Des italiens signés sur un label italien qui n’est pas Frontiers Records, ça existe encore. Des italiens jouant un Heavy à forts relents Power mais mélodique signés sur un label italien qui n’est pas Frontiers Records, c’est encore plus rare. A croire que ce cher Serafino laisse parfois échapper des recrues pendant le mercato, ou qu’il se montre clément envers ses concurrents directs, puisqu’il a laissé le soin au label national Underground Symphony le soin de distribuer et promouvoir le second LP des HELLRAISER, originaires de Città di Castello ville de la province de Pérouse. Etrange parcours d’ailleurs que celui de ce combo, qui existe depuis l’an 2000, mais qui n’a rien publié avant 2014, pour directement entamer sa carrière avec Revenge of the Phoenix, son premier longue-durée. Heritage aura lui aussi pris son temps, pour des problèmes notariaux sans doute, mais au-delà de cette blague lamentable, précisons que le titre n’a pas été choisi par hasard, et qu’il se réfère plus ou moins à l’origine du monde, et des peuples, en gros, à l’histoire de l’humanité. Onze chapitres dont une intro, pour dix légendes, histoires, contes divers, venant de tous les pays, et qui une fois assemblés forment une sorte de faux concept album entièrement dédié au passé de l’homme mais aussi à son présent. Et en termes de passé, les italiens en connaissent un rayon, eux dont la musique se veut justement héritage direct de certains des plus grands explorateurs musicaux des années 80. Quintet (Cesare Capaccioni – chant, Michele Brozzi & Marco Tanzi – guitares, Francesco Foti – basse et Riccardo Perugini – batterie), HELLRAISER malgré son patronyme connoté n’a rien à voir avec le Rock de greasers de MOTORHEAD ni avec le Gore romantique de Clive Barker, mais se voudrait plutôt le pendant transalpin d’un des sextet les plus appréciés par le public Metal, à savoir IRON MAIDEN.
Mimétisme ou hommage ? Parfois, les deux, et c’est une chose très troublante. Car après la grandiloquence magique de « Heritage », l’intro de rigueur, « Plagues of the North » plante le décor d’une entame rageuse à la JUDAS PRIEST (hurlante approuvée par Rob himself en bonus), avant de se fixer sur le genre de mid tempo que Nicko McBrain affectionne tant. Avec son duo de guitaristes qui se complètent à merveille mais savent se retrouver autour d’un unisson en saccade, un bassiste sobre mais présent, et surtout, un chanteur lyrique, en convergence de Geoff Tate, Midnight, Rob Halford et Mickael Kiske, HELLRAISER est l’archétype même du groupe qui ne souhaite qu’une chose. Redonner ses lettres de noblesse au Heavy Metal lyrique tel que des groupes comme QUEENSRYCHE, IRON MAIDEN, CRIMSON GLORY l’ont conçu il y a plus de trente ans, et sous cet aspect-là, reconnaissons que Heritage est une franche réussite. Sans vraiment admettre d’influence principale sur leur page officielle, les musiciens se montrent moins discrets musicalement sur leurs idoles, et assument pleinement cette fascination pour des albums comme Powerslave, Crimson Glory, The Warning et même pourquoi pas Painkiller, puisqu’ils n’hésitent jamais à pimenter leur Metal d’une grosse louche de Power bien tassé. Mais malgré cette pluralité d’horizons, ne vous dispersez pas trop, puisque c’est bien l’ombre de la Vierge de Fer qui assombrit les cieux des italiens, et « Rituals of the Stars » de montrer que son entière discographie n’est pas tombée dans l’oreille de sourds. Et c’est ainsi que des réminiscences de Brave New World, de The Final Frontier remontent à la surface, sans que Heritage n’en sonne comme une pâle copie.
