Holy Grail Of Damnation

Deepvoid

19/12/2020

Autoproduction

Certes, du gros Death Doom abominable pour les fêtes de fin d’année n’est certainement pas le choix le plus évident au moment de disposer les cadeaux sous le sapin. Mais finalement, j’emmerde Noël et je me fais mes propres cadeaux, comme ça, je suis certain de ne pas être déçu. Cette attitude un brin misanthropique m’autorise donc à vous entretenir du cas hirsute des argentins de DEEPVOID, qui de leur Buenos Aires résidentiel, ne font pas grand mystère de leur fascination pour une musique brutale, gravissime, et peu porteuse d’espoir. Fondé en 2020, le collectif n’a pas traîné à propager son nom dans l’underground, en nous dispensant deux démos cette année (Ecstacy of Golgotha et la plutôt franche Fuck New Days Death Metal), avant de l’imposer avec plus de fermeté en fin d’année grâce à ce premier long plutôt court, mais autoproduit.

Et sous cette pochette démoniquement orgiaque et ce logo totalement indéchiffrable se cache donc l’un des albums les plus maléfiques de l’année, de ceux dont l’underground se repait via des labels comme Putrid Cult ou Nuclear War Now. Et ne nous voilons pas la face, la musique des argentins est réservée à une élite de fanatiques bruitistes qui ne conçoivent l’extrême que sous son aspect le plus revêche et incorruptible. Enregistré dans une crypte abandonnée, mixé par un pauvre gars enfermé dans un donjon sur lequel plane la menace d’une torture sans fin en cas de travail trop élaboré, Holy Grail Of Damnation n’est que ressentiment, intentions malicieuses, déviance sonore, et au moment de prendre acte d’un éventuel line-up complet, on ne se montre pas spécialement surpris de découvrir qu’en guise de groupe, nous avons droit à un nouveau one-man-project né des abysses et des tréfonds de l’inhumanité. Et derrière le nom de DEEPVOID se cache en fait un seul homme, Varg Von Deviant, aka Mariano Ezequiel Ramirez, qui sévit également en solitaire au sein de TOXIC GOAT, autre projet fleuri aux hymnes chantants.

Et en six morceaux plus une reprise, l’argentin nous dévoile ses intentions les plus sombres, de celles à même de faire passer INCANTATION pour un groupe de bal reprenant les B52’s et Yvette Horner. Se chargeant évidement de tout, composition, interprétation et programmation, Mariano ne se fourvoie pas dans un mercantilisme moderne et encore moins nostalgique et ne retient du Death et du Doom que leurs composantes les plus repoussantes et empeste nos tympans d’une charge à rendre les ABRUTUM verts de jalousie parfois. Pas de thème à proprement parler, juste de longues litanies plaintives et caverneuses, un son à faire aiguiser ses coton-tige, une basse inexistante, un chant mixé loin dans les grottes, pour une approche puriste et délicieusement raw.  A tel point que le projet flirte avec un Blackened Death vraiment putride en certaines occasions, même si le maître de cérémonie parvient de temps à autres à lâcher du lest via un riff mémorisable et catchy (« Graveyard Of Seraphims »).

Musicalement, c’est moche et ça pue, c’est donc terriblement attractif pour les névrosés, et finalement, malgré l’approche très amateur et incorruptible, ce premier long ne manque pas de charme et achève de nous convaincre de sa pertinence maléfique. On apprécie particulièrement cette ambiance à la sud-américaine qui rappelle un peu les VOMITCHAPEL et autres NECRODANCER, et si la cover assez réussie d’ASPHYX permet de reprendre un peu son souffle, autant dire qu’elle est accommodée pour ne pas dénaturer sur la table. A cheval sur ses principes de douleur auditive, Varg Von Deviant s’autorise même une longue incartade traumatique, via l’interminable et processionnel « Emerging Nocturnal Dominion », qui appuie sur la plaie Doom/Death purulente, et qui nous convoque aux agapes de la putréfaction et du deuil permanent. C’est lancinant, obsessionnel même, insistant comme une céphalée qu’aucune médecine ne vient soulager, mais le don pour les motifs hypnotiques de l’auteur permet à cette composition cauchemardesque d’incarner l’acmé d’un Doom/Death de tradition, forgé à l’ombre des monolithes du désespoir.

Et avec une saillie plus immédiate et cruelle (« Profounding Oblivion », parfaitement ignoble et incompréhensible, donc indispensable), plus une conclusion pas plus empathique (« Hypnotic Voices Of Hell », quand les zombis marchent sur terre, c’est qu’il n’y a plus de place dans les cimetières d’Amérique du Sud), Holy Grail Of Damnation reste une jolie flaque de vomi qu’on prend en photo pour le fun, une mare de bile après une crise d’anémie, et un témoignage de protestation contre la déliquescence de la société moderne, qui ne tolère la musique que sous son aspect le plus accessible. Nécrophiles et psychopathes, l’album est gratuit sur le Bandcamp du groupe, alors jetez-vous dessus, pour animer vos soirées de fin d’année qui se termineront par de vilaines blessures, et des cadavres jetés dans les marais avoisinants.  

        

     

Titres de l’album:

01. Holy Grail Of Damnation

02. Ecstasy Of Golgotha

03. Graveyard Of Seraphims

04. Deathhammer (ASPHYX cover)

05. Profounding Oblivion

06. Emerging Nocturnal Dominion

07. Hypnotic Voices Of Hell


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 31/10/2022 à 17:26
70 %    503

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09