Aujourd’hui, nous, peuple français, allons-nous rendre dans les isoloirs pour voter. Nous allons choisir entre plusieurs listes pour les européennes, tout en sachant pertinemment que notre choix risque de (plus ou moins) grandement influer sur la politique communautaire des années à venir. Dès lors, plusieurs options s’offrent à nous. L’impasse d’un choix politique dit « traditionnel », avec une option prise envers les partis historiques et ceux déjà en place, ou la rupture, avec une confiance accordée aux problèmes environnementaux pour les plus concernés, ou une envie biaisée de se laisser séduire par l’obscurantisme et l’isolationnisme avec les extrêmes. Tout ceci relève d’une prise de conscience globale, mais même avec ces informations en tête, l’issue du problème semble inamovible. Car même avec la meilleure volonté du monde, comment ne pas se dire que le vrai pouvoir est et sera toujours aux mains de consortiums, des grands groupes agro-alimentaires, pharmaceutiques, pétroliers et financiers, des lobbies, qui n’ont jamais eu d’autre dessein que de s’enrichir un peu plus au détriment d’une planète agonisante dont ils auront la chance de ne pas connaître la fin. Mais quel monde souhaitons-nous léguer à nos petits-enfants et arrières petits enfants ? Cette question, et tant d’autres ne peuvent plus être éludées par un temps qui passe finalement plus vite qu’on aurait pu le penser, nous rapprochant sans cesse d’une issue apocalyptique, telle que les films d’anticipation des années 70 nous décrivaient à grand renfort de dramaturgie et d’absence d’utopie. La dystopie est donc aujourd’hui devenu la norme, et qui d’autre que les artistes pour nous dessiner les contours d’un futur qui ne sera que sècheresse, pauvreté, famine, catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes…
C’est un point de vue adopté par tous ceux se sentant concernés, à commencer par les groupes de Thrash, de Hardcore qui depuis les années 80 nous mettent en garde. Au départ, l’intention était de pointer du doigt les dangers du nucléaire, la bête noire de l’époque. Aujourd’hui, il n’est plus qu’une seule menace, mais de nombreuses. Pollution des nappes phréatiques, fonte des glaces, extinction des espèces, surconsommation, déforestation galopante, j’en passe, et des plus effrayants. Ceci, les américains de DEATH ANGEL l’ont bien compris, eux qui depuis The Ultra Violence n’ont eu de cesse de pointer du doigt notre irresponsabilité sur fond de Thrash nuancé, violent mais créatif, comme pour mieux séduire avant de terroriser. En 2010, le groupe a même entamé un travail de longue haleine, construisant une trilogie de l’horreur naturelle que seul The Evil Divide est venu interrompre de ses thèmes. Mais il était temps pour eux d’offrir une conclusion inéluctable à ce travail conceptuel sur la durée avec le seul album qui pouvait offrir un point final à cette introspection de l’égoïsme humain. Et Humanicide de présenter ses arguments sans détour, mais en nuançant son propos musical comme d’ordinaire, en confrontant la brutalité musicale à la préciosité artistique sans perdre un pouce de terrain d’efficacité. Aux commandes de ce nouveau chapitre de la saga humaniste, l’inamovible Rob Cavestany, responsable des compositions, et qui avec ce neuvième LP semble avoir voulu offrir à ses fans une synthèse parfaite de l’histoire de son groupe, sans omettre aucune période. Et si les errances psychédéliques de Frolic Through The Park semblent avoir été laissées de côté, le reste est bien là, accentué d’une crainte palpable d’une fin annoncée et inévitable. Car DEATH ANGEL a toujours été le trublion de cette caste d’artistes à même de transcender leur genre pour le rendre perméable à des influences extérieures. Un trublion capable de se laisser aller au Jazz light, au progressif tangible, au psychédélisme appuyé, pour mieux s’extirper de la masse des ensembles si prévisibles qu’on pouvait deviner à l’avance de quoi leur œuvre serait faite. Et si The Evil Divide fut pour de nombreuses rédactions mondiales la valeur sûre incontestable de l’année 2016, il y a de grandes chances que Humanicide connaisse le même destin fait de louanges et d’admiration sincère.
