Hellions Of Fire

Black Viper

14/09/2018

High Roller Records

La signature d’un label en dit généralement long sur la musique qui vous attend au détour des sillons. Ainsi, le nom de High Roller Records ne prête généralement pas à confusion, la structure allemande n’ayant jamais caché sa passion pour le Metal bouillant des eighties, signant à tour de bras des combos aussi nostalgiques qu’eux, et aptes à recréer une ambiance qui décidément, s’incarne plus autour d’hier que d’aujourd’hui. Si le Heavy Metal des années 80 fut l’apanage d’ensembles aujourd’hui oubliés, célébrés, moqués ou vénérés, il reste la chasse gardée d’une jeune génération qui n’a pas oublié, et qui n’a de cesse de nous replonger dans les affres de notre jeunesse à grands coups de riffs massifs et de rythmiques plombées. Inutile de rouvrir le débat sur la pertinence d’une telle démarche, débat vain et stérile qui n’apporte rien, et apprécions plutôt les meilleurs offrandes rétro pour ce qu’elles sont, à savoir de merveilleux voyages dans le temps qui nous permettent de comprendre que ce satané Heavy Metal que nous aimions tant est toujours aussi addictif et attachant. C’est de Norvège que nous viennent aujourd’hui ces preux chevaliers de l’armure cloutée, mais ces jeunes culottés sont tout sauf des anonymes en mal de reconnaissance, plutôt des musiciens confirmés, venant d’horizons moins nuancés, mais bien décidés à se faire plaisir. A l’origine du projet BLACK VIPER, un homme, Cato Stormoen, batteur de DEATHHAMMER qui en 2012 s’éloigna quelque peu de son monde extrême pour enregistrer une poignée d’instrumentaux plus emprunts de l’agressivité US de 85/86. Assez content du résultat, et désireux d’explorer plus en avant cette facette de lui-même, Cato réunit donc un line-up pour fixer sur bande une première démo, Storming with Vengeance, publiée en 2016. Assez guilleret d’être satisfait, ou l’inverse, l’homme solidifia les bases de son concept pour aller plus loin et oser des lendemains, qui s’incarnent en ce mois de septembre autour de l’unité d’un LP, ce Hellions Of Fire qui ne dissimule rien de sa fascination pour un passé lointain.

Quel passé ? Celui d’un Speed Metal qui n’eut qu’une durée de vie très limitée, et qui servit principalement de charnière entre Heavy et Thrash, avant que des groupes comme HELLOWEEN, SCANNER, AGENT STEEL ou HEATHEN ne lui donnent ses véritables lettres de noblesse. Mais si on trouve trace patente de ces groupes dans la musique de BLACK VIPER, il faut remonter plus en avant pour déceler ses fondements, en multipliant les allusions au SAVAGE GRACE le plus impitoyable, ou au VIPER de l’époque qui n’osait pas encore franchir la frontière séparant le Hard traditionnel de son pendant extrême en gestation. Speed ou Power d’ailleurs ? Les deux notions se mélangent sur les sept morceaux de ce premier effort qui ne ménage pas les siens pour nous convaincre de sa pertinence. Les quatre norvégiens (Salvador Armijo - chant, Arild M. Torp – guitares, Kato Marchant - basse et Cato Stormoen – batterie) ont pris de gros risques en s’exposant sur la durée, proposant des morceaux piétinant allègrement les six, sept ou dix minutes, ce qui n’est jamais facile compte tenu des limites d’un genre qui eut tôt fait de tourner en rond. Mais au vu du pedigree des instrumentistes en question, nous étions tout à fait en droit de ne pas nous en poser, ce qui tombe bien puisque les norvégiens ont déjoué tous les pièges de leur intelligence de composition, proposant une sorte de Crossover Speed/Heavy/Power progressif, dans une union sacrée et consacrée entre les ambitions de HEIR APPARENT et la réalité crue et concrète de SAVAGE GRACE.

