Sascha « Käpt’n K » Konietzko peut être fier de lui. Un parcours incroyable, cinq décennies traversées pour pas moins de vingt-deux albums studio dans la besace, une crédibilité jamais remise en doute, et toujours un angle trouvé pour dévier de la précédente trajectoire. Hyëna et sa pochette traditionnelle bat donc le rappel des troupes en 2022, des troupes de fans entièrement dévoués à leur maître, roi du beat lourd, du riff sourd et de l’ambiance de dancefloor quelque part en Allemagne.
Ayant connu le groupe via le monstrueux et classique Naïve en 1990, je ne fais évidemment pas parti des fidèles de la première heure, mais je me considère comme un vieux de la vieille qui n’a jamais lâché le groupe depuis quarante ans. Alors, évidemment, chroniquer Hyëna est un vrai plaisir pur moi, mais aussi une tâche plus ardue qu’il n’y parait : étant assez subjectif envers KMFDM, il me convient d’éviter l’écueil de l’admiration aveugle pour juger objectivement de la qualité du travail présenté. Mais même en faisant preuve d’extrême mauvaise foi, personne ne pourra m’accuser de partialité en lisant cette chronique méchamment positive : ce vingt-deuxième album est tout bonnement excellent, varié dans ses intonations, mais tout à fait à sa place dans la discographie du monstre de discothèque allemand.
KMFDM, outre Sascha et l’indéboulonnable complice (et aussi coproductrice) Lucia Cifarelli, peut compter sur l’inestimable apport d’Andee Blacksugar et d’Andy Selway, pour mettre en forme ses dance-songs de l’enfer, toujours drivées par une guitare Rock n’Metal, volubile parfois en solo, mais toujours sobre et Tanz Metal en rythmique. KMFDM se rapproche d’ailleurs parfois d’un OOMPH!, notamment sur l’infernal et sautillant « Hyëna », hymne tronçonné de l’album, alors même qu’OOMPH! a régulièrement péché ses idées dans le sac à malice de Sascha.
Rien de bien neuf pour une recette qui tourne rond mais pas en rond depuis des années. En ligne de mire, cette diversité qui a fait des derniers albums de la bande des incontournables de la scène EBM/Indus/Electro, ce passage d’un beat martelé à un dub coulé, pour mieux faire transpirer les corps et les âmes. Ainsi, « Rock ‘N’ Roll Monster », comptine Rock de fin de soirée surprend au départ de l’album, mais donne déjà envie de se jeter sur la piste pour détendre ses muscles et affirmer ses positions. Entre Ragga global, attaques Electro sans ecsta, Fusion Metal/Indus proportionnée au millimètre, Hyëna est une hyène au sourire à s’en décrocher les mâchoires, qui attend patiemment de pouvoir se jeter sur cette charogne qui lui fait de l’œil.
L’hyène ayant un caractère assez complexe, son alter ego musical se devait de jouer la pluralité et l’ouverture. Mais ces deux qualités faisant partie depuis longtemps de l’ADN du groupe, il n’était pas difficile de les mettre en pratique, sans se contenter de relever les compteurs d’In Dub ou Paradise.
Du dur, du cool, du nonchalant, du facile, toutes les anciennes pistes sont foulées, et le résultat est encore une fois à la hauteur des attentes. On apprécie le vice dégoulinant de la bouche de Lucia Cifarelli sur le tourbillonnant « Black Hole », hymne qui va tout déchirer en live, mais aussi la rudesse incroyable et très PRODIGY de « All Wrong – But Alright ». Ce vingt-deuxième album nous permet de constater que l’influence de KMFDM tout au long de ces années a été incroyablement large et importante, et quasiment les trois-quarts de la scène Electro/Indus/EBM doit lui payer son tribu.
Il est troublant de constater que le groupe sonne encore plus jeune que pendant sa jeunesse en découvrant les onze pistes de ce nouveau chapitre. Devenant adulte très tôt, KMFDM se lâche aujourd’hui sur un pamphlet Hardcore Punk (« Blindface »), se bidonne comme une baleine sur l’Ambient « Déjà Vu », avant de se la jouer cabaret militaire sur le gourmand « Deluded Desperate Dangerous & Dumb », galerie des glaces en mode grotesque qui révèle tous les visages du groupe depuis les années 80.
Je parlais de subjectivité en amont, mais elle n’est finalement pas indispensable. Car tout le monde s’accordera à souligner la réussite d’un album encore aussi ouvert, riche, et aménagé comme la playlist d’un DJ refusant de passer deux fois le même morceau pour faire plaisir à la foule.
Alors bien sûr, si Hyëna respecte les standards de qualité, il ne propose rien de neuf. Mais il recycle avec beaucoup de panache, et nous sert même de futurs hits diaboliques (« Liquor Fish & Cigarettes », l’un des rares morceaux à clairement loucher sur le passé). KMFDM reste donc dans la course, et nous achève sournoisement d’un dansant et ensoleillé « In Dub We Trust », manifeste Ragga comme on en entend rarement sur ce type d’album.
KMFDM, marque de fabrique, appellation contrôlée, qualité déposée, pour un album qui danse de sa propre joie et qui contamine les esprits comme un virus dance. De quoi se faire plaisir dans une époque gangrénée par les soucis, et oublier pendant quarante minutes que la situation est déjà hors de contrôle et que la fin est terriblement proche.
Alors, on danse ?
Titres de l’album :
01. All 4 1
02. Rock ‘N’ Roll Monster
03. Black Hole
04. Hyëna
05. All Wrong – But Alright
06. Blindface
07. Déjà Vu
08. Deluded Desperate Dangerous & Dumb
09. Immortally Yours
10. Liquor Fish & Cigarettes
11. In Dub We Trust
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