Pourtant, rien n’a foncièrement changé dans le paysage auditif du quintette. Avec un line-up stable depuis 2009 et l’arrivée de Damien Sisson à la basse et Will Carroll à la batterie, Rob, Mark et Ted peuvent désormais s’appuyer sur des rangs serrés, et c’est sans aucun doute ce qui a poussé Rob à tricoter les riffs les plus solides de sa longue carrière. Lui qui dès 1982 et ses quatorze ans à peine fêtés a monté l’un des groupes les plus étonnants d’un style qui ne supportait pourtant que très peu la fantaisie, accepte encore à cinquante-et-un an de se replonger dans sa jeunesse pour en ramener les souvenirs les plus pertinents. Aidé en sa tâche naturelle par la production impeccable de Jason Suecof, qui a encore suffisamment de recul pour laisser la basse proéminente comme à la grande époque des OVERKILL et ANTHRAX, Rob a donc lâché la meute, et ses riffs les plus biscornus, les plus créatifs, les plus sombres, mais aussi les plus efficaces. Et l’homme est à ce point inconsciemment conscient de son talent qu’il s’est permis de petites choses plus simples dans la grandiloquence ambiante, acceptant que le Metal le plus torride avait parfois besoin de radicalisme et de franchise pour susciter l’adhésion. C’est ainsi qu’un morceau totalement Speed et Power à la MOTORHEAD/TANK/DESTRUCTION a pu s’incruster dans les débats, et « I Came for Blood » de provoquer un sévère headbanging alors même que le reste de la setlist, aussi solide soit-elle, n’est que nuance, modulations, et intelligence de propos. On le sent dès l’ouverture phénoménale de « Humanicide », à peu près aussi létale que le séminal « Thrashers » il y a plus de quarante ans, et que Mark et Rob trépignent d’interpréter sur scène. Longue intro qui place les pions, et soudaine accélération en staccatos qui lacèrent les espoirs déçus, comme les crocs de molosses post-apocalyptiques déchirant les chairs de leurs victimes.
A ce titre, l’entame de l’album et sa première moitié sont un petit miracle en soi. Rythmique au rendement maximal, guitare volubile qui jubile, et un Mark Osegueda en pleine possession de ses moyens, entre sarcasme lucide et harangue brutale, qui prouve encore une fois quel grand interprète il est. « Divine Defector » accélère le tempo et se rapproche du meilleur BELIEVER, alors que « Agressor » joue un peu plus l’approche amère, et nous ramène aux premières heures de l’histoire du groupe. Pour les plus timorés et ceux effrayés par un brin de douceur, l’ambitieux « Immortal Behated » sera le point de décrochage, avec son acoustique subtile et son piano incongru. « The Pack », plus direct et prosaïque que tout ce que le quintet a produit avant pourra aussi incarner le degré zéro de créativité d’un groupe tourné vers ses fans, avec tous les clichés gluants que ses chœurs collégiaux imposent. Mais « Ghost of Me » rassurera ces exigeants, qui ont raison de l’être, mais qui occultent de leur pointillisme les aspects les plus variés d’un disque qui fera date dans le parcours des DEATH ANGEL. Le travail de composition et de mise en place de Cavestany, presque immaculé, nous remet en mémoire ce fait troublant. Pourquoi DEATH ANGEL n’est-il jamais devenu ce leader qu’il aurait toujours dû être ? Pourquoi d’autres, à la créativité et au culot moindres ont-ils accédé au firmament alors que leurs chansons prônaient un formalisme décevant et un conformisme déplacé ? Autant de questions auxquelles Humanicide ne répondra pas, pas plus qu’il ne trouvera de solutions pour éviter à notre planète de nous détruire pour de bon. Mais s’il devait représenter la bande son d’une extinction programmée, nous pourrions partir avec le sourire aux lèvres. Car il incarne avec panache cette Ultra Violence intelligente et sournoise que le groupe avait anticipée il y a déjà fort longtemps…
Titres de l’album :
01. Humanicide
02. Divine Defector
03. Aggressor
04. I Came for Blood
05. Immortal Behated
06. Alive and Screaming
07. The Pack
08. Ghost of Me
09. Revelation Song
10. On Rats and Men
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21/11/2024, 08:46
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