Hell, Fire and Damnation

Saxon

19/01/2024

Silver Lining Music

Il était une fois une vague gigantesque déferlant d’Angleterre et frappant toutes les côtes européennes. Une vague si puissante qu’elle redéfinit les règles de la musique populaire amplifiée, au point de changer les traits d’une mode extrême née à l’orée des années 70 : le Heavy Metal.

Cette NWOBHM était dirigée par un triumvirat de groupes plus performants et populaires que tous les autres : IRON MAIDEN/SAXON/DEF LEPPARD. Les trois seigneurs de la route, les trois rois du studio, les princes de l’attitude revêche et des amplifications maximales. Mais en quelques années, et puisque visiblement le directoire en trio ne convenait pas au mouvement, deux des trois monarques prirent leurs distances en termes de domination du troisième sprinter, fort marri de voir sa participation réduite à une simple querelle de territoire.

Mais il arrive que l’histoire se souvienne de ses héros les plus valeureux. Si MAIDEN et le LEP ont dépassé les sommets les plus hauts, s’ils ont connu les honneurs des charts et des tournées pharaoniques, s’ils font partie du patrimoine Metal depuis les années 80, ils n’en sont pas moins aujourd’hui plus respectés pour l’ensemble de leur œuvre que pour leurs derniers albums. Et c’est ici que SAXON prend enfin sa revanche, car le Poulidor du Heavy Metal jouit depuis de longues années du soutien et de l’admiration indéfectible d’un public entièrement dévoué à sa cause.

Et à juste titre. Ses albums se suivent avec une régularité métronomique, et sont tous des témoignages puissants d’une époque absolument pas révolue.

C’est pour ça qu’un an et demi à peine après le torride Carpe Diem qui nous avait fait profiter du jour présent avec beaucoup de mordant, Biff Byford et les siens remettent le couvert pour un repas métallique toujours aussi copieux, et truffé de saveurs pures et authentiques. Hell, Fire and Damnation tient donc la promesse de son titre dès ses premières mesures, et nous entraîne une fois encore au Walhalla des guerriers les plus valeureux.

Paul Quinn, guitariste depuis les débuts du groupe, a tiré sa révérence l’année dernière, et le groupe a tout bonnement eu l’idée la plus géniale de sa carrière pour le remplacer. En engageant le gardien de la flamme Brian Tatler, de DIAMOND HEAD, SAXON se rapproche encore plus de ses racines, après les avoir célébrées en deux albums hommage en forme d‘inspiration divine. DIAMOND HEAD et SAXON dans le même package, c’est un cadeau incroyable que l’on ouvre avec impatience, histoire de voir si deux talents historiques valent mieux qu’un. Et en écoutant les dix nouveaux titres de cette livraison 2024, on constate que non seulement SAXON va bien, mais qu’il se sent encore plus jeune que lors de sa prime adolescence.

Partons d’un principe simple : SAXON, depuis les années 90, ne déçoit plus, bien au contraire. Les albums se succèdent à grande vitesse, mais ne sont jamais bâclés, et ne servent pas uniquement de prétexte à une tournée à venir. Les chansons que le quintet (Biff Byford: chant,  Brian Tatler & Doug Scarratt: guitares, Nibbs Carter: basse et Nigel Glockler: batterie) nous déroule ont la saveur de ces grands classiques qui entament et clôturent un set live, et restent en tête des jours après avoir été découvertes pour la première fois. Et il n’est pas interdit de voir en chaque nouvelle étape discographique une sorte de best-of d’une immense carrière, avec des allusions à toutes les époques, sauf évidemment celles qui avaient osé faire de l’œil au Billboard et au marché américain de leurs mélodies sucrées.

Produit par Biff et l’incontournable Andy Sneap, mixé et masterisé par ce dernier, Hell, Fire and Damnation déchaîne donc les enfers, les incendies de passion et la damnation de saison. L’intro « The Prophecy » met immédiatement dans le bain, et dès l’intervention du title-track, l’ambiance se réchauffe pour ne plus perdre un degré jusqu’à son terme. Si les structures sont évidemment classiques, si l’approche est traditionnelle, le son est énorme, les guitares rugissent comme de jeunes tigres en période de chasse, et Biff nous enveloppe de son timbre unique et de son vibrato historique.

Et alors qu’IRON MAIDEN s’empêtre souvent dans des délires de grandeur, alors que DEF LEPPARD tente avec plus ou moins de bonheur de trouver le juste équilibre entre ses années de triomphe et son statut de Classic Rock band, SAXON continue d’avancer sans se poser de question, en jouant la seule musique qu’il a su pratiquer à la perfection il y a de cela quarante ans et plus.

Un Heavy Metal de grande classe.

Impossible de piocher dans le tracklisting un morceau plutôt qu’un autre. Même si « Pirates Of The Airwaves » et son parfum ACCEPT en grande forme chatouille les papilles auditives avec une malice incroyable. Même si « Fire And Steel » trempe sa plume dans le bidon de fuel de RIOT. Même si « Madame Guillotine » est plus proche d’Unleash the Beast que de TOKYO BLADE. Même si la facilité de composition laisse rêveur et peut faire des envieux dans les rangs de la jeune garde nostalgique. Qui ne pourra jamais rivaliser avec les anglais, qui de leur métier prouvent que la jeunesse est un concept mental que la passion régénère de sa chaleur créative.

Thunderbolt, Carpe Diem, les années passent, le compteur défile, mais la qualité reste au rendez-vous. Il est quand même incroyable de constater qu’un groupe affichant cinq décennies au calendrier de la vie (si l’on prend en compte les années BLUE CONDITION et SON OF A BITCH) puisse encore se permettre de pondre quarante minutes de musique aussi inspirée et inspirante, sans avoir à ralentir le rythme et faire patienter ses fans six ou sept ans.

Mais SAXON n’a jamais fait les choses comme tout le monde. Et en 2024, il est assez raisonnable de le considérer comme le héros le plus humble mais le plus investi de la génération NWOBHM. Pas d’esbroufe, pas d’album à rallonge, pas forcément de concept foireux, et pas d’admiration de nombril, juste l’essentiel, des riffs, des soli, des lignes de chant fédératrices, et une passion que nul ne peut remettre en doute.

Hell, Fire and Damnation n’est pas qu’un album de plus. C’est un rendez-vous qu’on ne manquerait pour rien au monde avec des amis de longue date que l’on prend toujours plaisir à retrouver, même quittés la veille. A Dallas, à une heure de l’après-midi, ou ailleurs.   

 

              

Titres de l’album:

01. The Prophecy

02. Hell, Fire And Damnation

03. Madame Guillotine

04. Fire And Steel

05. There’s Something In Roswell

06. Kubla Khan And The Merchant Of Venice

07. Pirates Of The Airwaves

08. 1066

09. Witches Of Salem

10. Super Charger


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par mortne2001 le 22/01/2024 à 16:39
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