Replongeons encore une fois si vous le voulez bien dans les arcanes de l’underground extrême. Si la majorité de la production se contente de vieux radeaux vermoulus surnageant sur les eaux fétides de la nostalgie, il arrive qu’au gré des vagues, on découvre un esquif plus solide que la moyenne, au cap différent. Un esquif d’envergure modeste, mais à la barre tenue fermement, et à la vitesse de croisière rapide et constante. Ainsi, en trempant mon clavier dans le marigot des ténèbres, j’ai touché le bois d’un bateau étrange, noir comme le jais, semblant se diriger avec certitude vers une destination connue de son capitaine seul.
Flanqué d’un baptême intraduisible sur son flanc droit, le navire fendait les flots jonchés de cadavres de plagiaires dont la mort était amplement méritée, le COFFIN RITES détonait dans le paysage ambiant, et de sa cale émanaient des sons étranges, se voulant l’écho de décennies passées à essayer de transcender le classicisme pour le rendre moins formel. Plus prosaïquement, cet équipage venant de Minneapolis, Minnesota, s’ingéniait à reproduire des sons d’époque, tout en trahissant sa condition de groupe contemporain. Et c’est ainsi que les embruns se mélangeaient dans les tympans, évoquant tout autant les longues routes BM des années 90, comme les détroits Death Metal du nouveau siècle. Une découverte de plus à ajouter sur la carte ? Nous n’en sommes pas là, mais un voyage différent, plus exotique, et moins prévisible que ces croisières organisées sur les rives de la Norvège ou de la Floride.
Fondé en 2020 après avoir battu pavillon COFFINROT pendant trois ans (2017/2020), COFFIN RITES est l’exemple type de groupe méchamment méchant (la redondance est voulue), mixant ses influences pour régurgiter une musique plus personnelle, mais pas moins agressive pour autant. Empruntant au Death sa vitesse d’exécution et ses intentions malveillantes, au Black ses intonations criardes et sombres, et au Thrash ses motifs les plus accrocheurs rythmiquement, ce quintet inspiré, formé de Casey Harris (basse), Tom Tier (batterie), Taylor Haagensen & Will Maravelas (guitares) et Drew Blood (chant), peut se reposer sur une expérience conséquente dans le milieu et mettre en avant ses nombreuses références (UNITED TEACHERS OF MUSIC, BEGRAVEMENT, WITCHDEN, COFFINROT, ANNIHILATION PROCESS, TREASONS, NOBLE BEAST, HIGH HOPES, ECHOES OF THE FALLEN, SEARED, DEFILED CHRIST, AGONY REIGNS, SEVERALITY, TIME FOR PLAGUE, CHALICE OF SUFFERING, INSECT DEATH, PLAGUE OF STARS, WE ARE LEGION, SOLACE IN MURDER, AND HOPE TO DIE, GLUTTON FOR PUNISHMENT , WARVOLUTION, COLD COLOURS, BIOWAR, WITCHDEN, EXOPHAGE, BRAIN BLEED, COGNITIVE DISSONANCE, ARMUS , CORPSE FIEND, HILDIFYR).
De vieux loups donc, qui armés d’une détermination hors du commun nous proposent avec leur premier véritable album un déferlement de haine constant, à la lisière du Black et du Death, qui n’est pas sans rappeler parfois les exactions les plus crédibles de CRADLE dans une version moins vulgaire. Beaucoup de plans donc, une dualité vocale très efficace se partageant entre les couinements de sorcière et les sentences de démon, une rythmique à l’abattage impressionnant, des blasts subtilement placés, des riffs catchy ou tournoyant, et une ambiance générale en fournaise qui vous brûle la plante des pieds…Et le reste.
En jouant la diversité à quelques détails près, le quintet a gardé sa cohésion, mais ne lasse pas en quarante-cinq minutes. En mixant EMPEROR, ARCTURUS, DIMMU BORGIR, ATHEIST, et en admettant que CARCASS, GOATWHORE, SKELETONWITCH et ROTTING CHRIST peuvent servir de repères à leurs fans potentiels, les COFFIN RITES développent un beau sens de l’emphase, une théâtralité morbide effective, sans oublier le prosaïsme des motifs les plus terre à terre du Metal extrême (saccades, breaks aux soli dignes d’un groupe de Techno-Death…).
Véritable tsunami de brutalité effective, Human Erase semble en effet la bande-son idéale à cette apocalypse qui nous tend les bras chaque année de plus en plus près. Vulgarisé d’un lénifiant Blackened Death que j’ai moi-même employé pour ne pas me creuser la tête, le groupe est pourtant plus qu’une simple tumeur de plus sur le corps de l‘inventivité, et développe des idées très personnelles, noyées dans un torrent de licks, de cassures, d’accélérations en coup de reins, tout en prenant bien soin de se montrer allusif à tous les courants en vogue ces trente dernières années. Et que ce soit en broyant les os de CARCASS dans le pressoir d’AT THE GATES (« Heart Of Darkness »), ou en jouant le Thrash/Death/Black progressif, évolutif et ambitieux (« Human Erase », épilogue dantesque qui pousse tous les excès à leur paroxysme), COFFIN RITES reste crédible, individualiste mais reconnaissant du travail accompli par ses aînés, et asymptomatique sur la scène nostalgique actuelle.
Un recyclage plus que pertinent, pour un album en forme de gros grain se transformant en vague solitaire dévastatrice en pleine mer. Tout en évitant le naufrage de la citation trop évidente, et les récifs old-school les moins visibles.
Titres de l’album:
01. Buried In Blood
02. Cryogenic Awakening
03. Killing Time And Space
04. Heart Of Darkness
05. The Night Speaks
06. Mask Of Sanity
07. Last Nail In The Coffin
08. Season Of The Bone Harvest
09. Beginning Of The End
10. Human Erase
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