Et c’est reparti. Tolkien, l’anneau, les épées, les elfes, j’en passe et des plus improbables et décoratifs. Si l’auteur avait su à l’époque tout le tintouin que son bouzin allait déclencher, il aurait certainement laissé sa plume sur la table pour aller faire un badminton. Mais bon, il faut bien trouver un thème, et les sorciers, quêtes, combats homériques et autres ennemis en masse sont quand même plus intéressants que les sempiternelles histoires de gonzesses faciles, de vie sur la route, ou de satanisme bon marché.
MORGUL BLADE verse donc dans l’Heroic-Fantasy, et chante la noblesse des sentiments, les aventures les plus héroïques, et les rencontres de passage. Pour accompagner ces obsessions littéraires, rien de plus efficace qu’un Heavy Metal épique, de tous les côtés, pour mieux décrire les batailles avec un mélange de noirceur Black et de lumière Metal.
Laissons-nous donc avaler par cette étrange créature américaine, déjà responsable d’un longue-durée il y a trois années. Fell Sorcery Abounds avait fait son petit effet en 2021 et avait conquis le cœur des fans de Heavy pur et noble, celui-là même que les ASHBURY, DIO ou MANILLA ROAD chantaient la rage au ventre. Trois ans plus tard, le quatuor revient avec des armes encore plus chargées pour enfoncer le clou d’une réputation naissante. Et au jugé des dix morceaux de cette seconde livraison, on sent que le groupe de Philadelphie va convertir encore plus de fidèles.
Heavy Metal Wraiths est un disque efficace, mais assez étonnant. Empruntant au vocabulaire de nombreux sous-genres, il se détache de la masse grouillante des Heavy Metal kids refusant de grandir, et tourne plus ou moins le dos aux revendeurs de badges, de dossards et de patchs. Pas question de jouer l’occasion ou le prévisible True, les musiciens ont trop de classe pour ça, mais aussi trop de hargne. Et après quelques écoutes, on comprend que si le CARCASS de fin de parcours avait été plus intéressé par les aventures historiques fictives et champêtres que par les autopsies sans prêtre, il aurait pu accoucher d’un tel album.
Un album fasciné par la NWOBHM évidemment, ce que confirment ces tierces et ces lignes de basse coulées. Du passéisme, mais du passéisme intelligent, qui recycle avec flair les méthodes d’antan, en y ajoutant de nouveaux ingrédients. Des riffs thrashy par exemple, et même des blasts. Largement de quoi s’extirper de la prévisibilité Epic sans trahir son public. D’autant que les longues phases belliqueuses et/ou contemplatives sont de toute beauté, avec ces allusions Folk plus que poussées que l’on retrouve sur bien des morceaux.
Agencé comme un roman de fiction, Heavy Metal Wraiths vous offre la bande-son d’une légende qui n’existe pas, mais que vous pouvez imaginer. Avec une production casher qui respecte les désirs d’un Heavy tradi, et des musiciens qui connaissent le sens du mot « pertinence », MORGUL BLADE avance à découvert, allant jusqu’à provoquer les foules Blackened Metal d’une accélération opportune, mais brusque (« Spider God », méchante arachnide qui bouffe les moustiques, mais aussi les passants).
Gloubi-boulga mélangeant des ingrédients disparates pour en faire un ragoût tout à fait digeste, Heavy Metal Wraiths est une saine colère envers les artistes les plus prévisibles, et les accros à la nostalgie incapables de faire la différence entre un véritable artefact et une réédition cheap d’un t-shirt de mauvaise qualité. Agrémenté d’une multitude de riffs tricotés par Elyse NightHawk et Klauf, ce deuxième album est d’une haute teneur en épices, et corse la croisade des chevaliers noirs pourfendant de l’hérétique False Metal à bras raccourcis.
Comme d’irréductibles guerriers refusant de voir leur terre conquise par des vilains, les MORGUL BLADE s’appuient sur un tempo magnifiquement géré par la doublette Spectre (batterie/synthés) / Jim Viola (basse), mais aussi sur des arrangements de claviers qui donnent une patine plus réaliste aux morceaux guerriers.
Truffé d’ambiances médiévales, accentué par des interludes Folk tout à fait délicieux, Heavy Metal Wraiths s’écoute comme on regarde Le Seigneur des Anneaux pour la première fois, religieusement, nerveusement, avec émerveillement, et évidemment, cette foi qui anime les cœurs les plus purs. Il n’est pas difficile de se transposer dans le monde de ce cher Tolkien, en subissant ces assauts constants contre la médiocrité et l’investissement partiel. Ici, on donne tout ce qu’on a, on soigne les compositions, et on trousse un concept album de premier choix, de ceux qui tiennent le test du temps sans aucun problème.
Heavy Metal, Death Metal, Black Metal, Epic Metal, l’équation semble complexe sur le papier, mais devient une évidence lorsqu’elle est jouée. Les américains n’ont donc pas loupé leur retour, parvenant à se surpasser pour gagner en qualité et crédibilité. On peut rester de marbre face à la thématique choisie, mais on ne peut pas rester indifférent à cette débauche d’énergie et ces mélodies qui tournent dans le ciel comme des oiseaux de mauvais augure.
Du sur-mesure pour les plus vaillants, qui se battent sous la bannière d’un seigneur juste et bon. Que les épées brillent et que les blasons s’imposent. La bataille va faire rage, alors assurez-vous d’avoir choisi le bon camp pour ne pas que votre tête roule sur le champ de bataille Heavy Metal.
Titres de l’album :
01. Eagle Strike
02. Beneath the Black Sails
03. Heavy Metal Wraiths
04. Frostwyrm Cavalry
05. Widow's Lament
06. Spider God
07. Razor Sharp
08. A Welcoming Hearth
09. Neither Cross Nor Crown
10. The Last in a Line of Kings
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