Avouez-le sans honte, toute cette sophistication vous dégoûte. Pro-Tools, les arrangements, la préciosité dans laquelle l’extrême se vautre vous détourne de la fange originelle telle quelle était souillée par les premiers pèlerins. Le Death technique vous fait chier, le Black avant-gardiste vous donne la nausée, les mélodies vous vrillent les tympans comme des mèches de perceuses, et vous pleure sur la tombe du DIY le plus absolu, les larmes acides tombant sur le marbre de l’approximation et de la débauche. Rien ne vous satisfait plus qu’une bonne démo exhumée de l’underground, sonnant comme si elle avait été captée sur un magnéto deux pistes de fortunes par des bricoleurs passionnés. Vous réécoutez en boucle les premiers BATHORY, HELLHAMMER, les premières maquettes de SODOM et KREATOR, le Bestial Devastation de SEPULTURA, et toute la scène Cogumelo des années 80. Votre fort intérieur vous pousse à affirmer qu’EMPEROR a toujours fait de la merde, et que la statue de BEHERIT mériterait d’avoir les pieds embrassés par des foules inconditionnellement vouées à la Déesse du stupre. Vous êtes raw, noisy, votre cuir est tanné par les années, et vos tympans complètement assourdis par des années d’excès passés dans les caves à rechercher le souffle initial d’Helvete Records.
Alors soyez heureux bande de brutes, j’ai exactement le truc qu’il vous faut. Le truc qui refuse toutes les astuces de production, et qui brandit sa caution primaire comme l’étendard de l’éthique la moins discutable. Formé par deux loustics n’ayant cure d’un son de guitare correct ou d’un tempo de batterie à la croche près, HECATOMB porte bien son nom, et regarde d’un air goguenard les soldats du solfège tomber au combat contre le bruit le plus vil.
D’un côté, le guitariste Rick Warkill et de l’autre, le chanteur/bassiste/batteur Mangressor. Une première démo en 2020, qui a mis le feu aux poudres, et un premier EP en 2021, très justement baptisé Horrid Invocations. Pour avoir un aperçu de la chose sans abimer vos esgourdes, imaginez les mecs de BEHERIT s’appropriant le répertoire sud-américain des mid eighties, le tout sous couvert d’une éthique d’enregistrement indéfectible. Capté sur un vieux Revox très, très fatigué, ce premier EP fait la part belle à ce qu’on pourrait définir comme un Black/Thrash de première bourre, méchant comme un démon invoqué pour rien, et cruel comme un psychopathe revenu des enfers. Difficile d’imaginer que cette ignominie est née en Australie et non au Brésil, mais c’est pourtant le soleil austral qui a vu accoucher les deux musiciens de cette œuvre ne respectant aucun autre code que la sauvagerie la plus primale.
Telle une thérapie de Janov mise en musique, Horrid Invocations est une ode nostalgique aux premières exactions Blackened Thrash de l’histoire, lorsque des groupes comme MAYHEM et BEHERIT se rendaient compte qu’on pouvait toujours faire pire que ses idoles. En cinq morceaux simples et lapidaires, les deux australiens lapident le cadavre de la musicalité pour lui faire subir les derniers outrages post-mortem, et mettent en exergue le principe du « le premier riff est le meilleur ». Ici, rien n’est retouché, rien n’est embelli, bien au contraire, et tout sonne blasphématoire, acide, sec et sans espoir. Avec à gauche un guitariste qui n’a pas pris de cours depuis les premiers EP de SODOM, et à droite un multi-instrumentiste rythmique qui vocifère comme un supplicié, l’exercice est formel, mais ne manque pas de piquant. On se croirait revenu des années en arrière, lorsque l’underground repoussait les dernières limites qu’il lui restait, mais autant dire que cette sensation est terriblement agréable, d’autant que les deux compères ne font pas semblant de titiller le chaos.
Alors évidemment, mieux vaut oublier toute exigence de perfection, nous ne sommes pas ici pour serpiller le parquet, mais bien vomir dessus. Mais en tergiversant avec insistance entre vélocité et oppression crasse, HECATOMB trousse un EP hautement recommandable et méchamment evil. Supporté, voire porté à bout de bras par son label qui n’hésite pas à citer SLAUGHTER LORD, SADISTIK EXEKUTION, et MARTIRE, voire GOSPEL OF THE HORNS, VOMITOR, ou RAZOR OF OCCAM, Horrid Invocations est donc une horreur musicale tout à fait délectable qui nous gratifie même d’un des morceaux les plus malsains du moment, le terrifiant « Horrid Invocations », qui ferait passer les premières maquettes de DARKTHRONE pour du Al Jarreau. Brutal, viscéral, sans compromis, ce premier EP pique les nerfs et aiguise les sens les plus déviants, et vous replonge pour la bonne cause dans la chaux vive de la fosse commune du Thrash le plus diabolique et assourdissant. Je vous ferai grâce des fluctuations dans le son, du feedback qui arrache le marteau et l’enclume, de l’absence totale de solo, et de ce beat à faire passer Lars Ulrich pour un métronome, mais je ne vous épargnerai pas le caractère d’hymnes que revêtent certains titres. Tous en fait.
Ça pue, c’est assez ma joué, mais c’est trop jouissif. Et puis c’est vrai que la sophistication, et l’avant-garde, c’est de la merde. Vivent la débauche et la luxure bordel. Et le bruit surtout.
Titres de l’album:
01. Metal Maleficium
02. Queen of Perversion
03. Black Winged Pestilence
04. Fields of Gorgoroth
05. Horrid Invocations
Ah ouais Bestial et old-school la vache ! Je sais pas ce qu'ils bouffent en Australie mais ils aiment le sale !
Excellent !
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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