Bien, et si on faisait semblant de faire du neuf avec du vieux ? C’est semble-t-il le leitmotiv de plus de cinquante pour cent des groupes en activité actuellement, qui de manière cyclique, pillent sans vergogne le répertoire Rock et Metal des années 70 et 80. D’un côté, les fumeurs d’effluves psyché et Heavy, de l’autre, les nostalgiques de la NWOBHM, avec au milieu, les énamourés des mélodies AOR, et les flingués des paillettes Glam…Si avec ça, en tant que chroniqueur vous n’avez pas le sentiment d’être perdu dans des eighties que vous avez pourtant quittées il y a plus de trente ans, c’est à ni rien comprendre. Mais comme pour tout exercice de mimétisme, il y a ceux qui sont naturellement doués, ceux qui n’y comprennent rien, et ceux qui se donnent beaucoup de mal pour sonner comme, et qui finissent par sonner comme, le talent de l’originalité en moins. On en revient toujours à cette sempiternelle problématique, à savoir que la qualité d’une reproduction ne fera pas oublier qu’elle n’en est qu’une, aussi précise et pointilleuse soit-elle, et malgré la crédibilité de son appropriation. Alors, comment juger d’un tel travail, si ce n’est en occultant son aspect plagiaire un peu trop proéminent ? D’aucuns vous diront qu’il est impossible de mette de côté des emprunts un peu trop flagrants, alors que les autres vous affirmeront qu’il est tout à fait possible de craquer pour un album qui s’évertue à reproduire avec trente ans de retard les plans peaufinés de ses aînés…Et le cas se présente aujourd’hui sous la forme du troisième LP des londoniens de MONUMENT, qui n’y sont encore une fois pas allé avec le dos du médiator…
MONUMENT, c’est un peu le pinacle de la franchise un peu trop facile. En avouant leur amour pour une musique qui a dû bercer leur jeunesse, les musiciens se cachent derrière le paravent de l’honnêteté, oubliant en route qu’une passion aussi sincère soit-elle peine toujours à justifier d’une repompe totale. Alors, certes, leurs influences sont clairement affichées sur leurs pages officielles, mais cela suffit-il pour pardonner un pillage en règle des étagères de l’histoire ? A-t-on vraiment besoin d’un nouveau MAIDEN ou d’un succédané de JUDAS, d’autant plus que les deux combos sont toujours en activité ? Les anglais ne semblent pas se poser la question, et continuent de se faire plaisir en nous faisant plaisir, puisqu’il faut bien reconnaitre que l’entreprise d’appropriation n’est pas dénuée de qualités. Ils préviennent, c’est un fait, et nomment sur leur Facebook quelques illustres modèles, dont les deux précités, accompagnés d’une liste comprenant BLACK SABBATH, DEEP PURPLE, DIO, WHITESNAKE, SAXON, WISHBONE ASH, THIN LIZZY, RAINBOW, LED ZEPPELIN, soit la quintessence du Hard Rock anglais d’un époque glorieuse. Mais de là à transformer ce Hellhound en mash-up géant piquant à droite et à gauche de quoi alimenter ses théories, il y a un pas que le quintette (Peter Ellis - chant, Lewis Stephens & Dan Baune - guitares, Daniel Bate - basse, et Giovanni Durst - batterie) n’a pas hésité une fois de plus à franchir, prenant le risque de se voir qualifier de tribute-band à échelle maximale, étiquette Ô combien difficile à assumer, d’autant plus qu’en sus de la vague vintage, ces mêmes groupes de reprises ont tendance à proliférer. Et si le petit jeu du « quel plan subtilisé à qui ? » est amusant cinq minutes, et si certains fans acharnés se demandent depuis l’orée des nineties à quoi aurait pu ressembler le successeur de Fear Of The Dark si Bruce Dickinson n’avait pas quitté le navire, le côté ludique de l’entreprise est vite éclipsé par une lassitude ambiante face à ce jeu de dupes.
