Encore une fois, tout pour me faciliter la tâche, un Bandcamp mis à jour quand on y pense, pas de page officielle, un label qui n’existe que pour ses sorties les plus anciennes, et aucune notule sur le net alors même que le groupe accuse les vingt-cinq ans d’existence. Démerde-toi, merci mon cul, et salut, j’adore travailler à l’aveugle alors même que mes tympans s’apprêtent à rendre l’âme. Je ne remercie donc pas les BAXAXA pour leur non-aide qui ne m’a pas vraiment permis de me faire une idée sur leur univers, mais au moins, j’en sais assez sur ce nouvel album pour pouvoir vous en parler. Enfin, de nouvel album, je ferais mieux de parler de premier album, puisque malgré sa naissance en 1995, le duo argentin n’a même pas pris la peine de publier un premier long depuis ses débuts, ne s’arrêtant sur la case compilation qu’en 2014 à l’occasion du plutôt complet Hard Attack 96. Mis à part ce gros sampler, deux démos, en 1996 et 2016, soit un effort de composition originale tous les vingt ans, on ne peut pas dire que les originaires de Buenos Aires se creusent le ciboulot pour nous offrir de l’inédit. De fait, il convient d’accueillir ce Heavy Metal Hades avec tous les honneurs lui étant dus, puisqu’il a la gentillesse d’étoffer un peu le répertoire avec sept nouveaux titres et une reprise assez incongrue.
Comme vous l’aurez compris, BAXAXA n’est pas vraiment un groupe, mais plutôt une association entre deux musiciens aussi dérangés l’un que l’autre. A gauche, Soul Ripper (ex-VREDE, BANDERA DE NIEBLA, ex-DRAGONAUTA, ex-COMPAÑERO ASMA), se chargeant de toute l’instrumentation mais aussi de la composition, et à droite, Necrostorm (HORDA PROFANA, MORBOSUS, ex-MORBID FROST, ex-WINDFALL), agrippé à son micro comme un diable à son âme victime. Les deux hommes se complaisent donc dans ce partenariat un peu étrange, très difficile à situer, et que la bible The Metal Archives préfère classer par facilité dans le Black Metal, histoire de ne pas avoir à trop réfléchir. Sauf que la musique des argentins est tout sauf du BM de base, et qu’elle ressemble à un melting-pot géant de toutes les tendances extrêmes les plus evil, s’amusant du Thrash pour le noircir de Black, tout en crachant quelques doses de bile Death assez épaisses.
Un truc un peu bâtard joué à deux, qui ne choisit pas vraiment son camp, d’ordinaire, je me serais cruellement méfié du résultat bancal, et pourtant, les deux musiciens de Buenos Aires font preuve d’un flair indéniable dans l’art de la composition solide, retenant les leçons paillardes de VENOM pour les appliquer dans un cadre DESTROYER 666, sans pomper l’un ou l’autre des deux groupes. On se rend compte dès l’entame « The Longest Night » que le duo a beaucoup plus à nous proposer qu’une simple collection de grimaces musicales et de régurgitations diaboliques, puisque le premier riff proposé par ce premier album est catchy et sombre en diable, rappelant la période N’Roll de DARKTHRONE, tout en louchant grave vers le Thrash sud-américain des années 80. Et en faisant preuve d’imagination, on pourrait même rapprocher le concept du meilleur de CELTIC FROST, celui de la transition post-HELLHAMMER, tant l’ambiance occulte ne laisse pas les musiciens dériver du côté trop simpliste et bestial de leurs homologues nationaux ou de leurs voisins les plus proches. Ce premier titre nous ramène donc à la période bénie de Morbid Tales, le génie des pionniers et les « huh » en moins, mais le feeling est là, et les compétences aussi.
Du savoureux donc, d’autant que les soli lâchés par Soul Ripper sont tout à fait compétitifs, l’homme faisant preuve de doigté dans le choix de ses mélodies. Mais ne comptez pas sur les deux compères pour s’attacher à une ligne de conduite trop figée et la suivre de bout en bout, puisque ce premier album fait la part belle à la diversité brutale, se frottant à l’apocalypse d’un BM un peu amateur mais bouillant de vice qui rend hommage aux premières exactions de BATHORY, mais aussi aux cris les plus désespérés de BEHERIT (« A Grimm Rebirth »). Thrashy, légèrement punky, le Metal des BAXAXA est noir et varié, revendique sa fascination pour Tom Warrior et ses descendants d’APOKALYPTIC RAIDS (« The One Who Lurks in Silence », truffé de licks tournoyants totalement irrésistibles), mais aussi pour le Black le plus fondamental, qui s’exprime enfin autour du maléfique « The Shimmering Glow of Immortality », le premier véritable morceau à tremper ses deux pieds dans la mer de malice.
Donc, beaucoup plus qu’un simple premier jet ne distinguant pas le fiel du vomi, Heavy Metal Hades est un véritable LP pensé aux chansons triées sur le volet, qui s’autorise une exploration des bas-fonds de notre musique favorite, sans oublier la moindre crypte. On navigue entre Blackened Thrash et BM gentiment accrocheur, et les hits s’accumulent, dominés par la voix crapuleuse de Necrostorm. L’homme chante comme un Dead trop content d’avoir reniflé un cadavre de crapaud, mais il n’y a rien de drôle dans l’approche des deux hommes. Ils considèrent le Metal avec tout le sérieux indispensable à ce genre de réalisation, tout en acceptant le second degré de leurs exagérations. Mais ils parviennent à nous convaincre de leur talent néfaste en travaillant les atmosphères et en ne plaçant que les riffs les plus solides, en les soulignant d’arrangements mélodiques toujours pertinents (« Faustian Awakening »). Fleur morte sur le tombeau, le duo se fend même d’une longue litanie évolutive à la MERCYFUL FATE moderne, et termine son listing de créations personnelles avec le long et envoutant « Towards the Monolith of Human Extinction », ambiancé comme une visite nocturne d’un château aux murs décatis. Cadeau bonus, une reprise assez rigolote de l’anecdotique « Only the Strong » de THOR, qui démontre que nos deux nouveaux amis ont une culture Metal de série B assez conséquente.
Loin de l’exercice de style bruitiste stérile que les combos les plus complaisants nous refilent à longueur d’année, Heavy Metal Hades se montre solide de bout en bout, très crédible, et incarne le meilleur de la partie immergée de l’iceberg que nous apercevons parfois en plongeant dans les eaux les plus froides de l’underground.
Titres de l’album:
01. The Longest Night
02. A Grimm Rebirth
03. The One Who Lurks in Silence
04. The Shimmering Glow of Immortality
05. At the Gates of Flesh Dissolution
06. Faustian Awakening
07. Towards the Monolith of Human Extinction
08. Only the Strong (THOR cover)
Superbe review french brother
Vous avez compris parfaitement notre génial album
Prochainement un nouvel ep de covers appellé Masters of metal approche
Prenez garde
Merci beaucoup de votre amoureuse critique
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