J’aime le Grind. Non, personne ne saurait remettre mon implication en doute dans le mouvement dont je répands la bonne parole depuis une dizaine d’années, via des chroniques assez particulières. Il m’est tout à fait possible de parler pendant dix paragraphes d’une sortie n’excédant pas les quelques minutes, ce qui en dit assez long sur l’amour que je porte au style.
Mais attention. Ayant grandi dans l’ombre écrasante de références comme NAPALM DEATH, AGATHOCLES, NASUM, S.O.B ou autres SORE THROAT, je suis exigeant. Surtout depuis que le genre a acquis des lettres de noblesse via les attaques frontales et futuristes des TOTAL FUCKING DESTRUCTION. J’attends plus qu’un étalage de blasts en avalanche ininterrompue, et quelques cris porcins rapidement répandus. Il me faut du solide, du musical, pas du non-sens qui confond vitesse et précipitation, et surtout, une ambiance. Potache s’il le faut, tant que le Gore ne pointe pas le bout de ses tripes, mais sérieuse dans l’exécution histoire de savourer quelques tranches de violence instrumentale que je préfère déguster analogique.
Esthète ?
Oui, car depuis les années 80, le Néo Crust et le D-beat scandinaves sont passés par là, renouvelant les approches et les conceptions d’une solidité de composition assez appréciables.
Alors, quand un groupe émerge de Suède et prétend jouer du « vrai » Grind, et non du D-beat, je suis sur mes gardes.
Et s’ils disaient la vérité ?
Fredrik et Andreas m’ont tout l’air de gens honnêtes. C’est en tout cas ce qui se dit du côté d’Umeå, ville qui a vu naître leur concept (d’abord sous la forme d’un trio, en compagnie de Wilke, parti depuis), et qui a célébré en 2015 la sortie d’un premier EP au nom assez évocateur des liens qui unissent la cité à ses enfants terribles, Umeå Grindcore.
Qu’est-ce donc ?
Un Grind franc du collier, qui n’a pas oublié de citer dans le texte et les débordements les préceptes de NASUM, THE ARSON PROJECT, ROTTEN SOUND et évidemment les monstres de Birmingham, NAPALM DEATH. Un Grind qui cavale, gras, sombre, à la distorsion intelligible et la rythmique volubile. Des morceaux qui en sont et ne sont pas que régurgitations vite masquées par une production se voulant plus roots qu’un pet de Bill Steer époque CARCASS, même si le timing plus que raisonnable indique que les deux trublions Suédois ne jouent pas les plus malins.
Après ce premier EP, les choses se sont donc accélérées, et c’est en ce pas si joli mois de mai que nous accueillons les blasts ouverts Human Collapse Syndrome, qui se veut second EP mais surtout amélioration et professionnalisation d’une démarche à l’extrémisme relatif.
Huit titres pour dix minutes, pas franchement le temps de se répandre en analyses conjoncturelles. Fredrik et Andreas jouent leur va-tout, et foncent sans toutefois fermer les yeux et faire preuve d’une complaisance bruitiste fort peu à-propos.
D’ailleurs, « Agree To Serve » le prouve en un peu plus d’une minute d’un Crust/Grind typiquement scandinave dans la franchise et la joie, avec cette dualité vocale symptomatique, et ces riffs hautement recommandables. Ça pulse, ça crie, ça vitupère mais c’est en vie, et entre les petites trouvailles d’arrangements et les accommodations de circonstance, leur musique s’enrichit d’une expérience le confinant à une maturité adolescente qui me fait salement craquer.
Faire du bruit sans faire du bruit, tel est le crédo des GRID, qui prouvent encore une fois que le Grind peut-être le défouloir le plus jouissif depuis l’invention du punching-ball de salon.
GRID, Grind, l’allégeance est d’ailleurs sémantique, et en agrémentant leur barouf de passages en mid et autres accroches rythmiques gluantes, le duo sait parfaitement ce qu’il fait, et n’a pas cédé d’un pouce à la dénonciation sociale ambiante pour séduire les masses.
Dotés d’un son que bien des combos de D-Beat pourraient leur envier (« Human Collapse Syndrome », mosh, blasts, groovy, tant pis), et armés de licks accrocheurs et pratiques (« Privilege The Poor », avec en cadeau du Nord un solo qui le perd justement, merci Bill Steer, once again), Fredrik et Andreas alignent, et citent ND et CARCASS dans le texte, via un « Fooled » aussi empreint de Reek Of Putrefaction que de Mentally Murdered et qui tente courageusement d’atteindre une durée respectable en misant sur un sample/discours final qui laisse trainer une outro assez bien vue.
« Out Of Air » termine donc l’entreprise d’une dernière salve Crust assez salée, et poivrée d’incarnations vocales cauchemardesques de gravité.
On ne va pas tourner autour du pot ou tenter de séduire la sirène de Hans Christian Andersen dans son dos, GRID signe avec Human Collapse Syndrome un EP de Grind assumant ses racines locales de Crust et de D-Beat infernal.
Du bon Grind même, voire du très bon, qu’on attend en longue version pour en apprécier les finesses de composition. Un truc qu’on écoute en boucle histoire de se finir le trognon, et qui me fait comprendre pourquoi depuis trente ans (ou presque) je cite le style comme convergence d’opinion.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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