A vrai dire, même le LIZZY BORDEN de la grande époque n’aurait pas pu faire face à de telles critiques de copie intégrale. Eux avaient le mérite d’emballer la science progressive exacte et anglaise de MAIDEN dans un joli paquet cadeau d’agressivité à l’américaine, excuse que les MONUMENT n’ont même pas en tant que londoniens pur souche. Et nous étions en droit de nous attendre à autre chose de la part de trois ex-WHITE WIZZARD qu’une simple copie carbone des œuvres de la Vierge de Fer, petit exercice qui semble les satisfaire au plus haut point. C’est tellement flagrant qu’on a le réflexe assez logique de jeter un coup d’œil au lecteur pour voir s’il ne s’est pas bloqué sur la position « aléatoire », allant piocher dans le répertoire de Steve Harris and Co de quoi nous faire passer une bonne et classique matinée. Et nous atteignons parfois des sommets dans le concours de sosie officiel, lorsque des morceaux comme « Hellhound » (un inédit planqué des tiroirs de Fear Of The Dark), ou « The Chalice » (un leftover de No Prayer For The Dying, mais de qualité supérieure aux originaux, c’est un comble) nous chatouillent les tympans, au même titre que « Wheels Of Steel » qui se permet le double luxe d’emprunter aux SAXON l’un de leurs tubes pour le replacer dans un contexte Brave New World. Et lorsque les pauvres MAIDEN ne sont pas dépouillés au-delà du raisonnable, les MONUMENT trouvent le moyen de nettoyer les coffres des pirates de RUNNING WILD (« William Kidd », jetez un coup d’œil à la pochette du single pour en avoir le cœur net), ou de braquer les casquettes et les chaines de Rob Halford pour les refourguer au Dickinson de « Déjà-Vu » (« Death Avenue »). Alors, je vous vois venir, vous allez me dire que tant que tout cela est bien fait, il n’y a pas grand-chose à en redire. Et je vous répondrai qu’entre l’adoubement volontaire et le passage de grade forcé, il y a une énorme nuance que les principaux intéressés pourraient pointer du poing. Pas certain que les victimes se sentent vraiment flattées d’une telle entreprise de répliques plus vraies que nature, et pas certain non plus que la qualité des morceaux fasse oublier les citations un peu trop fidèlement reproduites.
Alors oui, les londoniens terminent leur effort par une poignée de reprises qui en disent long sur leurs obsessions, mais lorsque les dites reprises ont du mal à se distancier du répertoire « original », nous sommes en droit de nous poser les bonnes questions. C’est ainsi que le « Déjà-Vu », de MAIDEN s’intègre parfaitement à l’ensemble, puisqu’il ressemble comme deux gouttes de sang à « Death Avenue », et que seul le « Long Live Rock N’Roll » des RAINBOW apporte un peu de fraîcheur à l’ensemble, ce qui n’est jamais bon signe. Car lorsque des reprises constituent le seul point fort d’un album qui se contente le reste du temps de recycler des plans déjà connus de tous, c’est que l’écueil de la copie parfaite n’a pu, ou n’a su être évité. Et si les groupes old-school les plus intelligents parviennent parfois à nous faire croire que, alors qu’ils font, MONUMENT avec Hellhound ne fait pas, tout en essayant de nous le faire croire. Dommage, parce que les musiciens sont tout à fait capable de produire quelque chose de bien plus personnel, mais ils préfèrent céder à la facilité plutôt que d’innover. Alors, faire du neuf avec du vieux, pourquoi pas, mais reproduire le vieux pour en faire exactement la même chose, autant flâner sous la tour Eiffel pour acheter de vieux souvenirs typiques parisiens made in China.
Titres de l’album:
1. William Kidd
2. The Chalice
3. Death Avenue
4. Nightrider
5. Hellhound
6. Wheels of Steel
7. The End
8. Attila
9. Straight Through the Heart
10. Creatures of the Night
11. Long Live Rock ‘n’ Roll (Rainbow Cover)
12. Deja vu (Iron Maiden Cover)
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