A moins de vivre en ermite dans une grotte, elle-même située au fin fond d’un complexe de cavités souterraines, d’être aveugle et sourd, et réfractaire à toute forme d’expression artistique, vous avez forcément entendu parler de SKÁLD, phénomène révélé en 2018 par Le Chant des Vikings. En effet, ce collectif fasciné par la mythologie nordique a bénéficié d’une exposition sans précédent, profitant même d’encarts publicitaires à heure de grande écoute sur les chaînes nationales, fait unique dans les annales pour un concept de ce genre. Surfant donc sur la fascination éprouvée pour la culture nordique, SKÁLD est devenu l’emblème d’une scène Néo-Folk friande d’instrumentation classique et d’arrangements vocaux riches et précieux.
Après le EP Winter Songs publié en 2021, la horde revient pour une nouvelle étape de son Paris/Drakkar, et nous offre douze nouvelles compositions réunies sous la bannière Huldufolk. La première apparition de l’Huldufolk remonte aux Eddas (nom désignant deux recueils poétiques islandais du Moyen Âge de Snorri Sturluson au treizième siècle), que tout un peuple croit encore et célèbre avec enthousiasme. Cette nouvelle aventure s’accompagne évidemment d’une structure musicale tribale et complexe, faisant la part belle aux instruments rares. C’est même un argument promotionnel pour l’agence Singularités, qui précise que :
La harpe et la cornemuse s’agitent sous les doigts de Daniela Heiderich, l’archer du nyckelharpa d’Aliocha Regnard fait resurgir des notes du 14ème siècle, la Moraharpa, la Lyre et la Talharpa sont sublimées par Ravn, tandis que la vielle à roue de Laetitia Marcangeli nous hypnotise et que les percussions vibrent sous les coups puissants de Nicolas Montazaud, Marti Ilmar Uibo et Christophe Voisin-Boisvinet.
Comme vous le constatez, l’immersion est totale, d’autant que le SKÁLD 2023 n’a pas changé ses habitudes en confiant la narration à un pool impressionnant de chanteurs/euses. On retrouve donc sur Huldufolk les voix de Steeve Petit, Lily Jung, Marti Ilmar Uibo, Laetitia Marcangeli, Michel Abraham, Kohann, Julien Loko et Adeline Bellart, qui agrémentent de leurs inflexions, timbres et envolées lyriques des morceaux d’une beauté formelle éblouissante, à des lieues d’un Folk Metal putassier et grotesque.
Ici, le Folk est traité avec le même respect des légendes qui anime le groupe depuis sa création. Avec un énorme travail accompli au niveau des percussions, qui tonnent et rythment la narration, Huldufolk se veut tout à tour, puissant, intimiste, grandiloquent, et évoque avec une acuité phénoménale les aventures qu’il décrit en plusieurs langues (vieux norrois, mais aussi suédois, norvégien, islandais, danois et même Féroïen).
N’étant pas un passionné de la cause nordique, je peux poser un regard très objectif sur ce nouveau chapitre. Comme j’avais apprécié Le Chant des Vikings, qui n’était qu’un balbutiement passionnant, j’ai dévoré ce nouveau tome avec l’appétit des découvreurs novices, m’immergeant dans une mer d’inspiration sincère et de déviations mélodiques. Très subtil, ce nouvel album joue franchement le jeu et ne se contente pas d’une vague copie carbone avec costumes en synthétique pour séduire le public de festival en peaux de bête, et nous offre un véritable décorum d’époque, sublimé par les interprétations vocales et les incarnations instrumentales.
Véritable film pour les oreilles, Huldufolk est une magnifique leçon d‘histoire en musique, qui ne brade pas sa passion ou sa sincérité contre un succès populaire de masse. Même avec plusieurs centaines de milliers d’albums vendus, SKÁLD reste ce groupe de passionnés monté par le producteur et compositeur Christophe Voisin-Boisvinet, passionnés qui se réunissent pour partager leur amour de temps révolus, mais gravés dans l‘histoire pour l’éternité. S’il est évident que la patte Metal n’est guère présente sur ce disque, qui exige une ouverture d’esprit indiscutable, elle n’en est pas pour autant totalement absente, SKÁLD s’offrant le scalp des allemands de RAMMSTEIN avec une reprise étonnante du classique « Du Hast ».
Et dire que le lifting est réussi est un euphémisme lénifiant. Calquant les percussions analogiques sur le beat industriel de Till et les siens, SKÁLD accomplit un petit prodige, et signe un hymne guerrier tout à fait crédible, et à la hauteur de son modèle original.
L’appropriation du froid « A Forest » de CURE marque aussi son respect envers Robert Smith, transformant cet incontournable de la Cold-Wave en ballade puissante et délicate.
Mais aussi savoureuses soient-elles, ces deux reprises ne sont que deux cerises sur un délicieux gâteau. Il est évident que la personnalité du collectif s’exprime autour de ces dix originaux qui une fois encore repoussent les limites d’un Néo-Folk adressé au plus grand dénominateur commun des amateurs de contes, elfes, légendes et autres créatures mythiques. A l’image d’un blockbuster réussi, Huldufolk parle un langage spécifique de façon universelle, et s’adresse plus simplement à tous eux qui estiment que la musique doit sortir du cœur et non du porte-monnaie.
Superbe démonstration, mais humanité omniprésente, SKÁLD confirme sa singularité (son agence de promotion confirme de son propre nom) sur la scène Néo-Folk, et va encore drainer dans son sillage un cortège d’amoureux des vieilles légendes revenant à la vie via la narration de musiciens qui parviennent à en vulgariser le propos, sans le dénaturer ou le traduire grossièrement.
Rejoignez l’aventure, l’évasion étant à notre époque sa seule drogue gratuite sans effets secondaires.
Titres de l’album :
01. Troll Kalla Mik
02. Ljósálfur
03. Mánin Líður
04. Ríðum, ríðum
05. Hinn Mikli Drekir
06. Då Månen Sken
07. Elverhøy
08. Herr Mannelig
09. Rauður Loginn Brann
10. Trollslaget
11. Du Hast (RAMMSTEIN cover)
12. A Forest (THE CURE cover)
Completement passé à côté de ce groupe, mais rien que pour l'idée du Paris/drakkar je vais y jeter un oreille
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