Encore un groupe mystérieux sorti de presque nulle part, qui ne souhaite d’ailleurs pas que nous en sachions plus. C’est à peine s’ils daignent nous donner quelques infos pour nous rencarder, à commencer par révéler que leur pseudos sont destinés à conserver leur anonymat, puisque, selon leurs dires, ils ne sont plus tout jeunes, et ont des familles…et qu’ils souhaitent rester respectables d’une façon ou d’une autre. Soit, gardons donc le silence sur toutes ces choses que nous ne savons pas, et contentons-nous des infos passant à la portée de notre compréhension. Les EXCÖRIATOR viennent donc de deux parties distinctes de la planète, de Suède et des Etats-Unis en l’occurrence, ne jouent jamais live, et ne laissent jamais apparaître leur vrai visage online, puisque les outils numériques n’en sont pour eux que de promotion. C’est un choix somme toute assez raisonnable, mais qui ne les a nullement empêché de composer et enregistrer deux albums complets jusqu’à présent. Faster, Harder, Louder en 2015, The Moaning of Life en 2016, pour une émergence en 2014, tout ça en dit long sur leur créativité, qu’ils espèrent bien ancrée dans la tradition d’un Thrash de la Bay, Area bien sûr, dont ils célèbrent l’importance au gré de rythmiques franches et de riffs ne l’étant pas moins, et sans chercher à aller plus loin.
Ils l’affirment, ils ne sont pas là pour bousculer l’ordre des choses, mais pour perpétuer une certaine tradition, du haut de leur background qu’on imagine assez chargé, et d’une carrière qu’on se plait à penser accomplie. Alors, deux LP, plus ce troisième cette année, louons le ciel de leur avoir permis de continuer, puisque ce Horned Is The Hunger se place dans une bonne moyenne de Thrash old-school, de celui qui envahit nos conduits avec une régularité métronomique…
Quatuor (Mon Nume – chant, NecroBeastFace – guitares, ShakeFace Wunjo – basse et Adrian MettleSam – batterie), aux rôles bien répartis (Mon Nume et NecroBeastFace composent, Adrian MettleSam écrit, et MettleSam enregistre et produit), EXCÖRIATOR propose donc un Thrash délicatement désuet dans l’inspiration, mais puissant dans l’expiration, et reste concis dans l’interprétation. Inutile de jouer au petit jeu du recensement des références et influences, je vous laisse vous plonger dans ce puzzle pour le reconstituer, mais avouons que les américano-suédois tirent admirablement bien leur épingle du jeu, quoique leur musique se fasse parfois trop linéaire pour vraiment renouveller l’air.
Reconnaissons-leur une crudité de ton assez admirable, et une conviction durable. Si le tempo usité est pratiquement toujours calé sur le même nombre de BPM, ça ne les empêche guère de moduler comme ils le peuvent pour nous servir quelques brulots Heavy, et d’autres, plus légers et délicatement mélodisés, se rapprochant d’un Speed teigneux à la HEATHEN des jours heureux (« A Rough & Rugged Road »). Une propension à la concentration donc, qui n’occulte pas un désir patent de proposer des choses moins obstinées. Et si l’humour et le second degré constituent une solide part de leur univers thrashisé, leur musique reste solide, crue, grave, suffisamment en tout cas pour capturer l’attention des fans les moins anglophones. Il est en effet assez difficile de résister à des pavés comme « Horned Is The Hunger », qui d’une rythmique vraiment routinière dresse le tableau d’une nostalgie guerrière qui ne laisse personne à l’arrière. Son ample et profond, aux graves qui rebondissent sur une distorsion raisonnable, et chant monocorde glaçant le tout de ses intonations détachées, le cahier des charges est respecté, même si on aurait souhaité un peu moins de timidité pour briser des codes déjà bien trop appliqués.
Mais ne nous montrons pas trop exigeants, et saluons quand même cette initiative virtuelle (le groupe ne se rencontre jamais autrement qu’en ligne, et échange ses idées par réseau interposé), qui nous permet d’apprécier de sacrée calottes Heavy/Thrash qui auraient pu à la grande époque sonner plus authentique que toc (« Open up & Say, Autopsy ! », encore une bonne dose d’humour à recoudre), et qui nous rappellent la bestialité et la sauvagerie des VENOM, BULLDOZER, AT WAR, et autres chantres de la simplicité instrumentale. On peut aussi penser à une certaine frange de la vague allemande en vogue à cette époque, même si la production est bien trop contemporaine et gonflée pour nous faire complétement adhérer à cette idée (« Student Bodies, Count ! », sorte de slasher pour les oreilles qui les taille en biseau). Mais il est certain qu’une succession de pistes qui se calent sur la même ligne de tempo, ajouté à des lignes de chant très monocordes qui ne modulent qu’en de rares occasion confèrent une linéarité de ton à Horned Is The Hunger qui pourra sembler un peu trop uniforme pour les esthètes de la variation. Au bout du troisième morceau, on se prend à penser que le groupe aurait quand même pu faire un effort pour insuffler un peu d’audace à des morceaux qui misent tout sur l’agressivité…
Mais en occultant cette possibilité, il n’en reste pas moins que certaines chansons tentent quand même une approche encore plus poussée, en bradant le Thrash pour se concentrer sur un Heavy vraiment épais et malmené (« Melting Pot Stokers »), ou au contraire en appuyant un peu plus sur la véhémence, pour se frotter à des saccades incisives et des breaks décisifs (« Already Dead », et son subtil parfum DESTRUCTION qui nous ramène à la raison et à la maison).
Pas de chef d’œuvre, encore moins d’avant-garde à espérer, EXCÖRIATOR reste sur les siennes, et gagnerait à se lâcher un peu plus pour espérer un jour imposer son laïus. En attendant ce jour, admettons des musiciens tout à fait capables, qui pour le moment restent trop raisonnables pour pouvoir susciter chez nous des réactions d’enthousiasme fou.
Titres de l'album:
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