J’aime assez la logique parfois. Ainsi, un groupe allemand jouant du Thrash allemand et signé sur un label allemand est une logique qui me sied en ce jour. J’aurai sans doute changé d’avis demain, mais n’y pensons pas, et traitons du cas fort simple des PESSIMIST qui s’en reviennent à nous après une absence conséquente. Pensez-donc, après sept ans sans nouvelles, nous étions en droit de craindre le pire, puisque ni EP, ni single n’étaient venus nous rassurer. Ainsi, depuis Death from Above, les originaires de Weil am Rhein faisaient la sourde oreille, avant de revenir nous écraser les nôtres avec leur mélange de Thrash des années 80 et de Groove de la décennie suivante. PESSIMIST, c’est un peu l’archétype du groupe qui nous trompe de son nom, puisque sa musique est plutôt euphorique dans les faits. Et les lecteurs assidus de la bible The Metal Archives ne s’y sont pas trompés, accordant quatre-vingt-dix pour cent de satisfaction à leurs deux premiers albums. Est-ce à dire que la musique violente des germains est d’une telle qualité qu’elle peut se permettre de tutoyer les cimes ? C’est un fait avéré, et dans le créneau du Thrash précis, efficace et dansant, le quintet ne craint personne, et surtout pas la vague nostalgique actuelle. Pour revenir affûtés comme des couteaux suisses travestis en poignards allemands, le groupe n’a pas lésiné sur les ajustements, et c’est un line-up considérablement remodelé qui présente ce Holdout, hold-up qui affiche un casting au trois/cinquièmes renouvelés. Ainsi, si le chanteur Michael "TZ" Schweitzer est seul fidèle au poste depuis la création du groupe en 2006, et encore secondé par le guitariste Eric Tobian, présent depuis 2012, Holdout célèbre l’arrivée de trois petits nouveaux, le bassiste Samuel Maier, depuis 2015, Murphy Lange à la seconde guitare depuis 2016 et le batteur Jan Hagin depuis l’année dernière. Une équipe au sang neuf donc, pour une réalisation qui a une revanche à prendre sur le temps perdu, et neuf nouveaux morceaux qui ne font pas de quartier, mais qui découpent nos tympans en tranches fines.
Enregistré à l’Iguana Studio (NECROPHAGIST, BITTERNESS, VIROCRACY, PROFANITY), Holdout est un concentré de ce que le Thrash germain peut incarner de plus fier et féroce. Sans changer grand-chose à leur formule, les cinq musiciens l’ont peaufinée pour illustrer une sorte de paroxysme de qualité, alignant les couplets frondeurs et les refrains fédérateurs. Toujours aussi friand de crossover entre les époques, le groupe se satisfait très bien de plans formels qu’il dope d’une énergie atomique typiquement germaine, associant la rage d’un ASSASSIN de la grande époque à la fluidité d’un WARBRINGER sur le chemin de la guerre. Et en entamant les hostilités avec un morceau de plus de six minutes, le groupe a tenu à mettre les choses au point et à combler cette longue période de silence inquiétante. Et c’est via une intro explosive et guerrière que les débats s’enflamment, avant que les BPM ne s’affolent et que la température ambiante ne grimpe de dix ou vingt degrés. Adeptes d’une cadence d’abattage élevée, les allemands n’en rechignent pas pour autant à imposer des breaks méchamment Heavy et des saccades entrainantes, permettant à leur Thrash de facture formelle de prendre des atours groove qui dynamisent l’écoute. Ajoutez à ça la voix complètement possédée et Paul Baloff/Robert Gonnella de Michael "TZ" Schweitzer, des riffs circulaires sortis de nulle part, des breaks totalement hystériques, et une production énorme qui gonfle les biceps, et vous obtenez l’une des entames Thrash les plus dantesques de cette année 2020. En choisissant le mi-chemin entre le radicalisme germain et la fluidité moderne américaine, le groupe ne trahit aucun des deux camps, et s’assure d’une assise terriblement solide.
Les riffs se multiplient, toujours pertinents, les plans s’enchaînent, venant parfois piocher dans le répertoire du SEPULTURA de la fin des années 80, avant que l’assaut sonique de « Roaring Thunder » ne nous écrabouille les esgourdes de sa charge virale incontrôlable. En deux titres à peine, PESSIMIST excuse de son talent naturel sa longue et inexplicable absence, nous remet en mémoire les DEATHROW, ASSASSIN et ACCUSER, et fonce tête baissée dans la mêlée pour récupérer son trône. Jamais lassant, car toujours en mouvement, le Thrash des allemands redore un blason quelque peu terni par les sorties convenues des grands cadors (KREATOR, DESTRUCTION), et « Kill & Become » d’opter pour un revirement Heavy qui n’a rien d’un retournement de veste. En enrôlant Jan Hagin dans la bande, le reste du groupe a fait le bon choix, tant le percussionniste aligne les fills et les figures à une vitesse démentielle, rappelant parfois le jeu de John Dette, tout en acceptant l’héritage d’un Tom Hunting. Une faction au rendement maximal donc, qui a décidé de laisser l’humilité de côté, et qui aligne les coups fourrés, les traquenards, les batailles rangées, sans manquer de munitions ni de jus. On se retrouve rapidement happé par cette démence ambiante qui laisse des guitares complètement hystériques partir dans tous les sens, accumulant les sifflantes sur fond de blasts, avant de se stabiliser pour lâcher des licks pesants et insistants (« Death Awaits »). En acceptant parfois la grandiloquence mélodique d’un TESTAMENT pour mieux partir en vrille Thrashcore (« Holdout »), PESSIMIST caresse l’hystérie du bout de l’inspiration et signe une moitié d’album à l’intensité incroyable. Ne semblant jamais manquer de ressort, le quintet nous époustoufle de son allant, laissant même une basse bien ronde jouer les trampolines, avant de nous prendre de cours d’un break harmonique du plus bel effet.
Et justement, l’effet produit est maximal. Loin de combler les vides pour justifier d’un chrono généreux, PESSIMIST sonne parfois Crossover pour mieux reprendre Thrash, se permet d’évacuer les gaz en mode Hardcore pour mieux s’affoler Metal, et passe en revue toutes les composantes d’un style pour n’en retirer que la substantifique moelle. « Mountain of Death » est un petit miracle de radicalisme renvoyant les DARK ANGEL dans les cordes de la violence, alors que le final dantesque de « 7:28 » s’étale sur près de onze minutes pour offrir une clôture proportionnelle au génie d’un disque imparable. Et entre des séquences d’une rapidité déraisonnable, des mélodies insérées avec flair, et un chant qui hurle sans discontinuer, des chœurs typiquement d’outre-Rhin, cette ultime tranche de sauvagerie achève de nous convaincre du caractère fondamental d’un troisième album qui toise du regard le haut du panier de la production. Plus qu’un album, Holdout est un braquage de haut-vol, une sorte de Ocean’s 5 du Thrash de précision, et un hymne à la vitalité de cette musique qui nous donne toujours autant de plaisir. Et plus simplement, un concurrent sérieux au titre de plus grand album de l’année 2020 !
Titres de l’album :
01. Landsknecht
02. Roaring Thunder
03. Kill & Become
04. Death Awaits
05. Holdout
06. Mountain of Death
07. The King of Slaughter
08. Agony
09. 7:28
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