Comme le disait ce petit gauchiste de Michel Sardou, en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. Et des idées, on en a des tonnes, particulièrement dans le domaine de l’art, et plus encore dans celui de la musique. Si les années 70 ont privilégié la variétoche au détriment de notre Rock avant-gardiste et progressif, si les années 80 ont placé sur un piédestal la torture à la gégène sucrée d’INDOCHINE et la repompe gratuite de TELEPHONE, les années 90 ont commencé à comprendre que dans notre beau pays, résidaient des musiciens de grand talent, dont la musique précise pouvait très bien convenir aux masses. Depuis, la France est devenu le pays de référence d’un Metal extrême, encore plus lorsqu’on se pose dans le canapé élimé du Black Metal.
Et les HYSTERIA connaissent bien ce canapé, eux qui y sont fermement installés depuis presque trente ans. En trois albums, les originaires de Saint-Priest sont passés d’un Death brutal à un BM mélodique mais sacrément puissant, et ont joué une partition impeccable formalisée par des albums comme Haunted by Words of Gods, When Believers Preach Their Hangman’s Dogma ou Flesh, Humiliation and Irreligious Deviance.
Ceci étant posé, nous commencions à nous inquiéter. Pas de signe de vie en longue-durée depuis 2016, un maigre EP en 2019, une compilation la même année, mais rien de vraiment significatif. Il était évidemment impossible de croire le quatuor éteint, la mine défaite dans un vieux fauteuil mal rembourré, néanmoins, la fanbase s’interrogeait légitimement sur la survie du groupe.
Et 2024 est enfin l’occasion de renouer avec cette saine violence matinée de poésie mélodique, puisque Heretic, Sadistic and Sexual Ecstasy vient enfin nous chatouiller les tympans.
Première constatation rassurante, le groupe n’a pas revu ses exigences à la baisse. Ce quatrième album est aussi fouillé et brutal que le précédents, et la tutelle de DISSECTION est toujours d’actualité. A cheval entre Death barbare et sanglant, et Black emphatique et prenant, HYSTERIA balaie d’un revers de manche les doutes accumulés ces huit dernières années, en balançant sur le marché ce qui pourrait bien être son meilleur dossier à ce jour.
Xavier Chautard (batterie), Jérôme Christophe (guitare), et Sylvain Ostengo (chant/guitare), les trois membres originels et Adrien Desmonceaux (basse, 2019) croient donc toujours dur comme fer en leur idéologie de métissage, entre ferveur épique et bestialité clinique, et développent tout au long de ces neuf titres une énergie incroyable, de celles qui fournissent en électricité des villes de moyenne importance. Un soin particulier apporté aux arrangements, une production énorme qui met en relief le talent de poulpe de Xavier Chautard, des riffs une fois de plus décongelés pile au bon moment, pour un résumé de trente ans de carrière, de mutations, et d’adaptations aux volontés de plus en plus ambitieuses.
Heretic, Sadistic and Sexual Ecstasy permet donc aux accros à DIMMU BORGIR et aux fondus de MORBID ANGEL de cohabiter le temps d’un album aux côtés des maniaques de SUFFOCATION et MAYHEM, histoire de taper la causette sur fond sonore tonitruant et sacrément perturbant. Le quatuor français n’a rien perdu de sa verve brutale, et a développé ses instincts les plus déviants pour nous offrir un orgasme sonore qui fait mal là où il faut du bien, entre tradition floridienne et assombrissement suédois.
La singularité n’a donc pas été troquée pour une trop grande efficacité. Les plans possèdent tous une accroche personnelle, et certains titres nous entrainent dans la brume d’un petit matin nordique, alors que le brouillard ne se dissipe qu’au-dessus d’un vieux cimetière familial. Mais au volant de leur gigantesque chasse-neige, les HYSTERIA se fraient un chemin à travers cet hiver éternel, pour nous rappeler les légendes norvégiennes et les histoires macabres américaines. « She Who Spits the Venom » est là pour en témoigner de sa longue intro grandiloquente, avant que le thème central ne nous écrase de sa majesté. Inutile donc d’attendre le faux pas qui permettrait de reprocher une trop longue absence pour un résultat moyen, puisque les français ont une fois de plus misé sur le bon cheval.
Cadence relevée, harmonies adoubées, le constat est sans appel : HYSTERIA a mis à profit cette longue absence pour peaufiner tous les détails de son comeback. « My Demonic Quest », démoniaque comme une Afida Turner en démonstration de classe verbale dans les caves d’une cité, « Vortex of Confusion », explosif et tonitruant comme un Darmanin avec un karcher, le répertoire nouveau est épicé, relevé, et les tendances brutales de plus en plus prononcées.
Détaillé mais appréhendable comme un bloc massif, Heretic, Sadistic and Sexual Ecstasy est une sacrée célébration de la violence mondiale la plus létale, et plus simplement, un extraordinaire album de Metal extrême, qu’il soit Black, Death, Blackened Death ou autre catégorie encore plus large.
Chaque titre est une pierre déposée sur la terre acide d’un mausolée antique, avec quelques hymnes funèbres joués en l’honneur d’une mort chérie (« Blashematical Scriptures », qui célèbre le souvenir du vieux PARADISE LOST et de MY DYING BRIDE avant de coucher tout le monde d’un tir de rafale Heavy), pour une cérémonie en grandes pompes.
Des idées, on en a, et du talent aussi. HYSTERIA défie les plus grands sur leur propre terrain, en leur donnant une leçon d’entrain. Alors, le pétrole, vous pensez bien qu’on s’en tape comme d’un autographe de Roger Hanin.
Titres de l’album:
01. In Perdition (A Path Through Nothingness)
02. Vortex of Confusion
03. Heretic, Sadistic, and Sexual Ecstasy
04. My Carnal Desire
05. She Who Spits the Venom
06. My Demonic Quest
07. Thelema
08. Armageddon Must Come
09. Blashematical Scriptures
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