Remue-ménage chez les marguerites mortes, changement de line-up majeur et de lieu d’enregistrement. C’est la plus grosse nouvelle à propos de ce nouvel album qui factuellement, ne change pas grand-chose à la recette employée sur les précédents albums. De supergroupe, THE DEAD DAISIES passe au statut de super-supergroupe, en accueillant en son sein l’un des musiciens les plus talentueux de sa génération. Exit donc John Corabi (MÖTLEY CRÜE) et Marco Mendoza (THIN LIZZY), remplacés par un seul homme, le légendaire Glenn Hughes (DEEP PURPLE, BLACK COUNTRY COMMUNION), qui assume les fonctions de chanteur et bassiste pour le plus grand plaisir de ses fans. Exit aussi Nashville et les Etats-Unis et bonjour le sud de la France, puisqu’à l’image des STONES (et pour des raisons évidemment différentes), le groupe a enregistré et produit à Saint-Rémy-de-Provence aux studios La Fabrique par Ben Grosse. David Lowy (MINK, RED PHOENIX, guitare), la tête pensante du projet a donc estimé qu’un peu de changement ne ferait pas de mal à ses coéquipiers, et c’est ainsi que Deen Castronovo (VOYAGE, BAD ENGLISH, HARDLINE, batterie), Doug Aldrich (WHITESNAKE, DIO, guitare) ont accepté cette décision pour unir leurs forces à Hughes. Le résultat est évidemment excellent, détonant, et ce cinquième album des marguerites marque aussi une rupture dans le ton qui entraîne le concept vers des rivages plus Heavy et musclés.
Musicalement, le fond est toujours le même, ce blue screen qui entraine les musiciens dans un décor de Heavy bluesy terriblement typique, mais entre cette production rêche et cette interprétation au biseau, les personnages évoluent et l’histoire prend une nouvelle tournure. On connaît par cœur la capacité de Glenn en tirer vers le haut tous les concepts auxquels il participe, et ce Holy Ground ne sera pas l’exception qui confirme la règle. Sa voix, unique, se fond dans les compositions auxquelles il a participé activement, et un morceau comme « Like No Other (Bassline) » démontre que la légende n’est pas venue faire de la figuration pour accoler son nom fameux au groupe histoire de lui faire de la pub. Outre son chant inimitable, le musicien a aussi apporté dans ses valises des lignes de basse vraiment mises en avant par la production, à tel point qu’elles font de l’ombre à la guitare pourtant volubile de Doug Aldrich. Certains reprochent d’ailleurs déjà au son de faire la part belle à l’osmose basse/chant de Hughes au détriment des deux guitares qui semblent bien timides dans le mix. A chacun de se faire sa propre opinion, mais lorsque le terrible « Holy Ground (Shake the Memory) » explose aux oreilles, on sent pourtant la communion entre les musiciens, et l’impact est énorme et immédiat.
Difficile toutefois de faire la différence aujourd’hui entre les DEAD DAISIES et les autres groupes de Hughes, même si la puissance de Holy Ground relègue l’ampleur de BLACK COUNTRY COMMUNION au rang de simple blues-band de bar. N’oublions pas que les fûts sont toujours malmenés par le grand Deen Castronovo, qui sur ce nouvel album semble possédé par l’esprit de feu John Bonham, cognant sur ses peaux comme un damné, et donnant l’impulsion avec une conviction incroyable. Le reste de l’analyse n’est que littérature, puisque le quatuor propose une fois encore ce Hard Rock de grande classe, évidemment inspiré par LED ZEPPELIN et DEEP PURPLE, ce Hard-Rock que Glenn et Doug ont toujours défendu cordes et voix.
Alors, est-ce pour autant que ce cinquième chapitre éclipse de sa morgue les précédents efforts de la bande ? En oublie-t-on pour autant les quatre LPs chantés par John Corabi ? Nous sommes tenté de répondre par l’affirmative, même si le changement s’opère plus dans la continuité que la rupture. Mais sans vouloir manquer de respect à ce pauvre John, autant avouer qu’il n’a pas les mêmes capacités que son successeur, qui s’en donne à cœur joie sur l’imparable « Bustle and Flow », le morceau que Coverdale a désespérément tenté de composer avec Jimmy Page, en échouant lamentablement. La magie est donc palpable, et l’association entre la basse et le chant de Glenn, et la guitare de Doug donne des instants de magie pure, une magie forte et appuyée, mais qui laisse aussi parfois droit à des instants de pureté incroyables. En témoigne le plus nuancé « My Fate » qui oppose des riffs maousses à un couplet plus délicat, et qui montre toute l’ambivalence d’un groupe capable de repousser le Heavy dans ses derniers retranchements tout en respectant le Hard-Rock des seventies.
L’autre exemple évident est celui de la ballade finale « Far Away », qui prouve que lorsque des musiciens au parcours impeccable s’associent, le résultat est parfois bien au-delà des espérances les plus folles. Oser terminer ce cinquième album par ce petit bijou de feeling en dit long sur la confiance du groupe en sa nouvelle formation, et l’émotion qui se dégage des cordes vocales de Glenn est presque palpable, comme un rêve éveillé dont on ne souhaite pas s’échapper.
Outre son énergie folle, et sa cohésion irréfutable, cet album permet à chaque composition d’avoir son identité propre, ce qui n’est pas la moindre des gageures relevées dans ce style assez hermétique. Le revival à ses limites, mais les DEAD DAISIES semblent l’ignorer, et imposent un nouveau standard de qualité proche de la perfection, auxquels les autres musiciens vont devoir se conformer à l’avenir. D’aucune regretteront sans dote le côté un peu formaliste des riffs de Doug, qui se ressemblent pas mal, mais les vrais fans jubileront du Heavy Blues qui transpire de ses cordes, et de sa façon de renouveler son répertoire sans changer son attitude. Dans les faits, « Saving Grace » est classique comme un classique des seventies boosté d’un son 2K, mais dans la forme, le morceau sublime les clichés et transcende les lieux communs pour prendre la forme d’un hit.
Les licks sont délicieusement gluants (« Come Alive »), la rythmique de plomb, mais entre des accès de Rock plus fluides (« Righteous Days »), et des allusions plus ou moins directes (« 30 Days in the Hole » et l’ombre de HUMBLE PIE), Holy Ground à des allures de fête sans fin, invitant au même banquet les héros des années 70 et leurs imitateurs des eighties, pour les réconcilier une fois pour toutes. Ce qui reste incroyable - malgré le pedigree des musiciens qui force le respect - c’est justement cette joie de jouer et d’enregistrer ensemble un album classique, mais dégoulinant d’énergie juvénile. Comme si l’âge n’avait pas d’emprise sur ces géants qui refusent de vieillir. Et en écoutant leur musique, nous refusons nous aussi le poids des années pour nous retrouver dans la peau des adolescents que nous n’avons jamais cessé d’être.
Là est la véritable magie. Plus qu’une magie, une terre sacrée qui tremble des soubresauts d’une musique sans âge.
Titres de l’album:
01. Holy Ground (Shake the Memory)
02. Like No Other (Bassline)
03. Come Alive
04. Bustle and Flow
05. My Fate
06. Chosen and Justified
07. Saving Grace
08. Unspoken
09. 30 Days in the Hole
10. Righteous Days
11. Far Away
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49