La bière, source intarissable pour nos metalleux de tout poil, qui ne s’imaginent pas vivre ou jouer sans elle. Si les TANKARD en restent les porte-drapeaux essentiels, d’autres, moins germains, en défendent aussi les valeurs, avec force et conviction, bulles et régurgitation. Après tout, le malt, le houblon sont des valeurs comme les autres, et plus sympathiques à aborder qu’une énième dénonciation de la violence mondiale à laquelle tout le monde doit faire face jour après jour. Et la violence, les sud-centre-américains connaissent, pour y être confrontés chaque jour que Dieu fait. Alors, autant se faire plaisir et boire un liquide bien moussu, pour ensuite en parler de façon prolixe.
Mais si les allemands restent les champions en la matière avec leur Metal « fête de la bière », les mexicains ne sont pas en reste, et possèdent dans leur cave quelques bouteilles de choix, quoique celles de la superette du coin fassent tout aussi bien l’affaire. Mais pourquoi parler de ça de bon matin, juste après un café serein ? Parce que des originaires de Monterrey, Nuevo Leon en ont fait leur cheval de bataille depuis des années, et parce qu’ils narrent leur aventures bulleuses en mode Thrash majeur depuis plus d’une décennie, avec plus ou moins de succès. Ce succès leur a d’ailleurs permis de faire la première partie d’ONSLAUGHT, ce qui n’est pas donné à tout le monde, et pari qu’ils ont relevé de rythmiques tonitruantes en vocaux déchaînés.
Formé en 2005 autour de Tavo (batterie) et Rolly (guitare), les TORTURA ont toujours plus ou moins joué un Thrash de tradition, l’agrémentant de quelques fantaisies de canette, tout en cherchant constamment à améliorer leur niveau technique et à stabiliser leur line-up légèrement erratique. Et après une démo (Law Is Dead, 2006), un EP (Souls On The Hole, 2008) et un split en compagnie des BLOODSTONE et MERCILLESS (Join The Thrash Army !, 2009, tape only), le gang a enfin osé franchir le pas du longue durée avec une gueule de bois qui arrivait à point nommée, baptisée Race Against Hangover, qui a commencé à affoler la presse et la fanbase locale de ses accélérations impromptues et de sa violence moussue, que les trois distillateurs ont commencé à rendre plus effective et enivrante, pour finalement se permettre une seconde tentative sur format long. Ce second LP sobrement intitulé Heretic Glory continue certes d’aborder des thèmes alcoolisés, mais pas que, puisque la prise de conscience thématique s’est aussi accompagnée d’un désir de progression technique, patente tout au long des onze pistes de cette seconde course contre la sobriété. Ainsi, nous retrouvons donc Rolly (basse/chant aujourd’hui) et Tavo, soutenus cette fois par le batteur Tripas, qui en effet offre les siennes pour donner corps à ce Thrash infernal qui nous prend les entrailles pour mieux les compresser et laisser passer le gaz jusqu’au gosier. Un Thrash franc du collier, qui joue parfois avec les limites de violence du Thrashcore, et qui rappelle tout autant les références locales, que les influences allemandes indispensables.
Distribué par le label local American Line Productions Heretic Glory reste une saine affaire de violence ouverte mais bon enfant, propulsée par des riffs tranchants, et un chant un peu geignard sur les bords, qui rappelle en tout point les deux premiers albums de DEATHROW, agrémentés d’une folie toute mexicaine qui toise de son décapsuleur l’intensité des MASACRE, mais aussi celle des WEHRMACHT, sans jamais tomber dans le mauvais gout, mais en restant aussi fou. Ce qui ne les empêche nullement de faire preuve de nouvelles ambitions, en distillant des segments largement plus longs, comme ce terminal « Sin Always Victory ! » au message en forme d’aveu, et en structure de désaveu d’un Thrash trop lapidaire négligeant un Heavy Metal fédérateur. Le trio a fait des efforts et ménage la blonde pour déguster la brune, et se perd dans les dédales d’un Thrash progressif mâtiné de Speed mélodique, qui souffre parfois d’une mièvrerie de son dans les interventions en solo, qui sans riff pour épaissir se plantent dans les tranchées d’aigus un peu trop prononcés. Mais après-tout, la perfection n’est pas le but de l’opération, et seul compte l’enivrement d’un Metal mordant, qui révèle par touches fugaces les débuts de la brutalité centre et sud-américaine, tout en lorgnant sur un radicalisme d’outre-rhin, qui comme chacun sait, fut, est, et sera toujours le contrepoint d’une morosité musicale mondiale.
Il est néanmoins possible de trouver certaines interventions un peu trop étirées, puisqu’en moyenne, les quatre ou cinq minutes sont allègrement dépassées, mais la bonne humeur du trio et sa brutalité maîtrisée nous maintiennent éveillés, et des brulots comme le concassant « Die As A God » et sa double grosse caisse aplatissante, ou « Betrayed By Faith » et ses motifs circulaires à la DESTRUCTION font le job mieux qu’une caisse de Lager pas fraiche retrouvée au fond d’une cave oubliée.
En modulant, ralentissant, accélérant, et variant les plans, les trois mexicains se montrent d’habiles compositeurs et d’agiles instrumentistes, qui n’usurpent pas leur statut de valeur nationale montante. Et si la production pêche parfois par tassement de fréquences qui nivellent les grésillements dans les instants les plus flottants, la rage d’un trio vraiment agressif et joueur n’en pâtit pas vraiment et se laisse porter par de vrais moments d’euphorie (« Cerveza Siempre al Frente », limite Punk quand même, avec un gros feeling IMPALED NAZARENE/MOTORHEAD en combine).
Quelques riffs typiquement Bay Area naissante (« Catholic Intolerance »), des ambiances plus lourdes et légèrement oppressantes (« Latae Sententiae »), une basse qui parfois brille et claque comme celle de D.D Verni (« Religion Sick », plus DEATHROW qu’OVERKILL, mais avec toujours ce feeling rebelle en arrière-plan et ce son de guitare bien grattant), pour une symphonie de l’outrance qui laisse grisé, mais pas affalé dans un vieux canapé souillé. Les trois acolytes osent même le plan crossover typique (l’intro rampante de « Thy Awakening »), et finissent par obtenir notre adhésion autour d’une table richement dressée de bières moyennes et bon marché qui nous font tourner la tête et headbanguer de fête.
Un second album qui confirme le bien qu’on pensait du premier, et qu’on ouvre comme une mousse bien fraîche en suivant les actualités. Oui, le monde va très mal, mais que ça ne vous empêche pas de festoyer avec les TORTURA qui avec Heretic Glory franchissent un nouveau palier. Celui qui je n’en doute pas, leur fera accéder à des breuvages bien chargés et des scènes un peu plus arpentées.
Titres de l'album:
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