Si d’aventure vous faisiez connaissance avec les TYRANT via leur entrée sur The Metal Archives, la première chose qui vous sera indiquée sera de ne pas les confondre avec un nombre assez conséquent d’homologues. Ainsi, le site ne recense pas moins de cinq TYRANT possibles sur la page de garde, tous américains, et œuvrant au choix dans le Doom, le Power Metal, le Speed Metal ou même le Thrash. Mais le TYRANT qui nous intéresse aujourd’hui est celui venant de Pasadena en Californie, groupe assez mythique dans l’underground dont la carrière a toujours été plus ou moins erratique. Et pour cause, le groupe ayant commencé sa carrière en 1978 et n’ayant produit que quatre longue-durée en plus de quarante ans, ce qui en fait l’un des ensembles les moins prolifiques de la galaxie Metal. En début de parcours, le groupe a soigneusement pris son temps pour construire son répertoire, et a attendu 1982 pour oser sa première démo, avant de laisser glisser encore trois ans pour lâcher son premier LP, Legions of the Dead. Les choses semblaient bien parties, avec une confirmation en 1987 via Too Late to Pray, tous deux édités d’ailleurs par le très respectable label Metal Blade, l’un des plus gros indépendants de l’époque. Mais comme les choses se passent rarement comme prévu, un nouveau hiatus allait freiner la progression du groupe, et c’est en 1996 que l’on retrouve sa trace, via un troisième chapitre, King of Kings. A cette époque, le line-up était encore à peu près stable, mais las, le groupe décida de déposer les armes à terre, persuadé que cette décennie n’était pas particulièrement complaisante eu égard aux groupes jouant du véritable Heavy Metal. Cependant, ne parlons pas de split, puisque le groupe ne fut jamais officiellement dissous, mais plutôt mis en sommeil. Une vague de rééditions heurta le marché au début des années 2000, et certains des musiciens participèrent à quelques tributes, dont un à JUDAS PRIEST, mais c’est en 2009 que la bête se réveilla enfin, bien décidée à reprendre son destin en main.
2009/2020, encore onze ans d’absence pour l’un des combos les plus attachants de la Californie des années 80. Aujourd’hui, c’est sur Shadow Kingdom que nous retrouvons nos guerriers, trop heureux de reprendre le combat pour tenter de terrasser l’adversaire/temps perdu. Autant dire que les américains n’ont pas lésiné sur le travail, puisque ce ne sont pas moins de cinquante minutes de musique qui vous attendent sur Hereafter, qui se pose en direct descendant des deux premiers tomes publiés il y a plus de trois décennies. De la formation initiale, nous ne retrouvons fidèles à leur poste que le bassiste Greg May et le guitariste Rocky Rockwell, toujours persuadés du bienfondé de leur démarche, et toujours flanqués à la batterie du frappeur Ronnie Wallace, compagnon de route depuis dix ans. La véritable surprise de ce quatrième album est son chanteur, avec l’arrivée au micro il y a trois ans de la légende Rob Lowe, ex-frontman de SOLITUDE AETERNUS et CANDLEMASS. L’adjonction de ce vocaliste de légende confère donc une nouvelle aura au groupe, et une crédibilité indéniable, l’organe de Rob faisant partie des plus purs de la mystique Doom, ce qui n’est pas sans logique au vu de la nouvelle optique adoptée. Et en écoutant avec attention le long et progressif « Hereafter », on comprend assez rapidement que Greg et Rocky ont fait le bon choix en confiant la narration à Rob, qui se glisse dans la peau de porte-parole avec une facilité et un talent déconcertants. Evidemment TYRANT reste fidèle à son style, en pratiquant toujours ce Heavy Metal emphatique et pesant, très en vogue à l’agonie des années 80, et les influences/contemporains du groupe sont toujours aussi facile à remarquer. Il y a évidemment du BLACK SABBATH dans cette musique processionnelle, mais aussi du TROUBLE, du ST VITUS, du MANILLA ROAD en moins sudiste, et en gros, la quintessence d’un Heavy non édulcoré, qui ne s’est jamais vraiment remis de l’écoute de Black Sabbath.
Toujours aussi épique, le groupe colle les grammes pour en faire des tonnes, et oser le lyrisme flamboyant, celui-là même en vogue aux Etats-Unis durant la période 1983/1984, avec toujours cette foi indéfectible envers des riffs francs et une rythmique puissante. On sent toute l’importance et l’influence de la NWOBHM, avec cette empreinte MAIDEN qui colle à la peau de tous ces groupes attachés aux racines, et « Dancing on Graves » nous en donne un exemple frappant. Et pour retrouver l’allant de ses jeunes années, le groupe n’a pas lésiné, et a fait appel au grand Bill Metoyer pour offrir à Hereafter la production vintage qu’il méritait. En résulte un son évidemment daté et connoté, mais qui convient parfaitement aux compositions proposées, toujours à cheval entre énergie Heavy et emphase Doom, pour une démonstration de force qui le confine à la jeunesse éternelle (« The Darkness Comes »). Evidemment, le tout évite tout conflit d’originalité, préférant piocher dans la tradition de quoi alimenter la légende, mais l’album est tellement brillant dans sa conception et son interprétation qu’on se laisse prendre au jeu, la crédibilité de TYRANT en tant que gardien de la flamme ne pouvant être remise en cause. Le feu brûle donc toujours, dégageant parfois une chaleur torride et une fumée opaque, transformant de simples chansons en quêtes de vérité, à l’image de « Fire Burns » qui réconcilie DIO et le CANDLEMASS première génération. Mais si la lourdeur est toujours l’une des obsessions du groupe, il sait parfois alléger ses charges pour proposer du groove contagieux, se rapprochant de tous les groupes de la génération nostalgie pour leur donner une leçon de boogie (« Pieces of Mine », de quoi rendre jaloux les HAUNT).
De la constance donc, mais aussi quelques modulations pour ne pas se montrer trop insistant, et surtout, un brin de délicatesse épique avec « Until the Day » et sa longue intro envoutante menant sur un mid-tempo gras mais bondissant. Nous aurions pu craindre une redondance tout à fait légitime eu égard à la durée de l’album, mais les américains ont réussi le tour de force de varier les approches pour ne pas se montrer trop roboratifs, et si certains morceaux usent de thèmes très classiques, les arrangements parviennent toujours à alléger l’ensemble (les sifflantes et la basse proéminente de « When the Sky Falls »). Rien de foncièrement déstabilisant, mais une qualité qui ne se dément pas, des accès de créativité bien dosés (« Bucolic », une sorte de proto-QUEENSRYCHE passé à la moulinette SATAN/PARIAH), et en définitive, une leçon de jeunesse par des musiciens ayant depuis un bon moment atteint un âge tout à fait respectable. Un retour qui fait du bien aux oreilles, qui ne se contente pas de rabâcher, qui actualise sans trahir, et une belle leçon d’opiniâtreté et d’abnégation mise en musique.
Titres de l’album :
01. Tyrant’s Revelation IV
02. Dancing on Graves
03. The Darkness Comes
04. Fire Burns
05. Hereafter
06. Pieces of Mine
07. Until the Day
08. When the Sky Falls
09. Bucolic
10. Beacon the Light
11. From the Tower
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