Trois ans après son premier album, le collectif finnois SMACKBOUND revient les bras chargés de hits pour une nouvelle parade dans le cirque Metal contemporain. Titré 20/20 de façon un peu péremptoire, ce début faisait montre de qualités indéniables, quoique encore un peu tendre pour s’affirmer sur le devant de la scène moderne. Alors, en 2023, qu’en est-il de l’état des lieux de cet Hostage qui semble vouloir nous prendre en otage de ses mélodies ?
Sans avoir changé toute la déco, le quintet (Netta Laurenne - chant, Teemu Mäntysaari - guitare, Rolf Pilve - batterie, Vili Itäpelto - claviers, et Tuomas Yli-Jaskari - basse) a fait le ménage, remplacé les rideaux, poli les cuivres et fait la poussière sur les meubles. On sent que les points forts ont été accentués, et que les faiblesses ont été en partie corrigées. Ceci étant dit, ne vous attendez pas au miracle, puisque la maison reste la même et que la porte d’entrée est toujours à la même place.
Toujours drivé par la voix incroyable de Netta Laurenne, fondatrice du groupe, SMACKBOUND propose une fois de plus un prêt-à-porter musical de qualité, encore un peu trop anonyme pour se vendre en dégriffé, mais largement assez travaillé pour durer quelques saisons. Entre électronique déguisée en Metal et Metal travesti en Pop, Hostage se plaît dans son époque et en assume les conséquences. Mais un accès de nervosité, quelques choix plus osés et une énergie globale permettent de tirer cet album vers le haut, ce qu’il mérite amplement.
Allusif à tous les sous-courants du Metal moderne, ce deuxième long cherche à séduire tous les publics, sans négliger le sien. On retrouve les arrangements populaires de 20/20, les facilités rythmiques élastiques, les riffs passe-partout mais tranchants, et quelques volutes de claviers pour enrober le tout dans une patine smooth. Et le contraste entre les titres n’en est que plus flagrant, lorsque l’on passe du médium « Change » à l’enragé et speedé « Razor Sharp ». En gros, toujours la même propension à chercher l’hymne fédérateur, mais avec un poil plus d’audace et de puissance.
Je modère donc l’enthousiasme, puisque si Hostage monte d’un cran dans les exigences, il n’en reste pas moins calibré pour plaire au plus grand nombre sans heurter les sensibilités. De fait, les amateurs de Metal up in time en auront pour leur argent, tandis que les autres passeront encore leur chemin. Alors autant s’adresser à ceux qui restent et qui sont susceptibles de trouver leur compte dans cette débauche de décibels agencés et de plans peaufinés.
Pas de place pour l’impro ni pour les débordements, SMACKBOUND reste toujours aussi perfectionniste, et parfait véhicule pour sa chanteuse à l’organe impressionnant. On pense parfois aux MURDER OF MY SWEET, à une version moins figée d’un NIGHTWISH délicat (« Imperfect Day »), à des GUANO APES énervés et satisfaits d’un revirement Metal, et on se laisse emporter par la facilité digestive de la chose, qui ne provoque aucune remontée acide dans les tympans. Et c’est justement ce côté un peu consensuel qui rebutera les amateurs de sensations fortes, toujours prompts à excuser une maladresse si l’authenticité ne fait aucun doute. Pasteurisé, stérilisé, le Metal des finnois ne heurtera en rien les mœurs, mais pourra faire plaisir à ceux qui ne crachent pas sur un brin de Pop/Metal professionnelle et parfaitement équilibrée.
D’autant que le quintet nous a soignés aux petits oignons, via un tracklisting incroyablement varié et disert. On passe sans transition d’un titre hautement chargé en Metal à des allusions alternatives savoureuses, et quelques clins d’œil lyriques se sont glissés dans le rendu final. La nervosité de certaines pistes, l’investissement total de Netta Laurenne qui pousse encore ses possibilités, l’approche violente qui contrebalance les œillades énamourées (« Graveyard ») transforment ce nouvel album en assomption d’un style hybride, mais moins léger qu’il n’en a l’air.
Et en se concentrant sur les hits, on réalise que le chemin accompli est quand même impressionnant. D’autant que SMACKBOUND commence à jouer avec les codes, et surfer entre acoustique branchée et Alternative Metal déchainé (« Traveling Back »). Avec ses allures de best-of précoce, Hostage enterre 20/20 de sa facilité ambiante et de son passage en revue de toutes les nuances métalliques possibles. Accès de rage presque Punk (« Hold The Fire », hit à la SWEET passé sous Guronzan), mainstream délicat (« Hostage »), les minutes passent et la tension reste, jusqu’à ce final homérique et cathartique.
Car SMACKBOUND a choisi de marquer les esprits avant de refermer ce nouveau chapitre en nous plaquant un dernier titre gargantuesque. Nul ne s’attendait à un « The Edge » de plus de neuf minutes, jouant avec les atmosphères, les fragrances, et qui augmente la valeur d’un album qui jusque à présent s’était montré assez prudent.
Cette longue suite est l’épiphanie qu’on attendait pour vraiment avouer que l’on a aimé un disque plus calibré que la moyenne. Détachée de toute obligation, Netta donne la pleine mesure de son immense talent, joue les narratrices sur un plan médian agité de chœurs évanescents, qui s’avère en fait decrescendo très intelligent nous amenant sans encombre au terme d’un disque plus malin qu’il n’en a l’air.
Des facilités, de l’aisance, une certaine normalité pour différentes ambiances, Hostage apporte à SMACKBOUND un surplus de crédibilité, et incarne la nouvelle vague nordique avec beaucoup d’acuité. Gageons que le critique troisième album confirmera les bonnes opinions.
Titres de l’album:
01. Reap
02. Change
03. Razor Sharp
04. Rodrigo
05. Break
06. Imperfect Day
07. Graveyard
08. Traveling Back
09. Hold The Fire
10. Hostage
11. The Edge
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