Amis du blasphème, bonjour, et merci d’être parmi nous cet après-midi. Il est de notoriété publique que les groupes de Metal de tous horizons et la religion ne font pas bon ménage, et il n’est donc pas surprenant de constater qu’un nouveau nom s’ajoute à la longue liste des pourfendeurs d’idéologies organisées. Cette fois-ci, les chevaliers en armure noire nous en viennent de Pologne, de Varsovie plus exactement, et autant dire qu’ils s’en donnent à cœur joie dans le tir de barrage orienté vers les dogmes et autres philosophies monothéistes. Un simple coup d’œil au tracklisting vous permettra de jauger le ressenti de ces barbares envers les livres sacrés, mais précisons quand même que la bataille menée par ce quatuor ne les entraîne pas sur les traces d’un Black Metal envenimé, mais bien d’une critique sociale empreinte de Core bien tassée. Oui, encore une fois, c’est donc du côté du Grind qu’il faut fouiller pour trouver les arguments contradictoires, et avouons tout de go que les polonais d’HOSTIA font partie des revendicateurs les plus véhéments du genre. Car loin de se contenter d’une rapide estocade portée par un lot de courtes mais perçantes banderilles, les anonymes du cru développent leurs arguments en prônant une sorte de Crossover fatal entre férocité et vélocité, ce qui nous offre donc l’un des LPs les plus féroces de cette fin de printemps mouillée. Death Grind ? Le terme est lâché, et employé à dessein, puisque ce premier long éponyme est un bon gros glaviot craché à la face des moutons suivant les épitres aveuglément, sans en remettre en cause la validité des fondements.
Et ça fait mal, pour plusieurs raisons. D’une parce que les instrumentistes impliqués ne sont pas les premiers pèlerins venus. Tous issus de formations plus ou moins connues, ces hommes avancent masqué, et le pseudo travaillé (St Sixtus - chant, St Anacletus - guitare, St Evaristus - batterie et St Xystus - basse), mais affichent clairement leurs intentions tout au long de ces treize manifestes qui doivent tout autant à la scène Death scandinave qu’à la furie typiquement anglaise. Croisement bâtard et idéal entre la gravité de l’ENTOMBED le plus Dark n’Roll et du LOCK UP le plus en grogne, les HOSTIA bousculent les idées reçues, en font montre d’une intrigante créativité dans la destruction, se permettant même une bordée d’arrangements lubriques qui se font remarquer. Ainsi, la satanic cowbell de « Killed By Life » rend hommage au père fondateur Lemmy, tandis que les cassures impromptues de « War Puppets » imposent le silence dans une mer rouge de potards qui bougent. C’est du grand art, millimétré, biseauté, mais qui laisse une grande part à la spontanéité. En peaufinant leur copie sans sacrifier la générosité de l’immédiateté, les polonais nous enchantent, nous fracassent, agencent, cassent, dans une grande partie de chamboule-tout qui multiplie les victimes dans les rangs des factions opposées et opposantes. Des riffs éléphantesques portés par une rythmique pleine d’adresse, le tout survolé d’un chant qui refuse la paresse et qui râpe ses cordes vocales sans tendresse, pour un ballet sidérant d’ironie et de virtuosité, qui ne crache pas sur un brin de fantaisie Rock n’Core (« Not Really A Christian Song », Little Richard prend des cours du soir avec les HELLACOPTERS et NASUM, et ça donne une bonne surprise party dans les égouts).
Exutoire, jubilatoire, ce premier longue-durée des HOSTIA est d’ores et déjà un modèle du genre, et risque de donner des sueurs froides à ses homologues anglais et ricains. Et dès l’entame grandiloquente et méchamment détournée de « Corroded Cross », le ton est donné, le blasphème sera soufflant ou ne sera pas. Récitant ses psaumes comme un panzer écrase la lande, Hostia se plaît dès son introduction à mélanger le sadisme d’un DEICIDE et la fluidité Core d’un LOCK UP pour détourner les fonds, et tirer à vue sur les bancs de l’église, quelle qu’elle soit, puisque les malandrins n’ont pas choisi une victime plutôt qu’une autre. Alors que la plupart des combos évoluant dans le créneau font preuve d’une maladresse dans la répétition, les originaires de Varsovie ont le mérite de varier le ton, et de multiplier les assauts, en up tempo la plupart du temps, sans refuser le plaisir d’un groove en mid qui vous cloue sous la croix (« Heretics Last Dance », aux enfants de chœurs maléfiques et au beat explosif). Mais les blasts font aussi partie de leur culture, qui se veut gnostique dans le sens artistique, et les emprunts à la vague originelle sont légion, mais toujours épurés de leurs plus vieux dictons (« You Gonna Die », et pas de résurrection, c’est promis !). Chaque morceau, totalement dans la continuité du précédent, est une épiphanie à lui seul, et on reste médusé face à tant de certitudes et de facilité, spécialement lorsque le rouleau-compresseur rythmique soutient une guitare aux motifs ludiques (« Holy Extortion »). Difficile toutefois de mettre un psaume en avant, puisque cette messe en raie majeure a été conçue comme un seul et gigantesque coup de pied aux fesses, mais certains, en poussant le bouchon NAPALM DEATH un peu plus loin, font un pas en avant et se remarquent plus facilement (« Egodist », qu’on aurait pu retrouver sur la dernière compile de la bande à Barney).
Du très bon donc, et même de l’excellent, d’autant que le niveau est maintenu tout du long, nous laissant avec un énième clin d’œil aux EXTREME NOISE TERROR, SUFFOCATION, NAPALM DEATH et autres défenseurs d’une liberté de pensée à toute heure (« Karl's Delicatessen », un chapelet, Ok, mais de saucisses, et bien grillées). Une façon très constructive d’envoyer chier les Dieux pour se consacrer aux hommes, et à leur individualité que des principes communautaires mettent à mal depuis trop d’années. Mais en avalant une hostie pareille, vous risquez de vous étouffer, et de rester près de l’autel de fortune à vomir vos tripes sur le pavé. HOSTIA, ou l’art du sacrement inversé, et l’acceptation du corps des hommes pour une cérémonie à la gloire du bruit.
Titres de l'album:
1.Corroded Cross
2.Heretic's Last Dance
3.You Gonna Die
4.Holy Extortion
5.Home Rough Home
6.Black Parasites
7.Egodist
8.I Will Not Follow
9.Killed by Life [All Hail Lemmy]
10.Leatherface Kiss
11.War Puppets
12.Not Really A Christian Song
13.Karl's Delicatessen
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