Lorsqu’on joue du Death à tendance Black depuis l’orée des années 90, les options se resserrent et les possibilités sont réduites. Continuer jusqu’au bout du bout de l’inspiration, quitte à toujours jouer la même chose, en puisant dans sa foi les ressources nécessaires pour avancer coûte que coûte, changer légèrement ou complètement de style histoire de s’aérer un peu la tête, ou jeter l’éponge. La pratique d’un genre extrême doit en effet s’accompagner d’une bonne dose d’abnégation pour supporter le quotidien et la difficulté de propager son art au-delà de l’underground, et nombreux sont les combos préférant stopper net leur carrière pour ne pas être complètement usés avant…la retraite. Non, le Death, le Black ne sont pas des genres qu’on peut embrasser en demi-mesure, il faut s’y jeter à corps perdu pour continuer à se montrer convaincant, et les difficultés rencontrées pour tourner dans de bonnes conditions et trouver des deals potables n’est pas chose facile…C’est ainsi que les légendaires australiens de VAHRZAW ont choisi de mettre un terme à leur aventure, qui ma foi ressemble plus à une épopée qu’à un simple parcours de groupe brutal de chez brutal. C’est donc avec un minimum d’émotion que nous accueillons cette nouvelle, émotion amplifiée par la publication de leur dernier longue-durée, ce Husk qui sera donc leur testament à eux. Testament qui n’a rien de bien surprenant, puisqu’il n’incarne qu’un épilogue logique à une multitude de chapitres, dont certains écrits sous un nom différent.
Fondé en 1992, le trio s’est d’abord baptisé NECROMANCY (1992/1994), puis MIDGARD ou UTGARD-LOKI (1994), avant d’opter la même année pour le nom de DEATHCULT, et finalement, choisir définitivement celui de VAHRZAW entre 1995 et 1998. Durant cette période, le groupe gravera pour la postérité deux démos et un simple, avant de déposer les armes pour respecter un hiatus de sept ans, et revenir plus décidé que jamais afin d’entamer une dernière partie de carrière. Beaucoup plus inspirés, les australiens en profiteront pour enregistrer une poignée de splits et EP’s, avant d’enfin oser le LP définitif, via Defiant en 2009, et surtout Twin Suns & Wolves' Tongues en 2014. On aura noté à l’époque une montée en puissance de la technique au service de la brutalité, avant que quatre années supplémentaires de silence ne viennent sanctionner leur percée, qui aujourd’hui entrevoit le bout du tunnel. Cette sortie de route inopinée, mais certainement murement réfléchie se concrétise donc autour des huit morceaux de ce Husk qui ne vient en aucun cas contredire leurs postulats précédents, eux qui se revendiquent d’un Death brutal à tendance Black, fortement empreint de vitesse, de cruauté mélodique, et d’animosité instrumentale, se posant comme le prolongement logique de leurs œuvres précédentes. Et après vingt-cinq ans d’une longue route passée sur celles de l’ultraviolence musicale, autant dire que le trio (Scott Williams - guitare/basse, George Van Doorn - chant, les deux membres originels, et Brandon Gawith - batterie depuis 2012) a mis le paquet pour nous laisser sur une note inoubliable. Husk se présente en effet comme la déclaration de guerre la plus radicale qui soit intentée au Metal tiède, et se propose de relire les commandements d’un Death sombre et ultra chaotique, rappelant parfois les exactions les plus féroces de MORBID ANGEL, se rapprochant même du dernier LP en date de la bande de Trey. On y retrouve ces rythmiques sans pitié, ce chant gravissime qui vocifère ses injonctions d’un timbre rauque et hystérique, et surtout, cette multitude de riffs lâchés comme à la parade mortuaire, pour une symphonie de l’outrance qui ne supporte ni la modération, ni la pseudo implication de pleutres se réfugiant derrière des effets de manche en studio pour convaincre.
Distribué une fois encore par les suédois de Blood Harvest, ce troisième album est un peu l’apogée d’une histoire ancienne, et ose la perfection dans l’exubérance, en accumulant les morceaux de bravoure et autres majeurs tendus à la face du destin. Difficile de ne pas voir en cette ultime réalisation une recherche de perfection dans la vilénie instrumentale, tant chaque piste déborde de haine contagieuse apte à transformer en créature sanguinaire n’importe quel quidam égaré y posant ses oreilles par erreur. On y retrouve aussi l’obsession des musiciens australiens pour le BM des débuts, eux qui admettent volontiers admirer des groupes comme BURZUM, DARKTHRONE, ENSLAVED, ULVER, MAYHEM et DISSECTION, sans pour autant trahir leur amour d’un Death fortement connoté des références US les moins complaisantes du genre. Cette configuration en trio restera donc la dernière incarnation d’un combo qui n’a jamais accepté la moindre concession, et qui a toujours traité le Metal de la mort comme un complément logique du Black Metal le plus implacable, sans pour autant y sombrer corps et âme. Cette philosophie de connivence trouve même son illustration la plus fatale dans la longue suite progressive « The Epitaph of Garmonbozia (Parts I & II) », qui ose des guitares acoustiques et des breaks atmosphériques purement Heavy pour prouver ses dires, mais surtout démontrer que le trio avait encore beaucoup de choses pertinentes à dire, et pas mal de musique fascinante sous le coude. On trouve d’autant plus dommage que ce point final ne soit pas en pointillés, nous laissant espérer un revirement de situation impromptu permettant aux VAHRZAW de continuer leur aventure encore quelques années. D’un classicisme pas si formel qu’il n’en a l’air, ce troisième longue-durée est une épiphanie de violence explosant avec beaucoup d’intelligence, et élaborée par des musiciens talentueux, qui jouent l’extrême avec beaucoup de flair et d’investissement, à cent lieues des lieux communs et des figures imposées du genre qu’on nous recycle dans l’underground depuis les années 2000. Dommage qu’il symbolise une impasse, mais tant mieux puisqu’il assume ses travers pour aller jusqu’au bout, et démontrer qu’avec suffisamment de rage et d’inventivité, un combo peut encore repousser les limites d’un cadre que l’on pensait étiré au maximum.
Maximum, ou maximus, c’est un peu le mot qui définit le mieux cet ultime projet, qui de « The Traveler » à « Husk » se plaît à synthétiser l’approche cruelle d’un SUFFOCATION et l’ambition d’un MORBID ANGEL enfin débarrassé de ses travers les plus notables, déformant le tout au travers du prisme nihiliste d’un MARDUK. De la violence à l’état brut poli à l’extrême pour briller dans le noir, et constamment nous agresser de sa beauté fatale dans la barbarie, à l’instar de ce terrifiant d’efficacité « House of the Red & White Lions », qui dame le pion à bien d’autres formations, incapables d’atteindre un tel niveau d’intensité. Et en abordant le final « Husk », les regrets n’en sont que d’autant plus grands, tant on réalise à quel degré de finition les VAHRZAW ont été capables de porter leur musique, aussi implacable qu’une ruée dans les brancards de DISSECTION, et aussi tétanisante qu’un jet de bile des serbes de PAIMONIA. Presque progressive dans l’esprit, leur optique parvient à se montrer aussi intelligible que concentrique, et c’est avec des regrets certains que nous accueillons la nouvelle de leur split. Mais ainsi vont la vie et la mort, et mieux vaut partir la tête haute que faire perdurer la magie artificiellement avant de disparaître dans l’indifférence générale. De la noblesse dans l’abandon, mais surtout, une dernière déclaration d‘intention, qui restera dans les mémoires et qui incarnera l’épitaphe la plus adaptée possible.
Titres de l'album:
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