Une pochette qui sent bon le slasher venu du froid, une obsession pour l’horreur et le mal-être, et une tendance à jouer le Black Metal comme personne. Voici en gros le résumé 2023 du duo BESATT, qui depuis 2021 tente le coup d’un extrême décomplexé, et adapté aux exigences élitistes de toute une génération de fans qui attendent un peu plus d’un album de BM qu’une symphonie de hurlements sur fond de blasts tempétueux.
Mais dans les faits, et aussi original soit-il, BESATT refuse l’élitisme. D’une certaine manière en tout cas, en proposant une musique certes étrange et absconse, mais totalement cohérente dans sa dissonance. Alors que l’humeur du jour est plutôt variable et digne d’un bon produit estampillé Svart Records, le fond de l’air est sacrément frais, et symptomatique d’un pays qui n’aime rien tant que ses longues étendues glacées et ses forets inextricables dans laquelle les musiciens se perdent d’année en année.
Loin du corpsepaint de base, encore plus loin de l’agression systémique, BESATT a fait le choix de l’étrangeté pondérée. Ici, on ne cherche pas le plan choc à tout prix, on ne tente pas le scare jump musical facile, mais on construit un univers propre, à base de guitare lancinante et résignée, d’une voix passée et surmixée, et d’un beat malléable, entre groove gothique et réalisme cru de cité ouvrière.
Arvid Holter et Leif Erik Westergren ont une fois encore bien joué leur coup. En refusant le principe du slasher de base qui condamne les jolies blondes et embroche les vilains sportifs, le duo s’est aménagé un terrain de jeu enviable, de dimensions humbles, mais aux attractions nombreuses. Le prix d’entrée est évidemment nul, mais les sensations ressenties évoquent l’illogisme de certains déjà-vu, à la manière d’un David Lynch passé de l’autre côté du miroir.
D’ailleurs, la question se pose, légitimement : est-ce que BESATT joue vraiment du Black Metal, ou bien une sorte de Metal décalé, entre Heavy psychédélique ramené à la raison et Metal extrême en manque d’oraison ? Car les mélodies sont là, et bien là, l’impulsion est souvent Rock, et le rendu efficace, convaincant, et séduisant. Un titre aussi catchy que « Nemesis » vous oblige à affronter vos démons avant-gardistes, et faire face à une réalité très concrète : l’originalité n’est pas forcément l’avant-garde, mais simplement le désir de proposer autre chose qu’une litanie prévisible, et une bande-originale d’un hiver de plus de deux ans, qui défie le temps et la logique.
Truffé d’effets et d’atmosphères décalées, Hjemkomst tergiverse, louvoie, emprunte des chemins de traverse, et nous emmène dans un monde où la franchise du premier degré n’existe plus vraiment. Entre Pop-Rock et Black tordu, le duo se joue des conventions, et lâche en toute confiance un perturbant « Cyanid » qui cite au même niveau MAYHEM et GHOST, VOLBEAT et IMMORTAL.
Belle gageure, et accomplie par une intelligence de composition redoutable. Il ne faut guère longtemps pour accepter le principe de cet album, qui brille par sa brièveté. Pas plus de vingt-cinq minutes, pour une relecture des canons modernes, sans emprunter à DEATHSPELL OMEGA ou WOLVES IN THE THRONE ROOM. Bien vu, mais on sait les norvégiens très attachés à leur singularité, et cet album en est encore la preuve irréfutable.
Drivé par une énergie Punk, Hjemkomst transfère l’héritage Rock n’Roll sur les comptes courants d’un Black Metal sournois et ombragé. Rondement mené comme un moyen métrage horrifique, il se termine en drame domestique, lancinant, dramatique, mais fascinant. « Grömstad » et ses cinq longues minutes de procession lente ose le Doom allégé d’un Heavy Metal occulte et nordique, et nous laisse un goût amer dans la bouche.
Celui de ne pas connaître le coupable, et de ne pas savoir s’il est encore en vie.
Pas vraiment l’avant-garde qui permet de plastronner en société, Hjemkomst reste un film d’art et d’essai convaincant, expérimental mais pas trop, mais surtout guidé par une histoire simple et solide. Un scénario qui permet quelques allusions Funk, des tromperies Classic Rock, et autre mensonge de façade Heavy Doom.
Plus proche d’A24 que de Blumhouse, BESATT est une petite expérience intimiste au budget digne d’un blockbuster. Production immaculée, mixage parfait, ambiance oppressante, pour une valse des personnages entre plusieurs dimensions.
Sans jamais retrouver la bonne.
Titres de l’album:
01. Skyggeland
02. Nekromanti
03. Machete
04. Hjertesort
05. Nemesis
06. Cyanid
07. Teppefall
08. Grömstad
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