Peut-on jouer du Black Metal et habiter Carcassonne ? Question incongrue ? Oui, après tout, l’environnement ne dicte pas forcément les humeurs et les convictions…Mais connaissant vaguement cette cité ensoleillée, j’ai quand même du mal à croire qu’on puisse s’y enfermer dans une cave locale pour ruminer un Metal aussi sombre que les pires heures de la seconde guerre mondiale.
C’est pourtant un des thèmes proposés par les sudistes de HORDE VICTORIEUSE, ou HORDE V. selon les indications, qui se sont formés un morne hiver de 2015, pour enfin proposer leur version d’un True Black de tradition en janvier de notre année.
Constitué en quatuor (guitare : Korbag, basse et guitare : Morgoth, batterie : Typhus et chant, narration et samples : Morgwen), cette nouvelles horde qui se veut triomphante d’une certaine condescendance BM nous délivre donc presque trois quarts d’heure d’agression, qui n’a guère tenu compte des théories d’évolution. Cependant, les juger comme de vils passéistes serait profondément injuste, tant leur musique, bien que sérieusement ancrée dans les racines du genre, propose de belles idées déviantes. On retrouve donc ce son si cher aux esthètes de la pollution auditive des premiers enregistrements nordiques, avec cette guitare émoussée aux stridences geignardes et irritantes, et cette rythmique un peu à l’avenant, sans écho, comme captée brute du fond d’un local de répétition.
Une constatation qui se veut honnête, mais est-ce pour autant que les six pistes proposées valent leur pesant de souffrance ? Oui et non, tout dépend de vos inclinaisons et…des pistes en question.
On le sait, sur un premier LP, tout est rarement parfait et peaufiné. Mais ici, le vice de l’imperfection est poussé assez loin, sans pour autant que l’auditeur éventuel ne croit avoir affaire à une démo mal plaquée sur bandes fatiguées. On sent que le quatuor a une certaine pratique, et un goût prononcé pour l’occulte, bien que les thèmes abordés soient trop variés pour assurer une cohérence.
Mais ils sont à la rigueur adaptés à l’hétérogénéité de la direction artistique, qui sinue entre violence crue, rapidité vécue et lourdeur ténue. C’est ainsi que Horde Victorieuse aborde au hasard de l’inspiration les cas Lovecraft, la WWII, Tolkien, les légendes celtiques, mais aussi les fondements de la philosophie BM. On trouve donc un peu de tout sur ce premier effort, et pas mal de références que les français citent nommément sur leur page Facebook. IMMORTAL, ABBATH, BURZUM, SUMMONING, MARDUK, EMPEROR, SATYRICON, SLAYER, DESTRUCTION, MERCYFUL FATE, le contexte est placé, mais pas forcément le bon ni celui que vous attendez. Je parlerai avec plus de certitudes d’un joli démarquage du DARKTHRONE le plus insistant et perturbant dans ses riffs dissonants et son pilonnage écrasant (« The Black Orc », sept minutes de litanie monocorde ininterrompu qui fonctionne comme un mantra maléfique), et pourquoi pas, d’un mélange evil de la vague canadienne la plus nihiliste (FORTERESSE, SOMBRES FORETS) et du sadisme disharmonique d’un VONDUR, moins porté sur la blague potache que sur le nuisible qui tâche (« Horde Victorieuse », sacrée entrée en matière).
Ne voyez aucune ironie dans mes propos, puisque HORDE VICTORIEUSE répond tout à fait à mes critères d’exigence en termes de Raw Black, qui ne se contente pas de quelques riffs brossés grossièrement sur une ligne rythmique monolithique. Les musiciens savent aussi trousser de drôles d’atmosphères sur fond de mid catchy (« Those From The Outside », gauche et sommaire, mais hypnotisant de ses lignes de chant susurrées en retrait), et jouent même parfois avec une arythmie presque dansante pour dessiner les contours d’un BM vraiment unique et accrocheur (« Immortals », qui singe les tics frigorifiés des premiers IMMORTAL et DARKTHRONE, avec un lick de guitare presque Electro-Indus, et des samples simples mais bien placés). Et s’il n’y avait ce chant aux intonations clairement maléfiques et ce son cryptique, on pourrait presque prendre le quatuor pour un groupe de HM à tendance Death primaire tout ce qu’il y a de plus efficace et original (« Légendes », redondant, opulent, avec une partie centrale qui étouffe une guitare qui pleure pour se faire une petite place).
Le volume sonore est assez mal contrôlé, et le niveau ondule sous les assauts d’un guitariste qui n’hésite pas à booster ses idées (« Our Legion »), et le chant régurgité, au phrasé lancinant, ajoute une plus-value à un disque décidément intrigant, et qui provoquera à n’en point douter des réactions assez opposées.
Si les blasts se font tellement rares qu’on les soupçonne de ne pas exister (si ce n’est sur l’entame et la conclusion), si les thèmes musicaux ne sont pas vraiment collés aux préceptes les plus éprouvés du Black, on se perd en conjectures sur l’inspiration source de Horde Victorieuse, qui finalement, est aussi intrigant que captivant.
Beaucoup d'entre vous affirmeront que tout ceci est un joyeux foutoir à peine organisé et masquant malhabilement une pauvreté instrumentale indéniable, tandis que d’autres y verront un effort pour faire avancer des choses qui n’ont pas bougé depuis des années.
Je serais bien incapable de porter un avis définitif sur la chose, mais je dois concéder que le parcours de ces français décidés m’a vraiment perturbé. J’attendrai donc de leurs nouvelles pour me forger une pensée plus tranchée, mais en attendant, ce premier album saura vous occuper et vous questionner pendant une poignée de minutes. Ce qui, en termes de production BM toujours plus abondante, est déjà presque un cas d’école.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30