Sommes-nous seuls dans l’univers ? Si oui, ça serait un beau gâchis d’espace comme le disait très justement Jodie Foster dans Contact. Et en tant qu’espèce la plus évoluée de notre belle planète, je prends acte de la possibilité d’une autre forme d’intelligence susceptible de se manifester un jour pour prouver notre bêtise crasse et insondable. Après tout, une forme de vie qui s’ingénie à détruire son environnement n’est pas l’exemple idoine à donner à une échelle galactique n’est-il point ? C’est en tout cas un tour de notre monde que propose le groupe japonais/allemand/italien SAEKO, qui lui non plus n’est pas né d’hier. Et son histoire est assez intéressante d’ailleurs.
Formé par la chanteuse japonaise Saeko Kitamae, exilée en Allemagne pour fonder son premier groupe de Heavy Metal, SAEKO a démarré sa carrière sous les meilleurs auspices. A l’époque, le Metal nippon n’était pas encore aussi populaire qu’aujourd’hui, et un groupe de Power Metal mené par une chanteuse japonaise était suffisamment exotique pour attirer la presse internationale en manque de scoops. Et c’est en deux ans que la réputation du groupe s’est établie, avec deux albums impeccables, Above Heaven, Below Heaven et Life, qui ont permis à l’ensemble international de gagner ses galons de nouvelle référence Heavy/Power, avec des tournées en support de Doro, et des participations fameuses au Wacken. Bénéficiant alors d’une bonne tribune, le groupe semblait lancé sur les meilleurs rails, mais le mélange entre la culture japonaise et européenne connut quelques ratés, qui obligèrent la chanteuse à rentrer au Japon. Point final à ce premier chapitre, mais la suite restait encore à écrire.
Bien déterminée à ne pas se laisser effacer des livres d’histoire par le destin, Saeko Kitamae s’est remise au travail en 2020 en lançant une campagne de crowdfunding, afin d’enregistrer ce troisième album que la chance lui avait refusé. Après avoir atteint son but, elle s’entoura de nouveaux de musiciens de classe A, et SAEKO put enfin reprendre du service, et nous offrir une suite à l’excellent Life, datant de 2006 et ayant imposé sans le vouloir quinze ans de silence et d’absence. Et autant dire que Holy Are We Alone nous offre le visage d’un groupe compact, soudé, créatif et prêt à en découdre avec le monde entier.
Le monde entier, voici d’ailleurs le terrain de jeu de cet album qui a organisé une visite mondiale assez spéciale. Entourée de Guido Benedetti, guitariste de TRICK OR TREAT, d’Alessandro Sala, bassiste de RHAPSODY OF FIRE et de Michael Ehré, batteur de PRIMAL FEAR et GAMMA RAY, Saeko Kitamae donne toute l’étendue de son talent vocal, mais aussi celui de narratrice passionnée par son sujet, qui a choisi cette fois-ci d’adopter les inflexions traditionnelles de tous les pays qu’elle visite. Soutenue par quelques guests dont le célèbre Derek Sherinian, claviériste de SONS OF APOLLO et Lars Ratz bassiste de METALLIUM, Saeko nous offre un billet pour la découverte des traditions locales, et malgré un parti pris Heavy très Power et mélodique, genre qui n’a jamais constitué ma ligne low-cost préférée, j’admets avoir voyagé dans d’excellentes conditions et en avoir pris plein les oreilles.
Co-produit par Saeko Kitamae et Guido Benedetti avec l’aide à la console de V. Santura (TRIPTYKON, OBSCURA), Holy Are We Alone est un voyage de l’âme à la recherche de la vérité universelle. Vaste thématique, que chaque morceau marque de son empreinte. Les chansons sont donc très connotées par le folklore des pays qu’elles abordent, et les intitulés sont autant d’étapes sur cette quête. L’album vous emmènera donc au Japon, évidemment, mais aussi en Syrie, en Angleterre, en Allemagne, en Inde, au Brésil, à Hawaï, en Fédération de Russie, soit un joli tour du monde en musique. Entièrement composé et écrit par la paire Saeko Kotamae /Guido Benedetti, Holy Are We Alone revisite donc le patrimoine Metal mondial, et propose une structure assez atypique avec l’utilisation d’instruments variés, et l’emploi de diverses langues, dont le japonais, l’anglais, l’allemand, l’hawaïen et même le sanskrit.
Mais si tout ceci est bien joli et alléchant sur le papier, encore fallait-il confirmer les ambitions musicalement. Et de ce côté à, aucun doute à avoir : le trip est intégral, l’exécution au millimètre, et les ambiances prenantes et envoutantes. Prenant le risque d’un comeback tardif, SAEKO a brillamment relevé le pari de l’actualisation, et semble plus que jamais à sa place dans cette société hétéroclite et multiculturelle qui domine aujourd’hui les capitales du monde entier.
Compositions solides et variées, guitares toutes cordes dehors, et la voix unique de Saeko, toujours aussi versatile, profitant parfois d’une basse totalement Funk pour s’abandonner à des mélodies traditionnelles japonaises. D’aucuns argueront que tout ceci n’est qu’une affaire Power Metal plus futée que la moyenne, mais il n’en est rien : loin d’un gimmick, le concept de l’album donne lieu à des pièces musicales de toute beauté, avec acoustique, mélodies superbes, et réelle transposition de la culture artistique de chaque pays, loin d‘arrangements midi cheap qui donnent la nausée. Le sublime et puissant « Syria: Music, My Love » nous transporte directement à Damas, tandis que le mid-tempo « UK: Never Say Never » évoque très bien les harmonies de SHY émanant d’un Londres embrumé en été.
La grosse pièce centrale « Germany: Rebellion Mission », l’une des plus puissantes de toutes, retrouve l’impulsion sauvage du Heavy à l’allemande, avec ces soudaines accélérations de grosse caisse, et ces envolées vocales lyriques. Entre opéra fantôme et sonate d’automne, Holy Are We Alone a trouvé le juste équilibre entre folklore local et concision Metal, et nous enivre de ses atmosphères plus vraies que nature. Chaque titre possède son identité comme le veut la direction artistique, mais le tout est d’une cohérence rare, et d’une beauté harmonique indéniable.
Véritable tour de force, ce troisième album de SAEKO est le petit miracle que nous n’attendions plus de la part d’un groupe qui lors de ses premières années, était méchamment en avance sur son temps. Le temps l’a peut-être rattrapé, mais n’a émoussé ni son envie ni sa créativité. Un album majeur de 2021, et les plus belles cartes postales que vous pourrez recevoir.
Titres de l’album:
01. Circle Of Life
02. Japan: In My Dream
03. Syria: Music, My Love
04. UK: Never Say Never
05. Germany: Rebellion Mission
06. India: Farewell To You I (From Father to Son)
07. Brazil: Splinters Of The Sun
08. Hawaii (USA): Farewell To You II (From Mother to Daughter)
09. Russia: Heroes
10. Holy Are We Alone
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