Hellions Of Fire, avant d’être la somme de compositions, c’est avant tout un son, une attitude et une ambiance. Trois données qui nous ramènent des années en arrière, lorsque l’évolution entre la NWOBHM et la FWOAHM et les scènes Thrash et Death était encore palpable et permettait aux ensembles de tranquillement choisir leur camp entre mélodies et furie. Mais il est évident que les qualités de ce premier album ne se résument pas à des constatations de surface et des considérations futiles, mais démontrent un flair et un talent indéniable pour empiler les riffs sans risquer l’accumulation stérile ou la démonstration facile. Il n’est bien évidemment pas question ici d’un quelconque raffinement, mais d’une efficacité de tous les instants, histoire de prendre le fan nostalgique à la gorge et de le noyer dans les eaux mouvantes d’eighties pas encore prêtes à expirer. Profitant d’une expérience acquise à la force du poignet, les instrumentistes juxtaposent leur art séculaire de la rythmique d’enfer, rodée à l’exercice d’un extrême en forme de pain quotidien, et de leur amour pour cette musique certes rétrograde, mais jouissive à l’extrême pour nous inonder de tierces, de riffs d’acier, de transitions travaillées, et autres accès de rage contrôlée, pour signer l’un des meilleurs albums de Speed Metal de l’histoire, qui aurait sans conteste eu sa place au tableau d’honneur de l’époque. Il sera certes possible de trouver certaines entrées un peu longues, mais la somme conséquente d’idées dont font preuve les norvégiens est assez impressionnante, suffisamment pour tirer la bourre aux meilleurs références de l’époque dont ils se réclament. Sans renier l’héritage des MAIDEN et PRIEST, c’est la seconde division US et allemande qui obsède le quatuor, qui parvient sans peine à signer des classiques instantanés, à l’image de ce surpuissant « Suspiria », que les DESTRUCTION, SAVAGE GRACE et même DEATH ANGEL (l’intro sifflante rappelle méchamment celle de l’imputrescible « Thrashers ») auraient pu cosigner de leur plume effilée.

Ça tourne et ça virevolte, mais ça frappe fort, et au bon endroit. Pas de lassitude à craindre, puisque le groupe a su gérer les transitions, malgré une forte distance entre les trois morceaux présents sur la première démo et le nouveau répertoire. Avouant des ambitions plus élevées en 2018 qu’en 2012, le combo a confié vouloir petit à petit s’orienter vers des constructions plus élaborées et nuancées par la suite, mais avec Hellions Of Fire l’heure est encore à la franchise, ce que le morceau éponyme prouve de ses guitares aiguisées et de son éruption de Speed en lave coulée. Difficile en effet de ne pas être admiratif à l’écoute d’une odyssée de la trempe de « Quest for Power - The Fountain of Might », qui en plus de dix minutes nous offre un tour d’horizon de l’histoire du Heavy Metal US d’une pertinence incroyable, osant les riffs redondants, les soli incandescents, les breaks puissants et les lignes vocales de dément. On se croirait dans une centrifugeuse musicale de l’histoire du Heavy américain, nous baladant dans tous les recoins de l’agressivité et de la modulation, un peu comme si tous les héros de l’underground de l’époque se retrouvaient pour une bataille, croisant le fer vaille que vaille à grands coups de standards et des clichés en étendard. Et ça fonctionne, puisqu’on se prend au jeu, faisant virevolter nos cheveux dans une crise de headbanging aigue. Le final tonitruant « Nightmare Mausoleum (The Sleeper must Awaken) » referme les portes lourdement, comme le reste du répertoire les avaient ouvertes, et nous suggère un amour inconditionné pour SCANNER, VIKING, LIVING DEATH, dans une déferlante de virilité fanfaronne, sans que les excès de zèle ne paraissent surfaits ou trop prononcés. Ici, le jeu consiste à l’accepter, et à entamer une partie de revanche sur le destin, niant un âge avancé pour certains d’entre nous pour retourner dans le giron d’une adolescence passionnée. Et on s’y croirait presque, avoir quinze ans encore et s’émerveiller de la puissance dégagée par une musique qui allait devenir la compagne d’une vie. Merci les BLACK VIPER pour cette démonstration de talent in situ, et nous attendons donc de voir quelle direction vous allez prendre par la suite.   

 

Titres de l'album :

                        1. Intro/Hellions of Fire

                        2. Metal Blitzkrieg

                        3. Quest for Power/The Fountain of Might

                        4. Storming with Vengeance

                        5. Suspiria

                        6. Freedom’s Reign

                        7. Nightmare Mausoleum (The Sleeper must Awaken)

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 05/10/2018 à 15:16
80 %    1295

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


La prude
@92.106.189.192
17/10/2018, 17:42:33
Quelle excellente chronique! Merci

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)

06/05/2025, 05:51

Moshimosher

Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)

05/05/2025, 23:34

La Boca

J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée  à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .

05/05/2025, 18:16

Humungus

Il était temps...

05/05/2025, 09:15

Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41

DPD

Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)

03/05/2025, 21:36

DPD

Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.

03/05/2025, 21:31

Caca

En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".

03/05/2025, 19:37

Jus de cadavre

Ou alors personne n'aurait sorti de flingue, et ça aurait fini autour d'un pastis.

03/05/2025, 16:30

Gargan

En Fronze, il serait encore en vie et le policier en GAV.

03/05/2025, 15:56

Humungus

Faut dire quand même qu'il n'y a rien d'plus soulant que de ramasser des putains d'feuilles hein...Surtout si c'est celles de l'aut' con !

03/05/2025, 10:09

Jus de cadavre

Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain

03/05/2025, 08:34

Nubowsky

“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)

03/05/2025, 08:09

Nubowsky

Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..

03/05/2025, 08:03

Gargan

Y’en a qui viennent ? (Dans la Vienne

02/05/2025, 21:44

Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30