Enregistré par Cesare Capaccioni au Barfly Studio, mixé par Ronny Milianowicz au Studio Seven et masterisé par Tony Lindgren aux Fascination Street Studios, ce second LP bénéficie donc d’une production tout à fait adaptée, légèrement vintage sur les bords avec ces riffs qui sonnent en médiums, mais tout à fait contemporaine lorsque les graves prennent le dessus et que la violence monte d’un ton. Mélangeant allègrement les temps de pression, HELLRAISER adopte donc la posture idéale d’un groupe de Heavy évolutif et progressif maître de son art, cumulant les breaks subtils, les soli graciles et les soudains crescendos rythmiques pour mieux nous surprendre au détour d’un refrain étonnamment mélodique et radiophonique (« Fairy Veil »). Leur sens du concept prend alors toute son ampleur au fur et à mesure que l’album déroule sa trame, et les compositeurs ont eu l’intelligence de varier leur propos pour ne pas lasser, même si un fil rouge relie l’ensemble assez fermement. Modulant un riff presque Thrash de lignes vocales évanescentes (« Mother Holle »), interrompant le cheminement d’un interlude acoustique pour laisser de l’aération (« Preludio », tout sauf gratuit et vraiment pur), avant de reprendre le cours des choses en décélérant la machine (« Delvcaem », à l’intro bien lourde et suintante), Heritage est un voyage au long cours, celui du Heavy de toujours, mais surtout, celui qui assume son legs tout en se tournant vers l’avenir, même si quelques tics encombrants et un peu trop symptomatiques gênent encore un peu l’écoute. Mais en se laissant aller à dériver vers les courants nineties des ANGRA par touches fugaces, ou au contraire en se rapprochant d’une véhémence plus typique du Power US de la fin des années 80, HELLRAISER parvient au bon moment à s’extirper de sa condition peu enviable de simple clone de MAIDEN, ce que certains passages un peu processionnels soulignent avec plus d’emphase.
Heureusement pour nous, malgré quelques déviances, Francesco Foti ne se la joue pas Steve Harris avec ses doigts, et même si la voix de Cesare Capaccioni prend souvent les intonations de celle de Bruce Dickinson, la paire Michele Brozzi & Marco Tanzi a la ressource nécessaire pour aller puiser dans ses cordes de quoi durcir le ton. Ce qui n’évite pas quelques poncifs et emprunts trop flagrants (« Balance of the Universe », pour le coup, aucune circonstance atténuante, même LIZZY BORDEN ne s’est jamais permis un tel décalque fidèle), mais quelques erreurs d’appréciation sont toujours excusables, surtout lorsque la qualité est bien là. Tentant même le coup de la ballade progressive et épique qui fait mousser l’écume (« Voice in the Wind »), pour mieux redresser la barre dans la tempête en souquant ferme toutes voiles dehors (« Zephyr’s Palace », une mise en place purement Thrash que MAIDEN n’a jamais osée), les italiens s’avèrent de bons navigateurs, même si leur boussole et leur compas ont été chipés à un autre équipage. Quelques chœurs un peu plus allemands que la moyenne, un final ambitieux qui s’éloigne enfin des sentiers trop battus (« Lady in White », au lyrisme de plus en plus appuyé, ce qui permet à Cesare de montrer l’étendue de son organe sur un tempo speed), et un album qui tient sa place dans la production actuelle, tout en louchant sévèrement vers le passé. HELLRAISER gagnerait par contre à publier plus régulièrement, puisque deux albums en presque vingt ans d’existence ne leur permettront jamais d’imposer ce nom, mais si les amateurs suivent la voie tracée par Heritage et en acceptent les frais de succession (modestes, il faut l’avouer, surtout lorsqu’on adore MAIDEN), il y a de grandes chances qu’il devienne une référence. Et pas uniquement chez les notaires.
Titres de l'album :
1-Heritage
2-Plagues of the North
3-Ritual of the Stars
4-Fairy Veil
5-Mother Holle
6-Preludio
7-Delvcaem
8-Balance of the Universe
9-Voice in the wind
10-Zephyr’s Palace
11-Lady in White
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