On écoute ce genre d’album en se disant, « Mince, si seulement je pouvais jouer comme eux. ». Mais on sait pertinemment qu’on ne peut pas jouer comme eux, parce que ces musiciens sont incroyablement doués, et nous, à peine capable de tenir une rythmique complexe pendant quelques mesures. Alors, on admire, on chante les louanges, et on envie ce bagage technique qui leur permet de jouer à peu près tout ce qu’ils veulent. Oui, vous l’avez compris, la technique s’invite aux agapes de la violence, via le quatrième album des époustouflants américains EXIST.
EXIST est en passe de devenir une institution, s’il ne l’est pas déjà. Trois albums fiers et impeccables, soutenus par le label mastodonte Prosthetic Records, et un quatrième dans la besace à savourer en ce mois d’avril. Des compétences musicales énormes, mais aussi un talent indéniable de production, et une volonté de vulgariser la complexité sans la brader pour séduire les plus feignants. Et des références, des tonnes. CYNIC, DEATH, PESTILENCE, ANIMALS AS LEADERS, PERIPHERY, MESHUGGAH, ATHEIST, et encore une grosse besace sur le vélo de l’élitisme. Mais un élitisme totalement justifié qui s’apparente plus à de la naïveté sincère qu’à une morgue insolente et péremptoire.
En ce sens : EXIST ne joue pas compliqué pour épater la galerie. Ils sont simplement si bons qu’ils composent des morceaux alambiqués, entre un RUSH épileptique et un ATHEIST en pleine crise de la quarantaine. D’ailleurs, le quatuor n’hésite pas à mentionner que ce Hijacking The Zeitgeist est en quelque sorte leur Permanent Waves ou leur Moving Pictures. Sacré clin d’œil, culotté, pour le moins, mais finalement très proche d’une réalité artistique qui une fois encore, laissera pantois les amateurs d’équations rythmiques et de fonctions harmoniques.
Hijacking The Zeitgeist incarne l’album de Death progressif et technique par excellence. Ses mouvements qui paraissent parfois erratiques sont au contraire très logiques. L’insertion au chausse-pied de mélodies évanescentes n’est évidemment pas sans rappeler le CYNIC de Focus, et apportent des respirations bienvenues. Le nombre de prouesses individuelles et collectives est bien sur hallucinant, pourtant, jamais l’impression de « trop plein » ne vient gâcher la fête.
Et en termes de fête, ces sept morceaux de durées variées s’y connaissent.
« Hijacking The Zeitgeist », title-track compact et agressif résume à merveille l’attitude de ces quatre musiciens. Max Phelps (guitare/chant), Alex Weber (basse/chant), Charles Eron (guitare/claviers) et Brody Smith (batterie) ont assimilé les philosophies du DEATH post Human, et les ont recyclées avec beaucoup de bonheur. NOCTURNUS, un GORGUTS simplifié, GOROD, ORIGIN, les comparaisons ne manquent pas, mais j’apprécie assez le gimmick consistant à voir en EXIST un RUSH diabolique et adepte de casse-tête, tant les deux groupes parviennent à faire passer n’importe quel plan acrobatique pour une simple pirouette d’EPS.
En perpétuelle opposition, la violence et la mélodie se battent à grands coups de cassures, de réorientation, de déviations et autres accents étranges. On perçoit même parfois une inclinaison Rock assez bancale, lorsque la guitare s’autorise un riff plaqué, soudainement perturbé par un pattern à la Portnoy. « Funeral Toll » en est une illustration parfaite, avec ses quatre minutes bien tassées, mais jamais roboratives. A l’inverse d’un expresso un peu trop corsé, Hijacking The Zeitgeist est un café de luxe, servi dans une tasse en porcelaine, quelque part entre Milan et Rome.
Avec un son si pur qu’on le croirait taillé dans le cristal le plus précieux, ce quatrième album est un petit chef d’œuvre d’orfèvrerie, ciselé, peaufiné, poli et brillant de mille feux. Pas le genre de bijou mastoc que les bimbos amourachées de milliardaires décatis s’arrachent, non, plutôt cette bague pour laquelle un amoureux transi aurait économisé pendant des mois pour l’offrir à sa promise.
Et la promise, en l’occurrence, c’est toi, public. EXIST tente de te séduire avec l’art et la manière, entre le contraste saisissant de « A Path To Nowhere » et la longue digression presque Djent de « One Degree Removed From Human », petit précis à l’usage de la secte des adorateurs de MESHUGGAH qui aimeraient écouter autre chose qu’un unique riff plombé sur un 4/4 de guingois.
Chant évidemment rauque et soudainement plus tendre, et prouesse permanente d’un batteur qui ne peut calmer l’ardeur de ses baguettes plus de quelques secondes. Brody Smith fait partie de cette caste de poulpes qui pourraient remplacer n’importe quelle boîte à rythmes sans perdre leur âme. L’homme déroule sur ses toms, temporise, utilise ses cymbales avec intelligence, et opacifie des idées percussives avec un brio époustouflant.
EXIST non seulement, mais se montre plus vivant que jamais. Un album plus Heavy que la moyenne, mais jamais prétexte à une débauche d’astuces éventées ou trop alambiquées. Un équilibre parfait entre férocité et propos intellectualisé, entre précision et crise de colère globale, pour un fan-club qui va pouvoir une fois encore disséquer les idées de ses idoles.
Sans forcément en comprendre tous les tenants et aboutissants.
Titres de l’album:
01. Blue Light Infinite
02. Thief Of Joy
03. Hijacking The Zeitgeist
04. Funeral Toll
05. A Path To Nowhere
06. One Degree Removed From Human
07. Window To The All
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