Au-delà du jeu de mot assez bien trouvé, au-delà de cette sublime pochette présentant une entité diabolique trônant dans des enfers peu recommandables, prenons acte du troisième album des canadiens de CRUCIFLICTION, qui vient couronner une jeune carrière entamée en 2008, et simplement sanctionnée de trois longue-durée…ou presque. Car en effet, ce Heresy n’est pas vraiment une nouveauté fourrée aux inédits, mais bien une actualisation du premier album du quatuor paru en 2013, Heresy Is Met with Fire, remis en musique pour bénéficier d’un éclairage plus actuel. Pris en sandwich entre le second LP du groupe et le futur Trinity à paraître, Heresy est donc une sacrée récréation pour les canadiens qui ne se sont pas contentés de réenregistrer leur premier né, mais qui en ont aussi changé l’agencement, les arrangements, certaines parties, pour proposer autre chose qu’une simple copie rehaussée et débarrassée de certaines fautes de goût, ou simplement nettoyé de la poussière du temps qui passe.
Heresy Is Met with Fire devient donc simplement Heresy, et n’ayant pas eu la chance d’écouter l’original, je me contenterai donc de juger de la musique proposée par ce « nouvel album » qui n’en est pas vraiment un. Chris Robertson (guitare/chant), Calvin Ma (basse/chœurs), Kevin Gregoire (batterie) et Dan Zbytovsky (guitares additionnelles) restent donc évidemment fidèles à leur style, à cheval entre gros Thrash qui fâche et Speed qui couine, le tout assaisonné de mélodies très prononcées, et d’un certain goût pour le Metal évolutif et progressif des années 90.
Très loin donc des facilités allemandes en la matière, les CRUCIFLICTION nous proposent donc un plat très corsé, plus proche de la troisième vague Thrash US que de la sidérurgie allemande des RUNNING WILD, HELLOWEEN et autres RISK. Si sur le papier, l’art des canadiens semble clair, il en va autrement une fois connaissance faite avec cette musique un peu rétro-futuriste, entre les courants, subtilement technique, animée par un chant traité tout à fait agréable, et de nombreux breaks et cassures qui assurent une dynamique incroyable à l’ensemble.
Très capables, les musiciens font donc honneur à leur rang, et transfigurent leur propre inspiration pour lui faire adopter des courbes charnelles séduisantes et aguicheuses. Enrobé dans une production plus qu’honnête pour un album autoproduit, Heresy est donc un vrai travail de recréation (une fois le premier album écouté dans son jus et constaté les différences entre les deux efforts), et presque un véritable troisième album, plus en tout cas qu’un simple en-cas en attendant les hostilités inédites à venir.
Les fans du groupe s’amuseront donc beaucoup à relever les différences entres les hérésies, et apprécieront ce nouveau visage donné à un premier chapitre accusant aujourd’hui neuf ans d’âge. Entre un VOÏVOD plus radical, un TOXIK moins élitiste, ou un AFTERMATH ferme et décidé, CRUCIFLICTION brosse un tableau aux détails travaillés et à la trame nuancée, comme en témoignent les deux premiers morceaux de cette relecture. Dense, efficace, ciselé, Heresy fait son petit effet, et distille des morceaux d’anthologie comme cet incroyable et versatile « Iraqistan », ou le surpuissant « Procession of the Damned », écrasant tout sur son passage, et donnant une belle leçon aux têtes d’affiche des eighties qui se contentent de refourguer des morceaux lambda à chaque relevé de compteur.
Entre efficacité immédiate et progression envoutante, CRUCIFLICTION survole les débats, stabilise sa vitesse et sa hauteur de vol via quelques mid-tempi syncopés et parsemés de soli tout à fait capables (« Human Target »), adapte ses humeurs et ses atmosphères aux conditions d’expression, en proposant quelques fioritures rythmiques dignes de la précision chirurgicale de PRONG et de la franchise d’un CHANNEL ZERO (« Malice »), le tout sans se séparer de cette humeur presque psychédélique sur les lignes de chant qui contrastent méchamment avec la partie instrumentale, puissante, fluide, et terriblement pugnace.
L’ennui n’est donc pas à l’ordre du jour, tant les morceaux sont différents les uns des autres. En diversifiant leur approche et en se plaçant sous l’égide d’un Heavy/Thrash vraiment fin et précis mais puissant comme un cri de Tom Araya, le trio nous offre donc un travail conséquent, admirable, et envoutant, qui donne vraiment envie de découvrir la suite des évènements, qui pourrait les propulser en tête de liste des groupes à suivre de très près.
Mais en attendant la dite suite, et en se repaissant du monumental final épique et progressif « The Dystopian Arsenal », savourons l’instant et l’énorme travail fourni par ces canadiens pour relooker l’un de leurs anciens costumes. Qui leur sied encore à merveille
Titres de l’album :
01. Crucifliction
02. Procession of the Damned
03. Shreds of Existence
04. Iraqistan
05. Human Target
06. Malice
07. Til Death
08. Epidemic
09. Soulless
10. The Dystopian Arsenal
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