Si je vous dis quatre morceaux pour plus de quarante minutes de musique, je vous aiguille sur plusieurs pistes. Alors, le choix est presque vaste.
Doom ? Sludge ? Post Metal ? Ambient ?
J’ajoute de multiples changements d’ambiance, un travail d’atmosphères et de climats, des couleurs passées, du noir et blanc, du sépia, et là, l’interrogation demeure…D’aucuns parleront d’avant-garde, ou se réfugieront dans le giron d’un Doom aux multiples facettes, et n’auront que partiellement tort ou raison.
Et si je vous disais que c’est un peu le mélange de tout ça, avec quelque chose en plus et deux ou trois trucs en moins. Mais de toutes façons, ceux qui savent sauront, puisque le nom du groupe n’aura pas échappé à leur compréhension.
Qui plus est, la Pologne étant une terre fertile en Black limpide, ou pas, l’équation se résout d’elle-même. Les MORD'A'STIGMATA, sans être une institution sont suffisamment réputés pour s’être fait un nom, et ce depuis longtemps, puisque ce Hope est déjà leur quatrième distribution en longue durée.
Fondé en 2004 du côté de Bochnia, ce quatuor somme toute assez impénétrable (Ion – basse/chant, Static – guitare/synthés, DQ – batterie et Golem XIV – guitare) se complaît dans la pratique de ce qu’il appelle mystérieusement de la musique rituelle, étiquette suffisamment vaste pour ratisser large, et qui permet d’englober un bon paquet d’influences, mais aussi d’excuser quelques déviances, qui leur permettent d’échapper à toute catégorisation un peu trop resserrée.
Un parcours stable, ce qui est assez rare dans le créneau pour être souligné, et après trois démos entre 2005 et 2006, les Polonais se sont enfin jetés dans le grand bain avec Überrealistic en 2008, avant d’enchaîner sans trop attendre sur Antimatter en 2011, et le très remarqué Ansia en 2013, déjà publié par leur label national Pagan Records.
Hope, bien que marche en avant ne fait donc qu’entériner les préceptes établis plus en amont, en les perfectionnant, et en gardant cette approche non formelle permettant à ces musiciens d’explorer comme bon leur semble tous les recoins de la musique extrême, tout en faisant des arrêts réguliers sur la case Post Metal, Post BM, quel que soit le nom que vous souhaitiez lui accoler.
Quatre titres donc pour ce Hope, qui en effet représente une sorte d’espoir pour le Post en général, mais qui tout en ouvrant de nouvelles portes, en referme aussi pas mal derrière lui. Si la plupart des groupes du cru profitent pratiquement toujours d’un timing étiré pour se laisser aller à des divagations répétitives et appuyées, les Polonais au contraire en profitent pour expérimenter, et associer des courants contre nature pour mieux les déstructurer, pas encore au même niveau de qualité et d’audace qu’un DØDHEIMSGARD, mais largement au-dessus de la masse grouillante de combos qui se contentent de copier sans réfléchir. Alors, quel est donc le problème de cette quatrième réalisation longue durée pour que les sous-entendus jonchent cette chronique comme les bouts de pain dans la foret du Petit Poucet ?
La réponse est assez simple, et lapidaire. En fait, Hope dévoile toutes ses surprises et expose tous ses arguments dans le premier de ses segments, tandis que les suivants ne font que répéter la recette avec moins de bonheur, moins d’inspiration, de respirations, et donc se condamnent à tourner en rond.
Si la production de l’objet en question reste au-dessus de tout soupçon, avec ses graves tonitruants et ses médiums brillants, les compositions en elles-mêmes ne sont pas sans points communs, et manquent la révolution, qui aurait pu porter ce Post Black d’avant-garde sur les premiers bastions, de ceux qui défendent le fort contre les envahisseurs monotones et pas forcément folichons.
Il suffit en effet d’écouter les douze minutes et deux secondes du title-track « Hope » pour savoir vers quel univers les MORD'A'STIGMATA comptent nous faire dériver.
Dès lors, avec cette entame, tous les éléments de leur puzzle se mettent en place assez logiquement, ce qui n’est pas un handicap en soi, puisque la plupart des groupes fonctionnent plus ou moins de la même façon. Sauf que dans ce cas précis, non seulement les indices deviennent rapidement des preuves, mais ces mêmes preuves sont les plus probantes, et celles étalées sur les interventions suivantes se contentent d’en répéter les instances à l’envi, avec beaucoup moins de pertinence et beaucoup plus de redondance.
Dommage…
Pourtant, l’affaire commençait très bien avec ce mélange tonitruant et pénétrant de Post Black, de Doom light, et d’Ambient un peu concentré. Rythmique évolutive, chant grave monocorde impérial et caverneux, basse omniprésente, guitare volubiles et mouvantes, pour douze minutes d’introspection et de remise en question d’un espoir finalement pas si noir que ça.
Inspirations diverses, avec quelques accents à la SWANS des dernières années, une notification MY DYING BRIDE assez prononcée, quelques allusions à SAMAEL, OPETH, breaks bien amenés et pauses bien gérées, le soufflé semblant gonfler, mais après avoir atteint une sorte d’apogée, il s’est justement mis à expulser son air pour dégonfler comme une baudruche mal refermée.
Non que les morceaux suivants ne soient pas dignes d’intérêt, mais ils se contentent de répéter les tics de ce premier essai sans chercher à les déformer ou les transformer.
Alors évidemment, si le style vous sied et que « Hope » en représente une quintessence absorbante, il vous sera plus facile d’assimiler et digérer les homothéties de « The Tomb From Fear And Doubt », calqué sur le même procédé, de « To Keep The Blood », plus court et plus enlevé (et meilleur segment des trois restants), et de « In Less Than No Time », plus processionnel et pas foncièrement barbant, mais il faut admettre qu’une fois l’épiphanie précoce passée, le temps lui prend le sien et à tendance à rester bloqué.
Dommage, ce qui n’enlève rien aux mérites d’un disque qui cherche quand même une porte de sortie Post Metal un peu moins évidente qu’à l’habitude.
Il faudra peut-être à l’avenir inverser et placer en clôture le morceau racine, ou partir sur d’autres voies pour éviter une redite Post BM parfois guère plus enthousiasmante d’un Doom édulcoré.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30