Holy Ground

The Dead Daisies

22/01/2021

Steamhammer/spv

Remue-ménage chez les marguerites mortes, changement de line-up majeur et de lieu d’enregistrement. C’est la plus grosse nouvelle à propos de ce nouvel album qui factuellement, ne change pas grand-chose à la recette employée sur les précédents albums. De supergroupe, THE DEAD DAISIES passe au statut de super-supergroupe, en accueillant en son sein l’un des musiciens les plus talentueux de sa génération. Exit donc John Corabi (MÖTLEY CRÜE) et Marco Mendoza (THIN LIZZY), remplacés par un seul homme, le légendaire Glenn Hughes (DEEP PURPLE, BLACK COUNTRY COMMUNION), qui assume les fonctions de chanteur et bassiste pour le plus grand plaisir de ses fans. Exit aussi Nashville et les Etats-Unis et bonjour le sud de la France, puisqu’à l’image des STONES (et pour des raisons évidemment différentes), le groupe a enregistré et produit à Saint-Rémy-de-Provence aux studios La Fabrique par Ben Grosse. David Lowy (MINK, RED PHOENIX, guitare), la tête pensante du projet a donc estimé qu’un peu de changement ne ferait pas de mal à ses coéquipiers, et c’est ainsi que Deen Castronovo (VOYAGE, BAD ENGLISH, HARDLINE, batterie), Doug Aldrich (WHITESNAKE, DIO, guitare) ont accepté cette décision pour unir leurs forces à Hughes. Le résultat est évidemment excellent, détonant, et ce cinquième album des marguerites marque aussi une rupture dans le ton qui entraîne le concept vers des rivages plus Heavy et musclés.

Musicalement, le fond est toujours le même, ce blue screen qui entraine les musiciens dans un décor de Heavy bluesy terriblement typique, mais entre cette production rêche et cette interprétation au biseau, les personnages évoluent et l’histoire prend une nouvelle tournure. On connaît par cœur la capacité de Glenn en tirer vers le haut tous les concepts auxquels il participe, et ce Holy Ground ne sera pas l’exception qui confirme la règle. Sa voix, unique, se fond dans les compositions auxquelles il a participé activement, et un morceau comme « Like No Other (Bassline) » démontre que la légende n’est pas venue faire de la figuration pour accoler son nom fameux au groupe histoire de lui faire de la pub. Outre son chant inimitable, le musicien a aussi apporté dans ses valises des lignes de basse vraiment mises en avant par la production, à tel point qu’elles font de l’ombre à la guitare pourtant volubile de Doug Aldrich. Certains reprochent d’ailleurs déjà au son de faire la part belle à l’osmose basse/chant de Hughes au détriment des deux guitares qui semblent bien timides dans le mix. A chacun de se faire sa propre opinion, mais lorsque le terrible « Holy Ground (Shake the Memory) » explose aux oreilles, on sent pourtant la communion entre les musiciens, et l’impact est énorme et immédiat.

Difficile toutefois de faire la différence aujourd’hui entre les DEAD DAISIES et les autres groupes de Hughes, même si la puissance de Holy Ground relègue l’ampleur de BLACK COUNTRY COMMUNION au rang de simple blues-band de bar. N’oublions pas que les fûts sont toujours malmenés par le grand Deen Castronovo, qui sur ce nouvel album semble possédé par l’esprit de feu John Bonham, cognant sur ses peaux comme un damné, et donnant l’impulsion avec une conviction incroyable. Le reste de l’analyse n’est que littérature, puisque le quatuor propose une fois encore ce Hard Rock de grande classe, évidemment inspiré par LED ZEPPELIN et DEEP PURPLE, ce Hard-Rock que Glenn et Doug ont toujours défendu cordes et voix.

Alors, est-ce pour autant que ce cinquième chapitre éclipse de sa morgue les précédents efforts de la bande ? En oublie-t-on pour autant les quatre LPs chantés par John Corabi ? Nous sommes tenté de répondre par l’affirmative, même si le changement s’opère plus dans la continuité que la rupture. Mais sans vouloir manquer de respect à ce pauvre John, autant avouer qu’il n’a pas les mêmes capacités que son successeur, qui s’en donne à cœur joie sur l’imparable « Bustle and Flow », le morceau que Coverdale a désespérément tenté de composer avec Jimmy Page, en échouant lamentablement. La magie est donc palpable, et l’association entre la basse et le chant de Glenn, et la guitare de Doug donne des instants de magie pure, une magie forte et appuyée, mais qui laisse aussi parfois droit à des instants de pureté incroyables. En témoigne le plus nuancé « My Fate » qui oppose des riffs maousses à un couplet plus délicat, et qui montre toute l’ambivalence d’un groupe capable de repousser le Heavy dans ses derniers retranchements tout en respectant le Hard-Rock des seventies.

L’autre exemple évident est celui de la ballade finale « Far Away », qui prouve que lorsque des musiciens au parcours impeccable s’associent, le résultat est parfois bien au-delà des espérances les plus folles. Oser terminer ce cinquième album par ce petit bijou de feeling en dit long sur la confiance du groupe en sa nouvelle formation, et l’émotion qui se dégage des cordes vocales de Glenn est presque palpable, comme un rêve éveillé dont on ne souhaite pas s’échapper.

Outre son énergie folle, et sa cohésion irréfutable, cet album permet à chaque composition d’avoir son identité propre, ce qui n’est pas la moindre des gageures relevées dans ce style assez hermétique. Le revival à ses limites, mais les DEAD DAISIES semblent l’ignorer, et imposent un nouveau standard de qualité proche de la perfection, auxquels les autres musiciens vont devoir se conformer à l’avenir. D’aucune regretteront sans dote le côté un peu formaliste des riffs de Doug, qui se ressemblent pas mal, mais les vrais fans jubileront du Heavy Blues qui transpire de ses cordes, et de sa façon de renouveler son répertoire sans changer son attitude. Dans les faits, « Saving Grace » est classique comme un classique des seventies boosté d’un son 2K, mais dans la forme, le morceau sublime les clichés et transcende les lieux communs pour prendre la forme d’un hit.

Les licks sont délicieusement gluants (« Come Alive »), la rythmique de plomb, mais entre des accès de Rock plus fluides (« Righteous Days »), et des allusions plus ou moins directes (« 30 Days in the Hole » et l’ombre de HUMBLE PIE), Holy Ground à des allures de fête sans fin, invitant au même banquet les héros des années 70 et leurs imitateurs des eighties, pour les réconcilier une fois pour toutes. Ce qui reste incroyable - malgré le pedigree des musiciens qui force le respect - c’est justement cette joie de jouer et d’enregistrer ensemble un album classique, mais dégoulinant d’énergie juvénile. Comme si l’âge n’avait pas d’emprise sur ces géants qui refusent de vieillir. Et en écoutant leur musique, nous refusons nous aussi le poids des années pour nous retrouver dans la peau des adolescents que nous n’avons jamais cessé d’être.

Là est la véritable magie. Plus qu’une magie, une terre sacrée qui tremble des soubresauts d’une musique sans âge.      

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Holy Ground (Shake the Memory)

02. Like No Other (Bassline)

03. Come Alive

04. Bustle and Flow

05. My Fate

06. Chosen and Justified

07. Saving Grace

08. Unspoken

09. 30 Days in the Hole

10. Righteous Days

11. Far Away


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par mortne2001 le 27/02/2021 à 14:12
90 %    956
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Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

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