Je n’ai jamais fait grand mystère de ma passion pour le Black Metal, genre que j’ai - comme beaucoup - découvert dans la première moitié des années 90 via des groupes comme MAYHEM, DARKTHRONE, IMMORTAL ou EMPEROR. Mais les années passant, les exigences montant d’un cran, un groupe lambda se contentant du minimum syndical ne peut plus trouver grâce à mes yeux. En effet, trop d’artistes se sont éloignés des schémas de départ pour introduire leur propre univers, leur propre langage, bestiaire et décorum. Sans aller jusqu’à parler de l’avant-garde qui a toujours trouvé grâce à mes yeux, ni d’un Metal expérimental repoussant les limites de la compréhension, j’avoue être fasciné par les artistes proposant autre chose qu’une vulgaire charge virulente contre la chrétienté, ou une plongée superficielle dans les profondeurs du paganisme. Autrement dit, marre de Satan, de la guerre, de la provocation borderline et autres retranscriptions d’auteurs obscurs.
Marre du chemin de gauche, de Lovecraft, des pouvoirs de la forêt, de la fascination pour la nature du nord de l’Europe, de Poe, du Necronomicon, des croix inversées et autres artifices sanglant par trop usités.
Car le Black Metal peut proposer des digressions autrement plus intéressantes. Ainsi, HOULE, nouveau-venu sur la scène BM française se propose de nous faire redécouvrir l’océan, étendue sauvage qui a toujours passionné les hommes et emporté des milliers de marins.
HOULE se démarque avant même que sa musique ne commence. Un simple coup d’œil aux photos promo suffit à comprendre que ces musiciens ne veulent pas être associés à une vague trop traditionnelle, ainsi grimés en marins au destin funeste et aux bottes pleines de vase. Il fallait oser ces costumes, pour coller à l’optique, mais une fois l’image associée au son et aux textes, le concept prend toute son ampleur, d’autant que les ambitions artistiques de ce quintet sont gigantesques.
Premier EP éponyme, pour un voyage au long cours entre la houle, les vagues, les récifs, et les légendes de l’océan que l’on se raconte lorsque la mer se calme au loin. Crabe (guitare), Græy Gaast (basse), Zéphyr (guitare), Adsagsona (chant) et Vikser (batterie) font partie de cette nouvelle génération qui estime ne rien devoir à l’ancienne. Et en découvrant ces structures progressives, ces mélodies en roulis et cette poésie sombre, on ne peut que reconnaître que les influences ne se situent pas dans le port le plus proche et populaire. Dès l’ouverture de « Le Continent », les rêves maritimes se transforment en réalité artistique, et HOULE nous noie sous l’écume, de quelques mots, et de quelques notes bien choisies.
Seul, face à moi-même, face à ma terre, au gré des temps !
Une strophe qui en dit long sur la différence et la singularité d’un groupe qui louvoie entre les récifs. Pas question ici d’occultisme de pacotille, pas question de War Metal bas du front, mais bien d’un Crossover créatif qui confronte le Black Metal à ses parents Heavy Metal et Thrash. Cette distanciation de l’absolutisme Black Metal ne fait qu’augmenter le capital sympathie d’un quintet qui a décidé de faire les choses à sa façon, et d’embarquer sur un frêle esquif. Pourtant, quatre morceaux c’est court, mais largement suffisant à la fois pour jauger d’un potentiel énorme qui risque de tout balayer en format longue-durée.
J’en riens pour indice crédible « Au Loin La Tempête », chapitre le plus court de la nouvelle, qui use de breaks mélodiques, de chœurs de marins, et de soudaines montées en puissance pour simuler un gros grain et une tempête à affronter les yeux dans l’océan et la peur au bide. Ces passages mélodiques, loin d’être des gimmicks faciles sont des intermèdes précieux, qui évoquent le ressac, le bois rongé par le sel, et les cordes usées mais rangées avec soin, après un long voyage.
« La Dernière Traversée », légende racontée avec force détails, débute sous des auspices calmes comme une mer d’huile, avant de s’embraser à l’horizon. On note évidemment des traces de Black traditionnel, mais aussi des restes de Heavy Metal classique, un soupçon de Post Black à peine abordé, et surtout, une voix qui se détache de l‘instrumental comme les ordres donnés par un capitaine en plein grain. « Mon esprit altéré ne distingue plus ni tracas, ni regret ni rancune ». Avec ces textes qui sont aussi importants que la musique, HOULE prend ses distances avec les équipages les moins braves, et nous fait rêver de sa capacité à retranscrire des aventures en musique, remplaçant les actions par des riffs concentriques et violents, et les embruns par des pulsions rythmiques.
Ne cherchez pas le moindre défaut dans cette réalisation. Le galion fend les océans, et en ramène des trésors d’ingéniosité. De la sincérité, un concept qui se veut radicalement différent, l’écueil du Pirate Metal soigneusement évité, pour un résultat qui séduit, fascine, passionne et convainc.
Avec des arrangements parfaits, un duo de guitaristes implacable, des poussées de violence évoquant les mouvements de l’océan un jour particulièrement sauvage, Houle, le EP, se pose comme une découverte incroyable, comme un trésor trop longtemps enfoui. Je n’hésiterai donc pas à rejoindre cet équipage au long-cours, pour tenter la traversée la plus houleuse de ma carrière de chroniqueur.
Au-delà des peurs, restent le verbe et le geste. Et un chaos assourdissant de vagues se fracassant contre la réalité terrestre.
Titres de l’album :
01. Le Continent
02. Au Loin La Tempête
03. La Dernière Traversée
04. Sous l'Astre Noir
Concept étonnant mais, cela dit, pourquoi pas. Effectivement, ça change. Et en plus, ça tient plutôt bien la route. Enfin, la barre.
Ouch ! C'est excellent ce truc ! Ces riffs ! Superbe découverte.
Putain comme je te rejoins sur le "monde" Black Metal...
J'en causais encore il y a peu avec un pote toujours afficionados du truc :
Moi, perso, hormis les anciennes gloires, quasi plus rien ne me cause en la matière.
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09