Heresy

Crucifliction

13/03/2022

Autoproduction

Au-delà du jeu de mot assez bien trouvé, au-delà de cette sublime pochette présentant une entité diabolique trônant dans des enfers peu recommandables, prenons acte du troisième album des canadiens de CRUCIFLICTION, qui vient couronner une jeune carrière entamée en 2008, et simplement sanctionnée de trois longue-durée…ou presque. Car en effet, ce Heresy n’est pas vraiment une nouveauté fourrée aux inédits, mais bien une actualisation du premier album du quatuor paru en 2013, Heresy Is Met with Fire, remis en musique pour bénéficier d’un éclairage plus actuel. Pris en sandwich entre le second LP du groupe et le futur Trinity à paraître, Heresy est donc une sacrée récréation pour les canadiens qui ne se sont pas contentés de réenregistrer leur premier né, mais qui en ont aussi changé l’agencement, les arrangements, certaines parties, pour proposer autre chose qu’une simple copie rehaussée et débarrassée de certaines fautes de goût, ou simplement nettoyé de la poussière du temps qui passe.

Heresy Is Met with Fire devient donc simplement Heresy, et n’ayant pas eu la chance d’écouter l’original, je me contenterai donc de juger de la musique proposée par ce « nouvel album » qui n’en est pas vraiment un. Chris Robertson (guitare/chant), Calvin Ma (basse/chœurs), Kevin Gregoire (batterie) et Dan Zbytovsky (guitares additionnelles) restent donc évidemment fidèles à leur style, à cheval entre gros Thrash qui fâche et Speed qui couine, le tout assaisonné de mélodies très prononcées, et d’un certain goût pour le Metal évolutif et progressif des années 90.

Très loin donc des facilités allemandes en la matière, les CRUCIFLICTION nous proposent donc un plat très corsé, plus proche de la troisième vague Thrash US que de la sidérurgie allemande des RUNNING WILD, HELLOWEEN et autres RISK. Si sur le papier, l’art des canadiens semble clair, il en va autrement une fois connaissance faite avec cette musique un peu rétro-futuriste, entre les courants, subtilement technique, animée par un chant traité tout à fait agréable, et de nombreux breaks et cassures qui assurent une dynamique incroyable à l’ensemble.

Très capables, les musiciens font donc honneur à leur rang, et transfigurent leur propre inspiration pour lui faire adopter des courbes charnelles séduisantes et aguicheuses. Enrobé dans une production plus qu’honnête pour un album autoproduit, Heresy est donc un vrai travail de recréation (une fois le premier album écouté dans son jus et constaté les différences entre les deux efforts), et presque un véritable troisième album, plus en tout cas qu’un simple en-cas en attendant les hostilités inédites à venir.

Les fans du groupe s’amuseront donc beaucoup à relever les différences entres les hérésies, et apprécieront ce nouveau visage donné à un premier chapitre accusant aujourd’hui neuf ans d’âge. Entre un VOÏVOD plus radical, un TOXIK moins élitiste, ou un AFTERMATH ferme et décidé, CRUCIFLICTION brosse un tableau aux détails travaillés et à la trame nuancée, comme en témoignent les deux premiers morceaux de cette relecture. Dense, efficace, ciselé, Heresy fait son petit effet, et distille des morceaux d’anthologie comme cet incroyable et versatile « Iraqistan », ou le surpuissant « Procession of the Damned », écrasant tout sur son passage, et donnant une belle leçon aux têtes d’affiche des eighties qui se contentent de refourguer des morceaux lambda à chaque relevé de compteur.

Entre efficacité immédiate et progression envoutante, CRUCIFLICTION survole les débats, stabilise sa vitesse et sa hauteur de vol via quelques mid-tempi syncopés et parsemés de soli tout à fait capables (« Human Target »), adapte ses humeurs et ses atmosphères aux conditions d’expression, en proposant quelques fioritures rythmiques dignes de la précision chirurgicale de PRONG et de la franchise d’un CHANNEL ZERO (« Malice »), le tout sans se séparer de cette humeur presque psychédélique sur les  lignes de chant qui contrastent méchamment avec la partie instrumentale, puissante, fluide, et terriblement pugnace.

L’ennui n’est donc pas à l’ordre du jour, tant les morceaux sont différents les uns des autres. En diversifiant leur approche et en se plaçant sous l’égide d’un Heavy/Thrash vraiment fin et précis mais puissant comme un cri de Tom Araya, le trio nous offre donc un travail conséquent, admirable, et envoutant, qui donne vraiment envie de découvrir la suite des évènements, qui pourrait les propulser en tête de liste des groupes à suivre de très près.

Mais en attendant la dite suite, et en se repaissant du monumental final épique et progressif « The Dystopian Arsenal », savourons l’instant et l’énorme travail fourni par ces canadiens pour relooker l’un de leurs anciens costumes. Qui leur sied encore à merveille       

 

     

Titres de l’album :

01. Crucifliction

02. Procession of the Damned

03. Shreds of Existence

04. Iraqistan

05. Human Target

06. Malice

07. Til Death

08. Epidemic

09. Soulless

10. The Dystopian Arsenal


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 11/03/2023 à 18:29
82 %    438

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Excellent!

 

23/11/2024, 11:22

Simony

 

23/11/2024, 10:37

Simony

 

23/11/2024, 10:37

Moshimosher

Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)

21/11/2024, 18:01

Tourista

Quelqu'un sait s'ils sont confirmés au Anthems Of Steel ?

21/11/2024, 17:17

Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51