Continuons je vous prie en cette fin d’année de fouiller dans un passé proche pour y dénicher des perles noires passées entre nos filets. Le nombre de sorties annuelles empêchant tout désir d’exhaustivité, il convient avant de refermer les portes de vérifier si un album majeur n’aurait pas été laissé dans le placard. Et une fois encore, une petite merveille s’est révélée à moi tardivement, par le biais le plus simple qui soit. Une recherche Bandcamp, avec des termes précis. En l’occurrence : génie, dissonance, étrangeté, discordance, et plaquons le terme une fois encore, Avant-Garde.
Le Canada est réputé pour sa scène BM âpre et grise. Nombreux sont les groupes à chercher l’éthique lo-fi, ou le classicisme norvégien des années 90. Mais si la majorité des groupes nationaux répondent à ces deux critères, d’autres au contraire cherchent à échapper à toute catégorisation pour prôner des valeurs expérimentales et plutôt chaotiques.
La plupart des fans de Black esthétique connaissent déjà le trio infernal THANTIFAXATH. Ce trio énigmatique et encapuchonné comme des TERRA TENEBROSA ayant passé la frontière entre la vie et l’occulte nous a déjà exposé son point de vue via l’initial Sacred White Noise, accueilli par une poignée de fans comme le nouveau messie noire de la ville canadienne. Toronto s’est donc déjà réveillé au son d’un Metal terriblement agressif et gnostique, entre foi nihiliste et croyances hérétiques. Mais cette révélation accusait jusqu’il y a peu neuf ans d’ancienneté. Depuis, un simple EP pour rompre le silence, il y a six ans, et puis une longue absence…jusqu’à cette année.
Il était évident que les trois canadiens ne pouvaient revenir par la petite porte d’ambitions mineures. Il leur fallait composer des titres complets, complexes, truffés d’idées bizarres et de postures étranges, dans un désir de réconcilier les fans de DEATHSPELL OMEGA et DODECAHEDRON autour du cadavre d’un Black Metal trop conventionnel.
Et « Solar Witch » de mettre immédiatement la pendule à l’heure fatidique. Avec son lot de riffs biscornus et d’ambiances délétères, ce premier morceau pose le décor, dessine les alentours, et propose une balade entre vice et vertu, entre vide et rempli, à grand renfort de mélodies maladives et d’incantations vocales tuberculeuses.
Le plaisir de retrouver le groupe en grande forme permet d’apprécier à leur juste valeur des chansons longues, construites, ornementées, et toujours surprenantes, voire déstabilisantes. Et il ne faut pas plus qu’un seul titre de mise en jambes à THANTIFAXATH pour se jeter dans l’acide, avec l’interminable mais formidable « Surgical Utopian Love ».
Archétype du titre progressif par excellence, avec ses plages de calme contrastant avec ses accès de rage incontrôlable, quelque part entre Post-Black et extrême expérimental, « Surgical Utopian Love » est un petit miracle qui aurait pu servir d’EP à part entière, tant son déroulement révèle de nombreuses surprises à chaque écoute. Et s’il a fallu attendre des années pour pouvoir savourer telle performance, alors l’attente en valait largement la peine.
D’autant que les canadiens se montrent toujours à l’aise dans toutes les nuances. Que leur approche soit brute et sans concession, dans l’optique d’un EMPEROR classieux ou d’un MAYHEM de reformation (« The Lost Wisdom of Wolves », imposant, étouffant et suffocant, mais strié d’harmonies de biais hypnotiques et de quelques notes en son clair délicates), ou chaotique, heurtée et sensiblement abimée (« Burning Kingdom of Now » qui donne un aperçu du résultat d’un VIRUS ou d’un SHINING tâtant de l’avant-garde la plus dissonante), le résultat est le même et la conclusion de même : c’est beau dans la difformité, touchant dans l’ignominie, et sublime dans la laideur.
Et n’est-ce pas ce qu’on cherche dans tout album de BM discordant et culotté ?
Loin des coutumes old-school pompant IMMORTAL ou DARKTHRONE, THANTIFAXATH est un genre d’antivax campant sur ses positions, et affirmant qu’une immunité collective est moins efficace qu’une contamination ciblée. Et une fois le virus dans l’organisme, la réalité se déchire, et laisse place à des images sombres, floues, comme ces photos promo ne révélant rien des trois musiciens.
Anonyme par conviction et non pour le gimmick, THANTIFAXATH n’en est pas moins connu comme le loup blanc dans l’underground. Un loup noir plutôt, qui surgit du fond de la nuit, pour déchirer la lune de ses hurlements traumatiques. Un discours plus ou moins bancal mais terriblement apocalyptique, peuplé de fantômes agonisant sous le poids de leurs chaînes (« Hungry Ghosts »), et interrompu par des inserts instrumentaux cauchemardesques (« Sub Lilith Tunnels », Dark Ambient, mais plus Dark qu’Ambient).
L’expérience Hive Mind Narcosis est troublante, éprouvante, mais laisse un arrière-gout de déconstruction tout à fait savoureux. De l’Avant-garde qui en est par essence, et non par exigence, et qui nous permet en cette fin d’année de boucher quelques trous qui méritaient d’être comblés.
Un disque unique pour un groupe ne l’étant pas moins, et un petit saut dans le temps pour cette fin 2023 qui décidément, nous aura gâtés jusqu’au bout.
Titres de l'album :
01. Solar Witch
02. Surgical Utopian Love
03. The Lost Wisdom of Wolves
04. Burning Kingdom of Now
05. Hungry Ghosts
06. Sub Lilith Tunnels
07. Mind of the Sun
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