Hypercube Necrodimensions

Wizardthrone

16/07/2021

Napalm Records

Je ne vais pas le cacher, dès le départ je me suis méfié du truc. Pensez donc, un side-project mis sur pied par un des membres d’ALESTORM, il y avait largement de quoi chercher la fameuse anguille cachée sous la roche. Mais accordons le bénéfice du doute à ce cher claviériste et acceptons le fait qu’il puisse avoir des gouts différents de ceux qu’il exprime avec emphase dans son groupe légitime. Ici en l’occurrence, le Power Metal joyeux et guilleret à travestir RUNNING WILD en historien académique chiant comme la pluie n’est pas vraiment à l’ordre du jour, même si l’on en trouve des traces patentes au détour de l’inspiration. Non, WIZARDTHRONE se situerait plus dans un créneau de Metal extrême plus générique, picorant à droite à gauche son inspiration pour parvenir à inventer un style qu’on aimerait croire inédit : le Power Symphonic Melodic Death Metal. Oui, j’en suis conscient, l’appellation fait rire comme à la grande époque des catalogues de VPC Metal des années 90/2000, mais elle est pourtant bien réelle, et argumentée en huit morceaux, tous plus inégaux en durée et en qualité les uns que les autres. 

Mais replaçons les choses dans leur contexte. Au départ de cette aventure, deux hommes. Christopher Bowes, membre d’ALESTORM et GLORYHAMMER, le géniteur du projet, qui s’associe à Mike Barber (guitare/chant), membre de DEATHCODE SOCIETY et FEVER SEA. Le premier parle du concept au second, le second compose, envoie le résultat au premier, qui greffe ses textes dessus. L’aventure est lancée dans la stratosphère de l’underground, le bébé arrive à maturation, les deux larrons s’entourent de complices dignes (Matthew Bell, guitare et membre d’AUTUMN’S DAWN, FORLORN CITADEL, TROLDHAUGEN, Vincent Jackson Jones, basse et chant, ÆTHER REALM, Eric W. Brown, batterie, SWASHBUCKLE, etc…), placent le projet sous l’égide des multivers et d’une quête de la vérité, et emballent le tout dans une superbe pochette. Le deal avec Massacre Records est signé, et le reste appartient désormais à l’histoire du futur, ou du présent selon le point de vue sous lequel vous vous placez. 

Evidemment, pour en rajouter niveau décorum, les cinq membres s’affublent de pseudos et de titres ronflants (V. Morbistopheles Jones - Living Vessel for the Entombed Demigod, M. Archistrategos Barber - Keeper of the 17th Enochian Gate, M. Xaviculus Bell - Disciple of the 2-Planar Homerian Adjunct, C. Hyperiax Bowes - Arbiter of Electrodynamic K-Tensor Divinations, E. Wizardthrone Brown - Prognosticator of Transdimensional Cybernetic Subterfuge, à vous de savoir qui est qui, mais The Metal Archives vous aidera bande de feignants), créent une histoire de toute pièce, et roule le Metal extrême, au point d’écraser au passage tous les combos officiels des membres incriminés.  

Il est probable que lorsque les gens entendent parler de WIZARDTHRONE, ils imaginent une sorte de sorcier ou un type qui fait de la magie, mais ce n’est pas ce que nous voulions. Nous avons changé un peu le sens de l’expression, il s’agit simplement de quelqu’un qui est à la recherche de la connaissance, dans d’autres dimensions ou même des milliers d’années dans le passé ou le futur, peu importe où et quand. 

Ces sorciers sont des sortes de formes de vie qui sont poussés par la recherche de connaissances anciennes et perdues pour finalement essayer de se transformer en un être supérieur. Il y a beaucoup d’influences dans les paroles, certaines proviennent de SyFy, de romans, de films, de jeux vidéo, d’autres de la physique et des mathématiques. Chris a étudié les mathématiques et les sciences, donc vous pouvez trouver quelques références à des expériences sur les drogues hallucinogènes. Toutes sortes d’influences, vraiment, et ça s’est mis en place de cette manière, naturellement.

Avec ça, vogue la galère dans le cyber espace, et au vu du pedigree des deux créateurs du projet, il était inutile de s’attendre à une ballade intimiste dans les couloirs de l’histoire ou de la fiction. Si ce cher Christopher Bowes prend ses distances avec la niaiserie habituelle confondante d’ALESTORM, il n’en garde pas moins quelques tics symptomatiques au niveau des claviers et des textes, mais heureusement pour nous, la musique composée par Mike Barber est un poil plus sérieuse que les chansons à boire pour pirates autoproclamés qui abordent les yachts avec un optimiste flanqué d’une tête de mort.

Artistiquement parlant, WIZARDTHRONE a des arguments, déjà abondamment dévoilés lors de trois singles sortis en amont. En admettant que l’album ne compte que huit entrées, vous avez donc déjà entendu un peu plus d’un tiers de l’album, et surtout, bien pigé sa direction musicale. Un brin de Power Metal, une louche de Death moderne, un peu de Black orchestral, et en percutant la comète DIMMU BORGIR par l’axe rotatif GLORYHAMMER, vous obtenez ce big-bang qui explose comme une création divine fort peu discrète, mais relativement intéressante dans les faits. On peut trouver des éléments gazeux émanant de la planète Devin TOWNSEND, dans ses explosions de croute les plus orchestrales, de l’EMPEROR en mode accessible par tous, et évidemment, un gros morceau de plus de treize minutes en guise de final qui représente la grosse surprise d’un album que l’on connaît déjà plus ou moins.

La distanciation prise par mon laïus n’a pas vocation ironique. Le tout est larger than life, impeccablement produit, s’adressant à une frange du public qui d’ordinaire ne se laisse pas forcément séduire par le Metal extrême, en vulgarisant ses codes les plus fondamentaux. Mais le travail accompli n’a rien d’un brouillon mal recopié ou d’une copie générique à l’intention des metalleux cartoon que l’on voit dans les festivals. Et si les chansons bouillonnent d’inspiration éparse, elles se montrent efficaces, et évitent les gimmicks les plus putassiers à base de refrain de cour d’école et de chœurs de dernière tournée avant la fermeture.

Nous sommes loin des plus grands achèvements du genre, mais le tout s’écoute sans déplaisir, et ne s’éternise pas pour mettre en avant des ambitions qui n’auraient pas lieu d’être. Sitôt écouté, sitôt apprécie mais sitôt oublié, ce premier album de WIZARDTHRONE reste une aventure honnête à défaut d’être passionnante.

 

                                                                                                                                                                                                         

Titres de l’album:

01. Black Hole Quantum Thermodynamics

02. Frozen Winds Of Thyraxia

03. Incantation Of The Red Order

04. Forbidden Equations Deep Within The Epimethean Wasteland

05. The Coalescence Of Nine Stars In The System Once Known As Markarian-231

06. Of Tesseractual Gateways And The Grand Duplicity Of Xhul

07. Hypercube Necrodimensions

08. Beyond The Wizardthrone (Cryptopharmalogical Revelations Of The Riemann Zeta Function)


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par mortne2001 le 10/03/2022 à 18:30
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