La Suisse s’énerve et refuse d’être cantonnée à un pays d’exilés fiscaux, de grosses cylindrées et de chocolat haut de gamme. Après tout, elle est aussi connue pour ses groupes légendaires, des CORONER à CELTIC FROST, et la légitimité Metal des suisses n’est plus à remettre en cause depuis longtemps. Alors, dans un désir constant de réclamer leur place sur le trône de l’extrême, les locaux nous envoient un autre noble représentant, existant depuis dix ans maintenant, et sortant son troisième LP, un des représentants les plus actifs du pays et venant d’Aargau. Fondé en 2010 par deux potes d’école, Cédric Iseli (batterie) et Jonas Schmid (guitare/chant), COMANIAC a connu le parcours classique des groupes qui montent les échelons un par un et qui gravissent les sommets à un rythme raisonnable. D’abord créé pour répondre à un besoin d’expression, le combo s’est initialement fait remarquer pour ses reprises d’OVERKILL, de CORONER, ou de SEPULTURA, avant de s’aventurer sur un terrain plus personnel et composer ses premiers morceaux originaux. S’en sont suivis des épisodes logiques, avec l’enregistrement d’une première maquette (Cowshed Demo en 2012), l’adjonction de musiciens supplémentaires, une seconde démo, avant que le quatuor ne puisse proposer à son public un album digne de ce nom. C’est ainsi que cinq ans après sa création, le groupe a lâché sur le marché Return to the Wasteland, en autoproduction, album leur permettant de gagner un following conséquent et de s’épanouir sur scène. Un second album vit le jour en 2017, le combo connut quelques problèmes de line-up avec principalement le départ d’un des deux membres fondateurs, avant de se stabiliser autour d’une nouvelle formation. C’est ainsi qu’en 2020, COMANIAC ne contient plus dans ses rangs que le guitariste/chanteur Jonas Schmid en garant de la légende, entouré de deux membres présents lors de l’enregistrement du second LP Instruction for Destruction (Stefan Häberli - batterie et Valentin Mössinger - guitare) et d’un bassiste fraîchement recruté (Joel Strahler).
Sempiternels problèmes de stabilité donc, mais pas d’impact sur la qualité de l’écriture. Les COMANIAC (acronyme futé pour COMPANY OF MANIACS) se sont toujours situés dans un créneau de Thrash technique et évolutif, et il n’est pas vain de voir en eux les dignes successeurs des cadors MEGADEATH, OVERKILL, ANTHRAX ou METALLICA, avec une petite touche personnelle héritée de leurs origines suisses. Pour autant, pas question ici de noirceur ou d’avant-gardisme à la CELTIC FROST, mais il n’est pas incongru de dresser un parallèle entre Holodox et certains morceaux de CORONER, pour cette propension à enrichir les titres de petites prouesses techniques et de soli assez remarquables. Mais les suisses ont cette efficacité qui les fait rentrer dans le moule d’un Thrash presque groove, avec des saccades et des syncopes très précises, et des breaks s’accumulant comme des tickets de caisse dans les poches arrières d’un jean. On en prend note dès le title-track qui commence les hostilités avec tous les potards à fond, mais sans négliger la finesse d’élaboration pour autant. Ambitieux, le quatuor l’est, ce qui ne l’empêche nullement de composer des hymnes dont on imagine l’impact sur scène, et de nous servir très chaud un « Art Is Dead » qui fera se lever bien des poings on stage. Evidemment, on ne peut s’empêcher de prendre ce titre au pied de la lettre et de craindre pour la scène musicale dans les années à venir, mais l’énergie développée par le groupe évite toute pensée trop sombre, d’autant que leur musique dégage une certaine forme d’euphorie et d’optimisme.
En abordant le cap difficile de ce troisième album, le groupe a fait le bon choix de l’équilibre entre efficacité et prétentions techniques. On pense d’ailleurs souvent à l’ANNIHILATOR de ces dernières années, la cadence en plus, mais la précision d’attaque des deux guitaristes n’est pas sans rappeler les saccades millimétrées de Jeff Waters, spécialement lorsque les mélodies s’incrustent dans les plans (« Narcotic Clan »). Une comparaison plutôt flatteuse donc, et qui tient la route sur trois-quarts d’heure, puisque même en cherchant bien, impossible de trouver le moindre filler à dénoncer. Les chansons sont souvent basées sur trois ou quatre idées différentes se complétant à merveille, et si les riffs sont uniformes, le quatuor trouve toujours la sortie créative en imposant une intro acoustique délicate ou en accélérant le tempo. D’ailleurs, Stefan Häberli se livre à un véritable festival de dextérité, et lorsque les BPM tombent comme des balles qui sifflent, la violence est patente, mais sait rester suffisamment légère pour ne pas singer la bestialité allemande ou sud-américaine. J’en prends pour exemple le foudroyant « Legend Heaven » qui n’est pas sans évoquer l’ACCUSER de Who Dominates Who, et qui fonce tête baissée dans les rangs d’un Thrash vintage un peu trop sage et poli. Les COMANIAC prouvent donc avec Holodox qu’on peut toujours jouer fin ET bourrin, et la sensation est particulièrement agréable. En découlent donc neuf titres qui possèdent chacun leur personnalité, et plus le timing avance, plus les ambitions crèvent les yeux.
C’est ainsi que les oreilles finissent par se poser sur le pavé « Love and Pride », qui de ses quasi sept minutes résume à merveille le parcours du combo suisse. Pause Heavy pour déroulé mélodique mais acide, syncopes toujours aussi efficaces et symptomatiques de l’ANTHRAX période John Bush, pour un rendu maximum. Entendons-nous bien, les musiciens ne prônent pas une originalité flagrante, mais savent agrémenter leur Thrash classique de petites astuces techniques savoureuses et de rebondissements efficaces, agrémentant le tout de chœurs placés judicieusement pur générer ce fameux « effet de groupe » si caractéristique du genre. Un compromis donc entre l’élitisme et la popularité d’un style qui exige quand même des plans furieux et simples, et une attaque sauvage de la trempe de « Under The Gun » prouve que les COMANIAC sont capables d’aller à l’essentiel sans cacher leur talent individuel. Harmonique juste ce qu’il faut, puissant, racé, ce troisième album est une réussite totale et une bouffée d’air frais dans le monde de la nostalgie programmée, et s’il n’y avait cette linéarité dans le chant de Jonas Schmid, l’ensemble aurait pu taquiner la perfection. Mais il n’en est pas si loin que ça, et la Suisse peut s’enorgueillir de compter dans ses rangs un groupe aussi talentueux.
Titres de l’album:
01. Holodox
02. The New Face Of Hell
03. Art Is Dead
04. Head Of The Snake
05. Narcotic Clan
06. Legend Heaven
07. Love and Pride
08. Under The Gun
09. Bittersweet
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