à chaque chanson le son dont elle avait besoin. Dans les faits, BLACK & DAMNED n’est ni noir ni damné, n’a rien à voir avec le Black Metal ou l’occulte, et se contente de répéter les recettes les plus éprouvées du Metal traditionnel de son pays, entre charges Power furieuses et digressions Hard plus modulées. Du classicisme à tous les étages donc, mais le meilleur évidemment, les deux têtes pensantes du projet connaissant parfaitement leur boulot. C’est ainsi que nous passons sans transition de la franchise de « Salvation », opening track tout ce qu’il y a de plus efficace à l’ambiance plus tamisée de « War Is Just Another Word For Hell », aux couleurs délicatement orientales et aux arrangements plus fins. Le groupe tient donc à prouver son amour de la diversité dans le formalisme, et de fil en aiguille dans une meule de foin, le fan de Heavy classique s’y retrouve comme Thésée dans son labyrinthe, prêt à affronter la bête.
Fins musiciens, le quintet n’a donc pas abusé des effets de manche germains pour imposer un Metal lourd sur l’estomac. En empruntant à un Axel Rudi Pell ses recettes les plus éprouvées, les compositeurs ont conféré à leur œuvre un parfum de nostalgie, et pas question de s’enfiler des restes à peine réchauffés. Tous les morceaux gardent leur identité, et ce premier effort n’en nécessite aucun pour être apprécié, pour peu que vous soyez réceptif à la démarche. Il y en a pour tous les goûts, la musique flattant les fans de Heavy et caressant les amateurs de Hard à la ACCEPT des mid eighties dans le sens du poil, le groove s’invitant parfois au banquet (« A Whisper In The Dark »), sans toutefois nuire à la puissance globale du missile. Les riffs, traditionnels dans leurs saccades n’en sont pas moins terriblement efficaces, et même si la voix râpeuse de Roland "Bobbes" Seidel reste souvent très monocorde, elle n’en porte pas moins sur ses cordes vocales l’ampleur de compositions qui refusent la facilité de thèmes trop remâchés.
Quelques aspirations mélodico-progressives se taillent même un chemin dans le tracklisting, et « The 13th Sign » de sonner comme le hit qu’il est, tandis que « Decide On Your Destiny » endosse le rôle délicat de power ballad amère au climat sombre.
Une belle variété de ton donc pour les allemands, qui loin de bâcler leur travail ont ciselé un répertoire aéré, diversifié, faisant la part belle à la hargne et la pugnacité (« The World Bleed », qui rappelle la vague Power Symphonique des nineties), mais laissant des espaces à des esquisses plus fines et des moments plus calmes. Loin de la mièvrerie romantique des groupes de Power Metal versé dans le mysticisme de bas étage et l’Heroic Fantsay niaise, Heavenly Creatures nous dépeint un univers certes fantasmagorique, mais suffisamment en prise avec la réalité pour concerner tout le monde. Les titres puissants ne font pas semblant de l’être, mais un refrain accrocheur vient toujours nous extirper des crises de virilité les moins pardonnables (« Dreams To Stay Alive », qui passe pour une jolie métaphore sur la situation actuelle), et si certains textes font appel au ressenti le plus basique des metalheads de tous poils (« We Are Warriors »), la bande-son relève le niveau en insérant des arrangements Folk du plus bel effet (flûte, percussions martiales).
Loin de l’album de l’année, Heavenly Creatures n’en demeure pas moins un plaisir absolument pas coupable, et démontre que confinés dans leur créativité, les musiciens les plus respectueux des codes peuvent sortir de leur zone de confort pour se mettre en danger sans renier leurs croyances. Un bel exercice de style qui se veut plus personnel que la moyenne, et qui utilise des influences extérieures pour enrichir son vocabulaire. Espérons que cet accident de solitude n’en soit pas qu’un, et que l’aventure née de l’isolement connaisse une suite.
Titres de l’album:
01. Salvation
02. Liquid Suicide
03. Born Again
04. The Wardress
05. War Is Just Another Word For Hell
06. A Whisper In The Dark
07. The 13th Sign
08. Decide On Your Destiny
09. The World Bleed
10. Dreams To Stay Alive
11. We Are Warriors
12. Heavenly Creatures
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