Horrors of Reality

Void

01/02/2023

Autoproduction

A force de, on oublie. Mais quoi ? De revenir tremper sa plume dans les eaux bouillantes de la nostalgie, en traitant du cas terriblement old-school d’un nouveau venu sur la scène américaine. J’avais fut un temps abandonné tout espoir d’être surpris par un sauveur Thrash, et ma crainte s’est avérée justifiée. Les héros nouveaux ne font que reprendre à la lettre les actes de bravoure de leurs idoles, déguisés en superhéros nous sauvant du marasme actuel. Mais finalement, les gestes, les postures et les cris de ralliement restent les mêmes, figés dans le temps, et englués dans le passé. Ce qui ne veut pas dire que certains ne méritent pas d’être mis en avant.

Les VOID en sont l’exemple parfait. Loin de ce vide que leur nom suggère, ces musiciens originaires de Louisiane nous proposent un cocktail très hot, avec un gros tiers de riffs efficaces, un tiers de rythmique tenace, et un tiers de chant fumasse. Très influencés par la légende de la Bay-Area, ces pistoléros de l’enfer tirent tous azimuts, et cartonnent au centre de la cible grâce à un instinct de composition très mature.

Logan Davenport (basse), Aaron Landry (batterie), Alex Bernard & Gabe LeJeune (guitares) et Jackson Davenport (chant) nous offrent donc avec leur premier long un beau travelling sur les années 80, lorsque les cadors de la violence Thrash étaient encore au sommet de leur gloire. Entre agression fast et sans pitié et inserts Heavy du plus bel effet, Horrors of Reality prône la diversité dans la cohérence, et se présente sous les plus beaux atours.

On connaît évidemment la méthode, mais en se bouffant pleine bourre un Techno-bourrin de la trempe de « Feeding Frenzy », on se rend compte que le quintet a du coffre, de la poigne, et une volonté de fer. Une volonté de bien faire d’ailleurs, entre Thrash de position et Speed de faction, les deux se complétant à merveille eu égard au potentiel technique certain de ces cinq musiciens.    

    

Pas vraiment portés sur le Techno-Thrash, mais loin de la violence générique, les VOID signent et soignent un album aux petits oignons, quelque part entre OVERKILL, SACRED REICH et TESTAMENT, le tout enfourné dans un blindage industriel pour que la température atteigne le bon niveau de cuisson. Très ambitieux, ces américains ne comptent pas jouer les seconds rôles juste bons à jeter une bouée aux survivants d’un naufrage Heavy, et délient leurs langues, leurs cordes et leur sens de l’à-propos. Ainsi, l’aplatissant « Godfather » rebondit sur un riff salement redondant, qui s’offre quelques variations bienvenues.

Ne tergiversons pas, et mettons de côté la facilité vintage que nous redoutons tant. Ce premier album est impressionnant de précision, de maîtrise et de passion, et représente certainement la première grosse pierre old-school Thrash de cette année 2023. Avec un tandem de guitaristes qui font feu de tout bois, un chanteur hargneux à la diction détachée, des attaques brutales qui font bobo aux cervicales, et des breaks fort bien amenés, VOID s’impose en un seul album fer de lance de cette deuxième génération de thrasheurs vintage.

Entre des saccades héritées d’un MEGADETH fort énervé (« Voodoo », vraiment très hargneux), une énorme basse brillante qui claque comme une main sur le cul d’un bambin (la fessée est punie par la loi néanmoins, je tiens à le rappeler), des arrangements rappelant le plus délicat de la Bay-Area, Horrors of Reality est loin d’être un catalogue des horreurs modernes ou passées, et plus volontiers un sacré bréviaire à l’usage des groupes désireux de faire un sans-faute.

Intermède harmonieux qui laisse présager d’une reprise fielleuse (« Ghost in the Attic »), Lazare revenant du monde des morts en ayant appris le coup du lapin rythmique à la WARBRINGER (« Lazarus »), mélange Mosh/Thrash/Speed qui carbure aux vitamines Z (« Think Fast! »), VOID fait le tour de la question et laisse la concurrence face au peloton.

Enthousiasmant de bout en bout, aussi new-yorkais qu’il n’est californien ou bostonien, Horrors of Reality est un sacré bourre-pif qu’on encaisse avec le sourire, reprenant la gueule en sang ces chœurs d’arrière-plan qui sont aussi Crossover qu’un vieux slip de Scott Ian.

Mais entre deux idées immédiates, le groupe tente aussi des choses plus ambitieuses, comme en témoigne la fin d’album, relevée, épicée, mais minutieusement préparée. « Mirror Maze », syncopé, mélodisé mais bien tassé nous oblige à quitter notre chaise pour stage-diver dans les rosiers, avant de nous reposer, des épines plein l’échine au son clair et tranchant de « Witching Hour », plus MEGADETH/TESTAMENT que VENOM défroqué.

VOID nous fait donc un joli cadeau avec son premier long, qui se veut synthétique, mais suffisamment personnel pour ne pas sonner comme un énième exercice de style en pilotage automatique. On présume d’un avenir brillant pour le quintet américain, qui loin des produits lambda déjà périmés avant d’être consommés, propose sur son étal une marchandise fraîche, et délicieuse en palais.

 

  

Titres de l’album:

01. Horrors of Reality           

02. First In, Last Out

03. Feeding Frenzy   

04. Godfather

05. Voodoo   

06. Ghost in the Attic

07. Lazarus    

08. Think Fast!          

09. Mirror Maze        

10. Witching Hour


Facebook officiel


par mortne2001 le 16/06/2023 à 18:09
85 %    414

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09