Voici un exemple type de groupe issu de l’underground, qui d’ailleurs y reste depuis sa création, et qui peut s’enorgueillir d’un parcours stable, qui a toutefois connu quelques périodes de hiatus. Fondé en 2002 du côté de Murau, le collectif EREBOS est l’archétype même du combo anonyme sur le papier, mais qui prend sa véritable dimension sur album, et encore plus en live. Avec un line-up stable depuis ses origines, le sextet trace donc sa route à son rythme, sans attendre l’explosion qui les révélera au grand public, et nous livre à intervalles hautement irréguliers des témoignages de sa vitalité. Après une première démo publiée en 2003 (Crucifixion Made in Austria), EREBOS n’a pas attendu longtemps avant de placer sur le marché son premier longue-durée, The Chaos Chronicle, jeté en pâture aux fans de Death l’année suivante. Puis en 2006 vint la suite des aventures, sous la forme d’un second essai, et Descent to Beyond acheva d’asseoir leur réputation dans les limbes de la folie extrême centre-européenne. Et alors qu’on pensait le groupe définitivement lancé et prêt à se montrer prolifique dans l’excès, une soudaine coupure les brisa dans leur élan, et ce ne sont pas moins de treize années qui furent nécessaires à l’élaboration d’un nouveau chapitre, que nous avons eu le loisir d’accueillir en mars dernier via le label germain Black Sunset. Les raisons de ce mutisme forcé ou non ? A moins d’être un intime du groupe, aucune réponse pour clarifier ce mystère, mais c’est remontés comme des pendules suisses que les autrichiens sont repartis à l’abordage du souvenir avec un Heretic flambant neuf, attestant de leur envie nouvelle et de leurs capacités toujours intactes.
Grondant en formation serrée (Steif - roadie/support chant, Daniel Ambrosch "Blumi" - basse, Gerhard Baltzer - batterie, Paul Heitzer & Marco Strohmayer "Pilani" - guitares, Christian Lindschinger "Baby" - chant), EREBOS évolue donc dans les sphères sombres d’un Death Metal à tendance brutale mais mélodique, et nous fait le cadeau de huit morceaux aussi efficaces qu’entraînants, un peu comme si l’école américaine de la violence effectuait un stage sur les bancs de la fac Néo-Death mélodique des années 90. C’est un peu la rencontre et le partenariat inopiné entre SUFFOCATION et AT THE GATES que nous célébrons là, et si le rendu est aussi formel qu’une copie d’élève pour un bac blanc, le résultat n’en est pas moins appréciable à défaut d’être renversant. A la base de ce melting-pot séduisant, un art consommé pour imposer des rythmiques massives, une tendance à les alléger d’harmonies de guitares parfaitement délicieuses, des inclinaisons vers des brisures soudaines et brutales, et une affection pour l’empilement des parties qui s’imbriquent avec logique et à une vitesse assez hallucinante. Rien de bien neuf sous le soleil autrichien donc, mais de la concision, de l’envie, et surtout, une énergie à décorner tous les démons de la terre, qui témoigne de la volonté du sextet de revenir au premier plan de l’ombre pour enfin récolter des lauriers modestes bien mérités. Et en décorant sa troisième œuvre d’un artwork signé Dr.Winter / Teratogen, EREBOS nous offre donc un packaging complet, et souhaite oublier ses années de disette de production pour repartir de plus belle.
Et si l’ensemble pourra paraître assez anonyme à tous les fans d’un Death extrême mais raisonnable mélodiquement, les amateurs de sensations fortes maîtrisées sauront reconnaître les qualités d’un groupe qui ne souhaite pas chambouler l’ordre mondial, mais qui peut apporter sa modeste contribution à une entreprise de déconstruction globale. En faisant preuve d’objectivité, on admettra que les huit titres proposés par Heretic ont tendance à se ressembler dans la trame, bien que des riffs redondants et autres accélérations dantesques permettent de garder l’attention éveillée, même si on sent un petit malaise s’installer au moment d’analyser un produit bien conditionné. Avec un niveau technique indéniable, et des aspirations un peu plus élevées que la moyenne des groupes du cru, le groupe aurait pu se montrer un peu plus ambitieux, et nous faire découvrir une approche un peu moins timorée. Mais en restant sincère, il reste difficile de résister à des bourrasques de la trempe de « Killing Spree », qui passe en revue toutes les figures imposées d’un genre multiple. Tout y passe, du couplet au tempo écrasant et à la double grosse caisse impitoyable, aux blasts épileptiques, transitant par des guitares aux sifflantes sadiques et au vibrato épique, sans oublier ce chant grondant, au phrasé précis et aux intonations caverneuses. On sent l’influence des SUFFOCATION, mais aussi de MORBID ANGEL, EDGE OF SANITY, et cette compromission entre violence et séduction représente le point d’ancrage le plus solide d’un album qui aurait sans doute pu se montrer plus culotté. Mais en termes de déculottée, « Suffocation » se pose là avec son ambiance démoniaque débridée, « Putrid Flesh » et son rythme martial pilonné, et le final « Pestilence » qui s’évertue à résumer toutes les tendances avant de refermer le chapitre. Aussi européen qu’il ne parait américain, ce troisième album des autrichiens d’EREBOS permettra à l’underground de retrouver la trace d’un groupe à l’inspiration attachante à défaut d’être primordial, et offrira à ce groupe sympathique une bonne raison de repartir sur les routes défendre ce nouveau répertoire.
Titres de l'album :
1.Killing Spree
2.Suffocation
3.Return to Castle Blunzn
4.Gallery of Pandemonium
5.Putrid Flesh
6.Kingdom of Strangulation
7.Harbinger
8.Pestilence
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30