C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures mobylettes. Après tout, les vieux briscards à pot ninja et kit 75 savent comment aborder la route, eux qui la parcourent depuis des années. Et parfois, deux fans de 103SP unissent leurs forces pour se frotter aux motos Metal, certes bien plus puissantes, mais moins sincères ou agiles sur terrain lourd. Ainsi, BLACKK LEDD, avec ses deux K et ses deux D. Une lumière noire, une façon de jouer le Heavy comme si l’éphéméride n’avait pas arraché ses pages depuis la fin des années 80, et le rêve partagé par deux musiciens capés, évoluant en parallèle depuis des années.
D’un côté, Tommie Karlsson (guitare) et Anders Andersson (basse), deux potes, deux musiciens bien connus de la scène suédoise, en phase, et d’accord pour monter un projet parallèle où leur passion d’un Metal sans compromis pourrait s’exprimer sans… concessions. Une fois le duo assemblé, manquait un chanteur aux capacités certaines pour donner corps à cette vision sans fard d’un Heavy travaillé mais sauvage, accusant les influences JUDAS PRIEST, DOKKEN, ACCEPT, PRIMAL FEAR, PRETTY MAIDS de les avoir contaminés dès le plus jeune âge. Mais alors, admettre ses références est un fait, les justifier en est un autre. Mais en découvrant le premier album de la bande lâché en 2020, la foi n’est plus mise en doute : BLACKK LEDD joue du Heavy Metal, et avec les tripes.
Le fameux chanteur si recherché s’appelle donc Christer Elmgren, et se frotte sans se piquer aux idoles Rob Halford, Ronnie Atkins, et autres Udo. Entre timbre rauque et envolées lyriques, le manieur de micro prouve qu’il n’a pas été engagé par hasard, et trouve ses marques sur ce sophomore Heavy Metal Fans, qui dès son titre avertit de son caractère fondamentaliste et rigoureux. En écoutant l’hymne live « Heavy Metal Fans », on comprend que le premier degré compte beaucoup pour nos héros du jour (supportés par la frappe puissante de Peter Svensson à la batterie), et qu’ils ne sont pas venus pour sucrer les fraises.
Non, ces suédois-là pratiquent l’art de la nostalgie généraliste, et nous renvoient aux jours de gloire du Heavy Metal fier et superbe, affichant une croyance sans arrière-pensée. Cette croyance ? Jouer avec le cœur la musique qu’on aime, peu importe qu’elle fut inventée il y a des décennies, et que la reprendre à son compte implique un certain nombre de figures imposées. Ces figures vont du riff franc et massif, au solo incandescent et au binaire martelé, ingrédients qu’on trouve bien dosés sur ce disque.
Originalité, où es-tu ? Pas ici mais ailleurs, et d’ailleurs, tout le monde s’en fout. On s’en fout parce qu’un titre aussi lourd et emphatique que « Bad Sign » nous fait dresser les poils sur les bras, et pousser les clous sur les bracelets. Tout fonctionne, tout est neuf, la passion est intacte, et les Heavy Metal kids des eighties sauront reconnaître les leurs.
Des fans comme eux, qui modulent le tempo pour sonner agressif, sauvage, revêche ou simplement joyeux avec la pêche, et « Ignite Your Life » de regarder en arrière vers les années Hard-Rock Metal, vécues par ACCEPT, PRIMAL FEAR, et autres forgerons tapant sur leur enclume comme des bourrins. Mais des bourrins mignons, s’entend.
Plus qu’un album, Heavy Metal Fans est une déclaration d‘amour à prendre au pied de la note. Fondu à partir des riffs les plus conséquents du répertoire allemand, il n’hésite pas à corser les débats ou au contraire à les fluidifier, et ose des choses formelles, mais qui passent comme une lettre romantique à la poste des souvenirs. On aime cette façon de lâcher les chiens sur le terrassant mais radiophonique « Hold Your Ground », qui n’est pas sans évoquer les dernières sorties solo de Ronnie Atkins, ou au contraire de se laisser aller à un penchant mélodique prononcé sur l’irrésistible « Burning Fever ».
Il m’a donné la fièvre.
Que Kool et Joey ne m’en veulent pas de leur avoir piqué ce refrain, qui colle parfaitement avec les sensations ressenties. Lorsqu’un groupe verse dans la nostalgie, il est rare qu’on n’ait pas envie de souligner son oisiveté créative. Et pourtant je serai le dernier à blâmer les BLACKK LEDD de se contenter de recopier des poèmes Metal déjà écrits, puisque leur plume est trempée dans l’acier fondu. Et en cinquante minutes, le quatuor de la côte ouest suédoise se montre puissant, infatigable et percutant. Jusqu’à la fin, le groupe maintient la pression, et nous livre des hits totalement crédibles, qui annoncent un triomphe en live. Parfois plus nuancé et amer (« Liar »), ou syncopé d’enfer (« Pitch Black Hole »), BLACKK LEDD tente toutes les nuances et transforme l’essai. Mais avec une telle foi, rien n’était impossible, et le résultat est donc sans appel : on lève le poing serré vers l’horizon, et on retrouve son âme d’adolescent rebelle.
Bravo au groupe pour cette incarnation plus vraie que nature, et pour cet album inoxydable. Et inutile de rajouter un guidon torsadé, le moteur se suffit à lui-même.
Titres de l’album :
01. Heavy Metal Fans
02. Cold Trash Coming
03. Bad Sign
04. Ignite Your Life
05. Hold Your Ground
06. Burning Fever
07. Running in the Night
08. Liar
09. Pitch Black Hole
10. Take Em Down
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