Je vous le rappelle une nouvelle fois, les groupes de Hardcore à chanteuse, c’est ma came. Plus encore. Les groupes de Crust, Darkcore, ou D-beat à chanteuse, c’est mon Walhalla à moi. Mon paradis guerrier, là où je peux admirer ces combattantes de l’extrême livrer bataille contre la médiocrité ambiante à grand renfort de hurlements stridents ou caverneux, le regard brillant et le geste précis.
Alors, lorsque je tombe sur une nouvelle livraison de Core à chant féminin, je me sens plein d’entrain. Tout comme ces musiciens que j’ai croisés cet après-midi, et qui m’ont séduit de leur Hardcore vraiment sombre, qu’ils se plaisent à situer dans un créneau Emocrust, mais que je place tout à fait librement dans la catégorie assez large du Crustcore à tendance Dark.
Car oui, parfois, j’aime les étiquettes un peu free.
Mais soyons plus clair.
Les HYENA nous en viennent donc de Madrid, Espagne, et se placent dans la directe continuité de la nouvelle génération de combos Crust ibères, qui dégagent une énergie noire assez irrésistible.
Formés par des membres d’URA, WILD ANIMALS, ENOCH ARDON, EQUILIBRIO ou ORCHIS SIMIA, on les sait volontiers rodés à l’exercice des rythmiques en chien de fusil et des riffs débridés et débraillés. Mais une fois ingurgité leur premier EP/LP, on comprend que leur association impromptue est tout sauf un caprice, mais plutôt une urgence qu’il convient de traiter comme telle.
Et sous cet aspect-là, Hyena est un pur concentré de colère et de ressentiment, décidément très à son malaise dans son époque.
A l’image de la scène de l’est, le mouvement Hardcore/Darkcore ibère est d’une violence rare et sourde, un peu comme si son rejet de la société et de la bienséance musicale se faisait l’écho des années Franco. Cru et direct, ce Crust l’est sans conteste, mais il possède en trame sous-jacente un traitement de filigrane de la mélodie très particulier, ce qui permet sans doute de le rattacher au courant Emo, sans vraiment tomber dans la niaiserie à mèche de corbeau et air blasé.
Et les HYENA savent manipuler ces harmonies amères comme personne, sans perdre de leur impact instrumental, qui parfois tend à verser dans un Chaotic Core gardé sous contrôle, comme le démontre un morceau aussi démoniaque que « Avanzamos Juntxs ». Une batterie qui se permet quelques exercices d’équilibre soutenus par une basse très plaquée, pendant que les guitares tissent une toile épaisse, qu’un chant absolument déroutant de véhémence vient renforcer histoire de bien engluer ses proies.
Mais les madrilènes savent aussi se montrer sous un jour Rock assez séduisant, quoique toujours aussi abrasif sur la conclusion « Algo Que Cambiar », qui semble en effet exhorter la population à se bouger le cul pour apporter le changement dans les mentalités et les actes.
Mais dès l’entame ambivalente de « Aquellos Momentos », le ton est donné, et l’ambiance plombée. En choisissant de débuter son premier effort par un titre à la lourdeur suffocante prononcée, les espagnols se décalent d’eux-mêmes, et choisissent de nous aiguiller sur une fausse voie de Hardcore lourd et moite, avant de tout envoyer valdinguer au bout d’une minute et quelques secondes d’une bourrasque Crust violente et soudaine. Nous voilà donc en plein dans le bain d’acide, pour une cavalcade étourdissante, mais qui sait conserver ses accents les plus ténébreux, histoire de ne pas devenir trop joyeux.
« El Silencio » n’en offre justement pas beaucoup, et opte dès ses premières mesures pour un D-beat affolé qui n’a rien à envier à la scène scandinave ni à ses représentants les plus caractéristiquement déviants. Le chant de Victoria, très rauque et époumoné épouse justement les contours des guitares de Gonzalo et Dani, qui se contentent de la jouer efficace et simple en union, tandis que la rythmique en osmose de Fon et Raul bastonne sans trop se poser de questions, d’une frappe de cordes et de peau puissante et cassante.
« My Worst Enemy » suit la même ligne de conduite, en offrant toutefois quelques variations de vitesse et quelques circonvolutions de basse assez intéressantes. Un break concentré permet non de reprendre son souffle, mais de se demander à quelle sauce immédiate on va être bouffé, alors même que quelques notes de guitare acide sont distillées sur fond d’apoplexie vocale. Fin progressive en crescendo, qui se laisse plomber par un downtempo résigné, puis passage à « Guerras », qui joue les contretemps histoire de modifier les pas de la valse enragée.
On pense à FISSURE, mais aussi à pas mal d’autres références, sans que HYENA n’en perde son identité, et lorsque le Crust revient au galop, on n’a guère le temps de se poser trop de questions.
« Ahi Estaré » débute sur une grosse basse distordue qui chaloupe sur une caisse claire effleurée, alors que les guitares s’immiscent doucement dans le ballet, pour une fois de plus laisser les bas instincts Crust parler, et nous en coller une bonne dans le beignet.
Intelligence, variations de ton, nuances de brutalité, tout est en place et on sent que les musiciens en ont dans le paletot, et qu’ils ne traînent pas leurs basques dans le Hardcore pour faire tendance.
Encore une très jolie preuve de la vitalité de la scène madrilène qui se place depuis quelques années à la même hauteur que celles de Boston, Stockholm ou Londres. Les HYENA, sans non plus chercher l’originalité à tout prix, jouent crânement leurs cartes, et abattent leur flush royal/Crust sur la table en faisant résonner leur poings serrés.
Une belle façon de démontrer que le Crust a encore de beaux jours de révolte devant lui, et que le Crossover sombre peut se révéler aussi pertinent qu’un simple Punk Hardcore, tout en étant aussi crédible.
J’imagine d’ici les hyènes se marrer en écoutant ce quintette brailler. M’est d’avis qu’avec un casque sur les oreilles, et ces sept titres en bande-son, elles feraient moins les malignes…
Titres de l'album:
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